vendredi 22 mai 2015

Sauver l'église de la Roque-Baignard


Les églises sont comme les cerveaux. Lorsqu'on ne les ouvre plus assez, elles moisissent.

Il arrive même que la mérule s'y installe et dévore les boiseries. C'est ce qui se produit à l'église de la Roque-Baignard, où la commune lance une campagne de financement participatif pour entreprendre des travaux de traitement contre le champignon et poser une grille qui assurera une ventilation suffisante afin d'éviter sa prolifération.


Dans une lettre de Max Jacob


On trouve au catalogue de la vente de Livres et manuscrits modernes d'Artcurial - Briest-Poulain-F.Tajan, le 22 juin à l'Hôtel Dassault, 7, Rond Point des Champs-Elysées à Paris, un brouillon de lettre de Max Jacob à Jacques Maritain où il est fait allusion à Gide.

Lot 116
Max JACOB
BROUILLONS AUTOGRAPHES D'UNE LETTRE À JACQUES MARITAIN, EN RÉPONSE À SON LIVRE FRONTIÈRES DE LA POÉSIE, PARU EN 1935.

4 p. in-4 encre bleue, signé Max Jacob. Chez madame Moré, à Boussy Saint Antoine par Brunoy, S. et O. Vers 1936. Joint une
enveloppe avec nombreuses notes sur le verso, un profil d'homme dessiné.

Premiers jet, nombreuses corrections, biffures, ratures, renvois.

Max Jacob et Jacques Maritain ont vécu une amitié sincère, et ils ont partagé une admiration réciproque : Maritain reconnaissant en Max Jacob un génie poétique, Max Jacob venant chercher auprès de Maritain des paroles de sagesse et de foi.
Ils sont entrés en relation à partir de 1924, à l'initiative du poète qui envoie au philosophe un exemplaire de son ouvrage L'Homme de chair et l'Homme Reflet avec la dédicace suivante : "À Jacques Maritain, avec l'assurance que le maître verra ce qu'il y a peut-être de nouveauté aux méthodes psychologiques de l'auteur, avec un profond respect et une profonde sympathie en Dieu." On y lit l'admiration de Max Jacob pour la recherche philosophique et spirituelle de Jacques Maritain. Mais, à cette époque, l'auteur du Cornet à dés est déjà chrétien, et il n'appartient donc pas à ce groupe informel d'artistes en quête de conversion. C'est autre chose qu'il vient chercher auprès de Maritain. Il veut trouver une parole libératrice, une réponse à ses angoisses. En effet, le poète est un être profondément tourmenté, hanté par l'enfer et le péché, affligé d'un profond sentiment de culpabilité. Il vit son homosexualité, à l'inverse de Jean Cocteau, comme une atteinte à l'amour chrétien. Il loue chez Jacques et Raïssa Maritain l'ouverture aux êtres et la fidélité aux idéaux.
Dans ce brouillon, tourmenté, chahuté, un canevas presque ! Max Jacob est très admirateur et respectueux, il donne du maître, ce qui n'est pas commun chez lui. Il est même remarquable que lui Max Jacob, ayant connu Apollinaire, Le douanier Rousseau, Picasso, Modigliani et tout ce qui compte de l'intelligentsia de la première moitié du XXe siècle s'adresse à Maritain avec tant de déférence. Dans le même temps il répond à la lecture de son livre Frontière de la Poésie. Lui le poète, l'auteur de l'Art Poétique, ouvrage maintes fois cités par Jacques Maritain, lui répond donc sur la pureté poétique et sur la morale du "Tout pour la tripe" de Rabelais. Il y a la certes un grand écart qui nous amène à Hugo, à Rimbaud, à Raymond Roussel. Il se défend donc de son écriture de sa pensée qu'il veut simple, humaine peut être y voit il un rapprochement avec le monde, le terre à terre de Rabelais.
Bien sûr je ne puis pas répondre à votre Frontières de la Poésie qui dépasse ma force de compréhension. Mais j'y peux tout au plus accrocher des opinions (ce qui est d'un mauvais lecteur, mais d'un lecteur pourtant.) Je me promets des exercices dans la solitude du monastère reconstruit de St Benoît sur Loire et que je compte regagner. Ce récent passé que vous analysez magistralement, profondément, votre livre me servira à le méditer avant la mort, si dieu veut bien que je fasse de sérieuses méditations sur moi-même et sur mes compagnons de routes (1900 - 1936). Plusieurs ont trouvé en votre pensée leur véritable confesseur. Puis je en travaillant encore quelques années à St Benoît, trouver dans votre livre le guide tant cherché toute ma vie de la vraie poésie qui plairait à Dieu. Hélas que n'écrivez vous aussi pour les gens simples comme moi un livre de Sociologie esthétique chrétienne qu'on puisse propager ainsi que l'Abbé Morel compte le faire avec vous en choisissant nos moins mauvais vers chrétiens.
"La pureté poétique est une pureté minérale, la pureté est une vertu humaine" dites -vous. Des enfants inconscients, le Picasso de 1905 et qui ne savaient lier leur esprit abstrait avec leurs émotions ont pris la sécheresse païenne pour de la pureté. D'autres, dupes des mots, ont pris pour de la pureté l'exclusivisme couleur du siècle. Les chemins de Damas de Gide vont du style dépouillé janséniste au Robespierrisme des collectivistes : Gide est un précurseur d'André Breton, lequel est encore plus "pur" puisqu'il ignore les carrefours et l'hédonisme Wildiens. [J'y vois les rameaux incendiaires d'une forte racine démoniaque : l'orgueil cantonal, l'exclusivisme : notre époque est celle des cloisons, cloisons douanières, cloisons raciales, cloisons militaires, cloisons provinciales. La couleur d'une époque compose avec celle des individus. Heureux ceux qui dans le pointillisme (ont l'œil de Dieu) pour discerner les points de vraie lumière. Je demande à Dieu qu'il me donne assez d'intelligence pour me sauver des malentendus.
[…] Rapprochez la au "tout pour la tripe" de Rabelais qui est une parole géniale, une parole qui sépare le corps de l'âme, qui loge l'œuvre dans le corps ou en laisse les guides à l'esprit. C'est la théorie classique de l'extériorisation avec laquelle on peut séparer les classiques comme Hugo et je crois bien Rimbaud et même Raymond Roussel ce sublime conteur de merveilles, qu'Apollinaire après avoir connu Salmon a lâché l'influence des symbolistes" "Ne voyez dans cette lettre pour laquelle je vous demande votre indulgence que l'hommage d'un pauvre homme à un maître admiré et vénéré pour bien des raisons.

Prière me laisser tranquille


Les 22 et 23 mai, la vente Alde d'éditions originales du XIXème au XXIème siècle, verra passer quelques lots affichant des prix amusants. Moins, cependant, que le télégramme envoyé de Taormine par Gide... Autre curiosité, un envoi à Gide que Louÿs a oublier de biffer.

Lot 157
GIDE (André). Les Nourritures terrestres. Paris, Société du Mercure de France, 1897. In-12, maroquin bleu marine janséniste, filets sur les coupes, doublure de maroquin bleu ciel encadrée d'un filet doré, gardes de moire sable, tranches dorées sur témoins, couverture et dos, chemise et étui assortis (J.-P. Miguet).
Édition originale.
Exemplaire sur hollande non numéroté, second papier tiré à 12 exemplaires selon la justification du tirage. (Selon Naville, il existerait un ou deux exemplaires sur japon sans numéro après les 3 du tirage de tête, mais le bibliographe de Gide n'évoque pas d'exemplaires sur hollande non numérotés).
Envoi autographe signé de l’auteur à Mademoiselle Moreno, dont le nom, ainsi que le mot gracieux dans la formule en gracieux hommage, ont été biffés, par Gide lui-même semble-t-il.
Très bel exemplaire en reliure doublée de Jean-Paul Miguet.
De la bibliothèque Jean et Jérémie Lebrun, avec ex-libris.
Estimation : 3 000 € / 4 000 €

Lot 158
GIDE (André). Les Caves du Vatican. Sotie par l'auteur de Paludes. Paris, Éditions de la Nouvelle Revue Française, 1914. 2 volumes in-8, maroquin bleu, champ entièrement orné d'un décor de cercles concentriques aux petits points dorés parsemés de 36 petites étoiles au palladium, dos lisse, tête dorée, non rogné, couverture et dos, chemises et étuis assortis (Paul Bonet, 1941).
Édition originale.
Elle est ornée en frontispice d'un portrait de l'auteur gravé au vernis mou par Paul-Albert Laurens.
Tirage unique à 550 exemplaires sur papier chandelle d'Arches.
Parfait exemplaire dans une élégante reliure irradiante de Paul Bonet.
Décrite sous le n°487-488 de ses Carnets, elle appartient à une série de quatre reliures habillant chacune une édition originale de Gide.
Des bibliothèques Paul Baudouin et Jean et Jérémie Lebrun, avec ex-libris.
Dos des chemises uniformément passés.
Estimation : 2 000 € / 3 000 € 

Lot 184
LOUŸS (Pierre). Chrysis ou la Cérémonie matinale. Paris, Librairie de l’Art indépendant, 1893. In-8, bradel demi-maroquin vert amande avec coins sertis de filets dorés, dos lisse, tête dorée (Asper, Genève).
Exemplaire d'épreuves de l'édition originale, comportant le cachet de l'Imprimerie Paul Schmidt sur le faux-titre avec l'indication manuscrite : 1re épreuve, le 18 décembre 1893, et quelques corrections typographiques au crayon dans le texte.
Exemplaire offert par l'auteur à André Gide, à qui l'ouvrage est dédié, avec cet envoi autographe : À mon ami André Gide ceci et le reste. PL. La dédicace imprimée en exergue de l'édition est : À mon ami André Gide.
Des bibliothèques Alain de Suzannet (1934, II, n°56) et Jean et Jérémie Lebrun, avec ex-libris.
Teinte de la reliure légèrement passée, restauration au coin du dernier feuillet.
Estimation : 1 200 € / 1 500 €

Lot 354
GIDE (André). Lettre autographe signée. 2 pages in-12.
Lettre relative à un rendez-vous et à Jean Schlumberger.
On joint un télégramme envoyé de Taormine : « Prière me laisser tranquille. André Gide ».
Estimation : 100 € / 150 €




Editions originales du XIXe au XXIe siècle - I
Vendredi 22 mai 2015 - 14h
Salle Rossini - 7, rue Rossini 75009 Paris

Editions originales du XIXe au XXIe siècle - II
Samedi 23 mai - 14h
Seconde partie de la vente uniquement sur internet www.drouotonline.com



mardi 5 mai 2015

Deux lettres de Roger Martin du Gard


Parmi les lots de la vente de Livres et Gravures : Seconde Vacation, du 9 mai prochain par le libraire Ferraton à Bruxelles, signalons deux lettres de Roger Martin du Gard qui évoquent Gide :

Lot 912
MARTIN DU GARD, Roger (1881-1958), Prix Nobel de littérature. Lettre autographe monogrammée à un ami, certainement Richard Heyd, éditeur à Neuchâtel, datée de Nice le 9 nov. 1949, 2 p. 8°, l'avant d'une enveloppe adressée à Richard Heyd datée du 20 avr. 1949 joint. Martin du Gard remercie vivement son correspondant pour l'envoi des vol. du Théâtre d'André Gide (Neuchâtel, Îdes et Calendes).
Il compatit à ses tracas et lui demande des nouvelles. Il parle ensuite de Jacques Copeau et de Gide : La mort de Jacques Copeau nous prive d'une exceptionnelle amitié. Nous avons fait le voyage de Pernaud, pour assister aux obsèques. Les rangs de ma génération s'éclaircissent... À qui le tour ? J'ai revu là-bas bien des visages d'autrefois, que les années n'ont pas épargnés, et qui m'ont durement rappelé que la vieillesse est là, et que notre temps est compté... / Gide est rentré à Paris depuis la fin d'octobre. Il ne pensait y faire qu'un court séjour, mais ses projets d'hivernage étaient vagues. Je redoute pour lui le froid, les tentations et les fatigues de Paris ! Il ne va pas mal, mais il lui faudrait une vie au ralenti, un climat doux, de grandes précautions. Le moindre effort le met sur le flanc, et il est perpétuellement sous la menace d'une nouvelle crise, qui pourrait être mortelle.
Estimation : 75-100€
 
Lot 913
MARTIN DU GARD, Roger (1881-1958), Prix Nobel de littérature. Lettre autographe signée à Maurice, certainement son cousin Maurice Martin du Gard (1896-1970), écrivain, fondateur des Nouvelles littéraires dont il est le directeur de 1922 à 1936, datée de Bellême (Orne) le 22 juill. 1925, 4 p. 8°. Après avoir rappelé durant 2 p. son affection ( Affection est bien le nom du sentiment tenace que j'éprouve quand je pense à vous, et que tout autre vocable, sympathie, estime, amitié, n'étiquerait pas... C'est à votre article que je vais toujours, quand j'ouvre votre journal ...), Roger Martin du Gard parle de Gide : Gide est parti. Pour moi, naturellement, ses 'Faux-Monnayeur' sont le meilleur de ses romans. Mais, contrairement à ce que l'on éprouve d'ordinaire pour les grands auteurs, quand on connait l'homme comme je le connais maintenant, on le préfère encore à ses oeuvres, même les plus solides. Aussi je suis mauvais juge. Il parle ensuite des travaux dans sa propriété de famille où il s'installe, de Mme Boyd, sa traductrice...
Estimation : 75-100€



Vente :
vendredi 8 mai 2015 à 13h
samedi 9 mai 2015 à 13h

Exposition :
samedi 2 mai 2015 de 10h à 19h
du lundi 4 mai 2015 au mercredi 6 mai 2015 de 10h à 19h
jeudi 7 mai 2015 de 10h à 18h
 
Chaussée de Charleroi, 162/8
1060 Bruxelles
Belgique

vendredi 1 mai 2015

Ghéon a son site

https://sites.google.com/site/henrigheonetsesoeuvres/


En même temps que se préparaient les Journées Catherine Gide au Lavandou organisées autour de la toile de Théo Van Rysselberghe Une lecture, naissait un Google site consacré à l'un des personnages de cette toile : Henri Ghéon.

Saluons cette initiative qu'on doit à Catherine Boschian-Campaner, biographe de Ghéon dans un ouvrage paru en 2008 aux Presses de la Renaissance : Henri Ghéon camarade de Gide, biographie d’un homme de désirs

On retrouvera sur ce site un premier article inédit de Catherine Boschian-Campaner sur la genèse de   L’Épreuve de Florence, un lien vers un blog ou encore un portrait de Ghéon, croquis préparatoire de Van Rysselberghe pour Une lecture.

L'adresse de ce site s'ajoute bien sûr à la liste des liens de la colonne de droite : Gide et...

Nouvelles ressources en ligne

Treize nouveaux articles, dix en français et trois en anglais, sont disponibles en lien dans les ressources en ligne du blog.

Il s'agit notamment de plusieurs articles des très actives gidiennes de l'Université de Pitesti, Ariana

Bălașa, Diana Adriana Lefter et Irina Maria Aldea, parus dans la revue Language and Literature – European Landmarks of Identity.

Voilà qui porte à 378 le nombre de textes, articles ou thèses recensés.