jeudi 15 avril 2010

Editions Fata Morgana

On doit aux éditions Fata Morgana la publication de petits textes de Gide comme L'Art bitraire et Le Grincheux longtemps disponibles grâce à la seule curiosité de cette maison d'édition. Les Romans et récits de la Pléiade ont permis de réintégrer ces petits textes dans le courant général de l'œuvre de Gide, avec des notices de David H. Walker.



L'Art bitraire, André Gide,
Fata Morgana, Fontfroide, 1997


Début avril 1947, Gide écrit de Suisse à Dorothy Bussy : « Sur un cahier d'écolier, je me suis amusé à écrire « au courant de la plume », au hasard, une sorte de récit absurde et saugrenu qui, peut-être, paraîtra un chef-d'œuvre de « nons-sense ». Je n'ai pas encore osé le relire. » Il s'agit de L'Art bitraire qui, comme pour mieux souligner son côté saugrenu, sera dans une édition rare de 1950 (« tiré[e] à petit nombre pour la fleur de nos amis vers la fin du monde ») daté du premier avril 1947...
Gide en donne lecture au Vaneau le 2 mai et la Petite Dame se montre pour une fois clémente avec un texte de cette époque. Les 4 et 5 mai, L'Art bitraire paraît dans le journal Combat avec une dédicace à Pierre Herbart. En octobre le texte figure dans une plaquette éditée par Jean-Jacques Pauvert pour Le Palimugre. Mais la dédicace à Herbart a sauté et le jeu de mot avec. Colère de Gide.
C'est que, pour farce qu'il soit, ce petit texte n'est pas en marge des thèmes gidiens comme le souligne bien David Walker. A la fin de sa vie, Gide renoue avec le saugrenu et l'impossible action de Paludes, la satire des Caves ou du Treizième arbre, l'acte gratuit, la découverte du plaisir associé à la destruction, l'inconscient... Pas vraiment un feu d'artifice des thèmes gidiens mais une manière de bouquet final et de pétards mouillés.



Le Grincheux, André Gide,
Fata Morgana, Fontfroide, 1993


Le Grincheux, dont le manuscrit est apparu dans une vente publique, a été publié en 1993 par Claude Martin aux éditions Fata Morgana. Autre court texte entouré de mystères, pour lequel Gide n'avait pas veillé à sa publication posthume et dont on ne trouve aucune trace ni dans la correspondance ni dans le Journal. Claude Martin estime qu'il date du début des années 30. Le Grincheux, si l'on pouvait pousser le jeu de mot jusqu'à l'à-peu-près, c'est L'Art trabilaire.
Etranger chez lui (« Mais où donc a disparu papa ?... Vous voulez le savoir ? Eh bien, papa n'en pouvait plus. Il s'est retiré doucement. Il a été pleurer dans sa chambre. »), étranger dans ses amitiés molles (« Il me plaît que Molle ne vienne pas à ce rendez-vous. Je savais qu'il n'y viendrai pas; et ce n'est pas pour lui que je m'y suis rendu, c'est pour moi-même; c'est à moi que je suis fidèle, non point à lui; et si cette fidélité m'enrhume j'en suis fort aise : ça lui apprendra, à Molle - qui lui n'a plus rien à m'apprendre. »), étranger dans son temps (« Quant à la T.S.F., il ne manquait plus que ça ! Pour entendre mentir chacun, chacun renonce à se comprendre. »), le Grincheux est « un avatar ironique de son créateur » selon Pierre Masson.
























Fata Morgana a aussi publié « A Naples. Reconnaissance à l'Italie » (1993, illustrations de Valerio Adami, postface de Claude Martin), conférence napolitaine de Gide en juin 1950 où il dit tout ce qui l'attache depuis sa jeunesse à l'Italie et au monde méditerranéen ou « Hugo, hélas ! » (2002, introduction de Claude Martin) retraçant l'évolution de Gide sur Hugo à travers son journal et des textes inachevés et inédits.


Aujourd'hui Fata Morgana propose une autre « rareté », cette fois réservée aux gidiens gidolâtres... et fortunés :

« COMÉDIEN ? PEUT-ÊTRE,
MAIS C’EST MOI-MÊME QUE JE JOUE…
QUATRE PORTRAITS PHOTOGRAPHIQUES
D’ANDRÉ GIDE PAR ALBERT DÉMAREST
AINSI QU’UNE LETTRE A CELUI-CI DE SON COUSIN »

Présentation de l'éditeur :

Depuis que j’avais posé pour Albert (il venait d’achever mon portrait) je m’occupais beaucoup de mon personnage : le soucide paraître précisément ce que je sentais que j’étais, ce que je voulais être : un artiste, allait jusqu’à m’empêcher d’être…
Ainsi Gide évoque-t-il dans Si le grain ne meurt cet hiver 1888-1889 pendant lequel, tout en préparant son deuxième baccalauréat, il fréquente régulièrement, rue de la Grande Chaumière, l’atelier de son cousin le peintre Albert Démarest.
Celui-ci fera de lui non seulement un grand portrait à l’huile mais plusieurs photographies dont des épreuves anciennes ont souvent été reproduites.
Les négatifs sur verre, longtemps disparus, ont été retrouvés dans les archives de la photographe Yvonne Chevalier, et tirés au palladium sur Johannot par Patrice Schmidt en 1994.
L’édition originale, tirée en 2010, se limite à trente exemplaires contenus dans un portefeuille de Delphine Marseille.
Format : 17,5 x 23,5 cm
12 pages – 4 photographies originales
Prix de souscription jusqu’au 30 juin 2010 réservé aux membres de l’AAAG : 150 euros
Envoi franco de port recommandé dès réception du règlement. Les règlements depuis l’étranger sont à faire soit en euros sur une banque française, soit par mandat postal, soit augmentés de vingt euros de frais.
Éditions Fata Morgana - Fontfroide le Haut - 34980 Saint Clément de Rivière - www.fatamorgana.fr

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