André GIDE (1869-1951)
Lettre autographe signée à Louis Fabulet.
Deux pages in-8° sur papier à en-tête. Cuverville. 1er janvier 1933.
Très intéressante lettre de Gide tentant de dénouer un désaccord littéraire et financier entre Fabulet et Gaston Gallimard, quant à des retours d’ouvrages.
« Cher ami, Je reçois communication du double de la lettre de la N.R.F (excusez tous ces génitifs !) du 24 novembre à vous adressée. Cela est déjà vieux et c’est contre cette lettre même que vous protestez. Mais une lettre du 22 décembre (que je ne reçois que ce matin) y est jointe, à moi adressée, en réponse à ma protestation orale, qui s’était faite écho de la vôtre – lettre que je vous communique à mon tour. Vous y verrez que j’avais chaudement défendu vos intérêts, qui me semblaient liés – et que G. Gallimard ne s’est pas endormi sur les griefs que je lui présentais. Il me semble que le seul point qui pourrait prêté à discussion c’est celui des « retours » dont, d’après les termes de votre contrat, il n’y aurait pas lieu de tenir compte, puisque les sommes de droits d’auteur seraient exigibles non après vente, mais après sortie des éditions. Point assez discutable et où je ne suis pas bien sûr que, de droit, vous ayez raison. En tout cas vous ne pourriez vous tenir frustré de cette somme, me semble t-il, qui devra vous revenir aussitôt que le trou causé par ses « retours » sera comblé. Et surtout je ne voudrais point que vous puissiez vous croire victime d’un « traitement de défaveur », si j’ose dire ; si peut-être au Mercure les règlements sont faits sans tenir comptes des retours, c’est ainsi que Valette se hasarde jamais de lancement d’auteurs nouveaux. Songez que souvent ces retours massifs sont de plusieurs mille à la fois – lorsqu’un prix Goncourt par exemple pour Deberly, Arland, etc a pu faire escompter un succès qui ne s’est pas produit. Si, sans aucun fait nouveau, je vous parle un peu différemment aujourd’hui (que je ne le faisais dans mes deux lettres précédentes) c’est que je me suis renseigné, car votre affaire me tenait à cœur – et ce sont les renseignements obtenus dont ici je vous fait part. J’ajoute, moins que fort peu « homme d’affaires », je suis susceptible de me laisser convaincre peut-être par des arguments insuffisants, que je ne suis pas capable de critiquer. Mais est-ce ici le cas – et les arguments de G. Gallimard ne vous semblent-ils pas de bon aloi ? Tous les vœux bien affectueux de votre vieil ami André Gide. »
Sur la rencontre entre Gide et Fabulet autour de Walden, ou la Vie dans les Bois, voir le texte de Louis Fabulet publié dans La Revue de Paris du 1er mars 1921, et mis en ligne par La Revue des Ressources.
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