Christian Angelet avait donné une belle porte d'entrée à l'étude de La néologie d'André Gide, pour reprendre le titre de sa communication dans les Cahiers de l'Association internationale des études françaises, (1973, N°25. pp. 77-90). Des néologismes qui deviennent de plus en plus difficiles à dénicher pour nos cervelles modernes, lorsqu'ils ne sont pas déconstructivo-normandistes...
André Thérive en signale un amusant et notable dans ses Querelles de langage :
M. André Gide, dans les Nouvelles Nourritures, parle d'une jatte de lait couverte d'une couche de poussière et ajoute : « Nos gobelets déchirèrent ce film fragile. » Voilà le premier exemple d'un anglicisme où film remplace pellicule en dehors de son domaine consacré.
Film, mot désormais européen, n'a eu d'abord de succès qu'en matière de cinéma ; depuis quelque temps il concurrence pellicule quand il s'agit de nommer celle des appareils photographiques d'usage courant. Mais les cinéastes ont tendance à réserver pellicule pour désigner l'objet matériel, et film pour l'œuvre (sens abstrait). On notera que l'espagnol, si hospitalier aux mots étrangers, continue à dire pelicula dans tous les cas. (Les Grecs disent tainia, notre ténia — bande.) Bande est encore très vivant chez nous, pour les spécialistes, et je ne sais si film l'éliminera absolument. Aussi regrette-je l'usage que fait M. Gide de ce dernier mot.
André Therive, Querelles de langage,
troisième série, Editions Stock, Delamain et Boutelleau,
Paris, 1940, p. 116
1 commentaire:
" Voilà le premier exemple d'un anglicisme "
Sur ces sujets, il faut toujours être prudent. On ne peut parler que du premier exemple que l'on connaît.
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