vendredi 4 avril 2014

Du côté des ventes aux enchères





Lot 113
Pierre LOÜYS [sic]
Ô altitudes . Poème autographe signée Pierre Sivol .
30 vers accompagnant une lettre à André Gide, s. d. [octobre 1889].
3 pages in-4 à l'encre violette sur un double feuillet de papier vélin vert. Sur une des pages, André Gide a inscrit au crayon le début de La Mort des amants et un extrait Plaintes d'un Icare de Charles Baudelaire. (Déchirures au pli horizontal.)

Précieux poème de jeunesse adressé à André Gide.

Ce précieux poème de jeunesse est signé Pierre Sivol pseudonyme (anagramme de son nom) sous lequel Pierre Louÿs avait songé en novembre 1889 à publier une plaquette de vers, Les Symphonies.

Il date du début de l'amitié entre Pierre Louÿs et André Gide, quand les deux jeunes gens saisis du démon poétique écrivaient et se soumettaient l'un à l'autre leurs premiers vers.

Le mot qui accompagne ce poème est caractéristique de l'esprit de Pierre Louÿs : Ci-dessous un chef-d'œuvre. A la première inspection, tu pourrais peut-être croire que ces vers ne sont pas sérieux. Détrompe-toi : le début est grave et le reste à l'avenant. (...)

Le poème, où l'ironie alterne avec le lyrisme le plus échevelé est à l'image même de ce mot : impossible d'y démêler la part de sérieux qu'il convient de lui accorder.

Ainsi la première strophe est ouvertement parodique : Il montait : ses cheveux flottaient ; l'Alpe était haute / Il montait. Sans souffler au milieu de la côte / Il montait... Il montait toujours... - O profondeur ! / Quand il fut à sept cent quatre vingt mille mètres / Il perdit ses souliers ; à douze cent, ses guêtres : / Le déguenillement dans toute sa hideur !

Mais la dernière résonne d'un accent bien plus sincère : Je viens. C'est moi. J'ai fui les hommes et les choses. / Je ne veux plus que vous et vos voix grandioses / Souffles ! emportez-moi vers le ciel étoilé / Car je veux perdre pied, monter toujours, et vivre, / Le front haut, les yeux morts, éternellement ivre / Flottant dans l'irréel près du Beau contemplé.

Cette lettre-poème a été publiée dans André Gide-Pierre Louÿs-Paul Valéry : Correspondance à trois, sans que les éditeurs aient eu accès au manuscrit. Comme ils le signalent, il manque bien un vers dans la retranscription du poème, que nous donnons ici. C'est l'avant dernier de la troisième strophe : Et si je vois deux bras s'entrouvrir et se tendre .

Estimation : 2 000 € / 3 000 €

Plusieurs autres lots de poèmes manuscrits de Louÿs figurent au catalogue.


Lot 204
Jean COCTEAU
Le Coq et l'arlequin
Notes autour de la musique. Avec un portrait de l'auteur et deux monogrammes par P. Picasso.
Paris, La Sirène, 1918. Collection des Tracts n° 1.
In-16, broché. Couverture grise imprimée en noir illustrée.
Edition originale sur papier d'édition, après 5 chine et 50 hollande.
Exemplaire enrichi d'un envoi autographe signé à l'encre noire sur le faux-titre : A André Gide / Le Piano et le papillon ou LE COQ ET L'ARLEQUIN / son ami, de tout cœur / Jean Cocteau / mai 1919 .

Précieux envoi à André Gide sur le livre qui allait déclencher une polémique entre les deux écrivains.

Cet envoi affectueux prend place juste avant une des nombreuses péripéties qui allaient constamment jalonner l'histoire des relations Gide-Cocteau, nourries d'admiration et d'estime mais aussi d'ironie et de rivalité intellectuelle.

Elles avaient commencé par un abondant échange épistolaire débuté par une lettre admirative de Jean Cocteau en 1912, et plusieurs rencontres amicales.

Mais, peu de temps après la date de cet envoi, elles allaient changer de tournure. Dans le volume, Jean Cocteau avait cité André Gide sans mettre de guillemets, et il fit insérer un papillon dans l'ouvrage : Un oubli de guillemets m'enrichissant d'une phrase dite par ANDRE GIDE : La langue française est un piano sans pédales, je me fais un scrupule de signaler au lecteur cette interpolation involontaire. J.C.

Est-ce simple oubli ou des raisons plus profondes ? Toujours est-il qu'en ce même mois de mai 1919, André Gide allait faire paraître dans la N. R. F. une Lettre ouverte à Jean Cocteau dans laquelle il pointait son incompétence musicale et lui reprochait de feindre de précéder . Jean Cocteau répliqua : Il y a en vous du pasteur et de la Bacchante (Les Ecrits Nouveaux, août 1919).

Estimation : 3 000 € / 4 000 €




Lot 346
Max JACOB
Correspondance autographe avec Raymond Queneau.
Novembre 1934 - Octobre 1943.
19 lettres autographes signées formant 40 pages au total dont 32 au format in-4 et 7 au format in-8. Les lettres sont à l'encre noire sur papier machine au filigrane Extra-Strong ou d'autres papiers. (Papier uniformément jauni pour certaines lettres; marques de pliures sans gravité.)
4 enveloppes autographes conservées. Une lettre est adressée à Janine Queneau, épouse de l'écrivain.

Jointe : carte d'invitation imprimée à une Causerie par Max Jacob intitulée Mes Souvenirs à la galerie Rive Gauche, portant le nom de Raymond Queneau inscrit à la main.
1 poème autographe de 22 vers rimés accompagne la lettre du 16 juillet 1943 et 1 grand dessin original à la plume et encre de Chine (190 x 170 mm) accompagne la lettre du 30 avril 1937, représentant une scène religieuse (trois saints et Marie?). Max Jacob a repris au verso quelques éléments de la composition en transparence.

[...]

Saint-Benoît, 10 décembre 1936 : Sur André Gide : Je ne dis pas qu'on ait tort d'être communiste, je dis que lui a tort de l'être puisqu'il l'est de la façon que son dégoût révèle. Ce grand homme se trompe lui-même comme tous ceux qui agissent par devoirs et non par Devoir. Les devoirs amènent les toquades. Nos grands hommes : Gide, Maurois, etc. me semblent bien petits. Je pense que les vrais ont leurs noms ailleurs que dans les journaux quotidiens. (…) Nous sommes certainement de même avis sur les carnavalesques Goncourt. J'ai assisté à un ou deux jurys dans ma vie (…) C'est une pièce à faire pour Vitrac ou pour toi. (…)

Estimation : 20 000 € / 30 000 €





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