A la vente de Livres & Manuscrits des 19ème et 20ème Siècles du 16 avril 2014 à 14h30 par Artcurial– Briest-Poulain-F.Tajan à Paris, plusieurs lots intéresseront
les gidiens :
Pierre LOÜYS [sic]
Ô altitudes . Poème autographe signée
Pierre Sivol .
30 vers accompagnant une lettre à
André Gide, s. d. [octobre 1889].
3 pages in-4 à l'encre violette sur un
double feuillet de papier vélin vert. Sur une des pages, André Gide
a inscrit au crayon le début de La Mort des amants et un extrait
Plaintes d'un Icare de Charles Baudelaire. (Déchirures au pli
horizontal.)
Précieux poème de jeunesse adressé à
André Gide.
Ce précieux poème de jeunesse est
signé Pierre Sivol pseudonyme (anagramme de son nom) sous lequel
Pierre Louÿs avait songé en novembre 1889 à publier une plaquette
de vers, Les Symphonies.
Il date du début de l'amitié entre
Pierre Louÿs et André Gide, quand les deux jeunes gens saisis du
démon poétique écrivaient et se soumettaient l'un à l'autre leurs
premiers vers.
Le mot qui accompagne ce poème est
caractéristique de l'esprit de Pierre Louÿs : Ci-dessous un
chef-d'œuvre. A la première inspection, tu pourrais peut-être
croire que ces vers ne sont pas sérieux. Détrompe-toi : le début
est grave et le reste à l'avenant. (...)
Le poème, où l'ironie alterne avec le
lyrisme le plus échevelé est à l'image même de ce mot :
impossible d'y démêler la part de sérieux qu'il convient de lui
accorder.
Ainsi la première strophe est
ouvertement parodique : Il montait : ses cheveux flottaient ; l'Alpe
était haute / Il montait. Sans souffler au milieu de la côte / Il
montait... Il montait toujours... - O profondeur ! / Quand il fut à
sept cent quatre vingt mille mètres / Il perdit ses souliers ; à
douze cent, ses guêtres : / Le déguenillement dans toute sa hideur
!
Mais la dernière résonne d'un accent
bien plus sincère : Je viens. C'est moi. J'ai fui les hommes et les
choses. / Je ne veux plus que vous et vos voix grandioses / Souffles
! emportez-moi vers le ciel étoilé / Car je veux perdre pied,
monter toujours, et vivre, / Le front haut, les yeux morts,
éternellement ivre / Flottant dans l'irréel près du Beau
contemplé.
Cette lettre-poème a été publiée
dans André Gide-Pierre Louÿs-Paul Valéry : Correspondance à
trois, sans que les éditeurs aient eu accès au manuscrit. Comme ils
le signalent, il manque bien un vers dans la retranscription du
poème, que nous donnons ici. C'est l'avant dernier de la troisième
strophe : Et si je vois deux bras s'entrouvrir et se tendre .
Estimation : 2 000 € / 3 000 €
Plusieurs autres lots de poèmes manuscrits de Louÿs figurent au catalogue.
Lot 204
Jean COCTEAU
Le Coq et l'arlequin
Notes autour de la musique. Avec un
portrait de l'auteur et deux monogrammes par P. Picasso.
Paris, La Sirène, 1918. Collection des
Tracts n° 1.
In-16, broché. Couverture grise
imprimée en noir illustrée.
Edition originale sur papier d'édition,
après 5 chine et 50 hollande.
Exemplaire enrichi d'un envoi
autographe signé à l'encre noire sur le faux-titre : A André Gide
/ Le Piano et le papillon ou LE COQ ET L'ARLEQUIN / son ami, de tout
cœur / Jean Cocteau / mai 1919 .
Précieux envoi à André Gide sur le
livre qui allait déclencher une polémique entre les deux écrivains.
Cet envoi affectueux prend place juste
avant une des nombreuses péripéties qui allaient constamment
jalonner l'histoire des relations Gide-Cocteau, nourries d'admiration
et d'estime mais aussi d'ironie et de rivalité intellectuelle.
Elles avaient commencé par un abondant
échange épistolaire débuté par une lettre admirative de Jean
Cocteau en 1912, et plusieurs rencontres amicales.
Mais, peu de temps après la date de
cet envoi, elles allaient changer de tournure. Dans le volume, Jean
Cocteau avait cité André Gide sans mettre de guillemets, et il fit
insérer un papillon dans l'ouvrage : Un oubli de guillemets
m'enrichissant d'une phrase dite par ANDRE GIDE : La langue française
est un piano sans pédales, je me fais un scrupule de signaler au
lecteur cette interpolation involontaire. J.C.
Est-ce simple oubli ou des raisons plus
profondes ? Toujours est-il qu'en ce même mois de mai 1919, André
Gide allait faire paraître dans la N. R. F. une Lettre ouverte à
Jean Cocteau dans laquelle il pointait son incompétence musicale et
lui reprochait de feindre de précéder . Jean Cocteau répliqua : Il
y a en vous du pasteur et de la Bacchante (Les Ecrits Nouveaux, août
1919).
Estimation : 3 000 € / 4 000 €
Lot 346
Max JACOB
Correspondance autographe avec Raymond
Queneau.
Novembre 1934 - Octobre 1943.
19 lettres autographes signées formant
40 pages au total dont 32 au format in-4 et 7 au format in-8. Les
lettres sont à l'encre noire sur papier machine au filigrane
Extra-Strong ou d'autres papiers. (Papier uniformément jauni pour
certaines lettres; marques de pliures sans gravité.)
4 enveloppes autographes conservées.
Une lettre est adressée à Janine Queneau, épouse de l'écrivain.
Jointe : carte d'invitation imprimée à
une Causerie par Max Jacob intitulée Mes Souvenirs à la galerie
Rive Gauche, portant le nom de Raymond Queneau inscrit à la main.
1 poème autographe de 22 vers rimés
accompagne la lettre du 16 juillet 1943 et 1 grand dessin original à
la plume et encre de Chine (190 x 170 mm) accompagne la lettre du 30
avril 1937, représentant une scène religieuse (trois saints et
Marie?). Max Jacob a repris au verso quelques éléments de la
composition en transparence.
[...]
Saint-Benoît, 10 décembre 1936 : Sur
André Gide : Je ne dis pas qu'on ait tort d'être communiste, je dis
que lui a tort de l'être puisqu'il l'est de la façon que son dégoût
révèle. Ce grand homme se trompe lui-même comme tous ceux qui
agissent par devoirs et non par Devoir. Les devoirs amènent les
toquades. Nos grands hommes : Gide, Maurois, etc. me semblent bien
petits. Je pense que les vrais ont leurs noms ailleurs que dans les
journaux quotidiens. (…) Nous sommes certainement de même avis sur
les carnavalesques Goncourt. J'ai assisté à un ou deux jurys dans
ma vie (…) C'est une pièce à faire pour Vitrac ou pour toi. (…)
Estimation : 20 000 € / 30 000 €
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire