La Phalange. Table et Index (1906-1914)
Claude Martin et Akio Yoshii,
Introduction par Pierre Masson,
Publications de l'Association des Amis d'André Gide, 2014
Claude
Martin et Akio Yoshii donnent aux Publications de l'Association des
Amis d'André Gide un outil qui intéressera les amateurs de revues
littéraires et chercheurs en littérature : La Phalange. Table et
Index (1906-1914). Rigoureux et utiles sont en effet la table
des sommaires, l'index des auteurs et de leurs contributions,
l'index des articles et comptes-rendus critiques et l'index
des revues et journaux cités qui occupent une grande part de
l'ouvrage.
Une
introduction de Pierre Masson rappelle le contexte de la création de La
Phalange, où les hoplites sont Vielé-Griffin, Verhaeren,
Régnier, Gourmont, Verhaeren,
Claudel, Jammes, Fort... Leur sarisse est encore post-mallarméenne.
Suivront Nau, Romains, Fontainas, Mockel, Duhamel, Vildrac... Breton
y fera même ses débuts.
Le
directeur de la revue, Jean Royère, « s’occupe de la critique
de la poésie, Apollinaire qui tient la rubrique des romans, Valery
Larbaud celle des lettres anglaises, Tristan Klingsor celle des arts
; une rubrique des lettres belges sera plus irrégulière, tenue par
Maurice Gauchez. Mais on trouve aussi des contributions régulières
d’Albert Thibaudet pour la littérature, de Léon Werth pour la
peinture, de son côté Vielé-Griffin entreprend une histoire du
symbolisme... », comme le rappelle Pierre Masson.
Les
auteurs ont également eu la bonne idée de reprendre en appendices
plusieurs articles de Royère, et en ouverture un texte de Valery
Larbaud, Une campagne littéraire. Jean Royère et La Phalange
1906-1914, écrit d'abord pour un journal de Buenos Aires avant
d'être repris dans la seconde série de La Phalange en 1935
(dont l'ouvrage de C. Martin et A. Yoshii ne traite pas). Larbaud s'y
étonne du nombre et de la qualité des collaborateurs de la revue
première manière. « La littérature des années 1915-1925 »
« en train de se faire », selon Larbaud, qu'on a connu
mieux inspiré.
En
effet, des noms qu'énumère Larbaud, combien restent ? Ochsé,
Lavaud, Koeberlé, Périn, Mandin, Drouot, Hertz... Il faut bien
reconnaître que La Phalange n'a jamais été une rampe de
lancement, les quelques noms célèbres qu'on retrouve aux sommaires
sont nés ailleurs, ont donné leur meilleur ailleurs. La faute à
son éclectisme ? A la médiocrité de Royère et de la plupart de
ces collaborateurs, médiocrité combinée à un élitisme parfois
absurde ? Et qui ira jusqu'au nationalisme...
Et
puis, comme l'explique encore Pierre Masson :
« Par ses positions, La Phalange n’était pas très éloignée de la revue belge Antée, qu’avaient fondée en juin 1905 Christian Beck et Henri Vandeputte, et à laquelle collaboraient André Gide et ses proches tels que Marcel Drouin, André Ruyters, Jean Schlumberger, Jacques Copeau et Henri Ghéon, future équipe fondatrice de La Nouvelle Revue française. Aussi, quand Antée, par suite de la faillite de son imprimeur, doit s’arrêter en janvier 1908, est envisagée sérieusement sa fusion avec La Phalange qui accueillerait sous son aile les amis de Gide. Mais va prévaloir alors chez ces derniers l’idée de créer une revue bien à eux. L’échec de cette fusion, qui se traduira par la parution à partir de février 1909 de La NRF, ne sera pas étranger à la rancœur de Royère envers Gide, qu’il essayait depuis deux [ans] d’attirer à La Phalange ; surtout, elle entraînera par la suite une concurrence entre les deux revues, le succès de La NRF et son esprit de groupe contribuant partiellement à l’affaiblissement de l’individualiste et composite Phalange. »
Apollinaire,
Thibaudet, Larbaud, Romains, Claudel et Perse rejoignent la NRF, que
Royère qualifie de « revue de cons » dans sa
correspondance avec Larbaud (parue en deux volumes aux Presses
Universitaires de Clermont-Ferrand, collection Cahiers Valéry
Larbaud n°48 et 49). A noter qu'il existe aussi une Correspondance
Gide-Royère (Editions du Clown Lyrique, 2008) que nous avions évoquée en son temps. On y voit Royère faire sa cour à Gide, et
Gide résister aux sirènes de la publication à tout prix.
Si
Gide se garde bien de donner de la copie à La Phalange (on ne
trouve dans l'index des auteurs et de leurs contributions que quatre
poèmes extraits des Nourritures terrestres donnés en mai
1911 sous le titre Quatre chansons),
il n'hésitera pas à venir en aide à Royère lorsque celui-ci en
aura besoin. Notamment en lui confiant à plusieurs reprises des
pages pour Le Manuscrit autographe,
que Royère fonde en 1926, et qui comme son nom l'indique, propose
des fac-similés de manuscrits d'auteurs célèbres.
Pour aller plus loin :
- les numéros de La Phalange disponibles en ligne sur Gallica.
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