avril-juillet 2012
au sommaire :
André Gide – Arthur Fontaine, Correspondance (1899–1930)
Édition établie, présentée et
annotée par Pierre Masson et Jean-Michel Wittmann.
Tim Trzaskalik : « Où est le
masque ? » Quelques remarques sur Le Grincheux.
Jef Last : Mon ami André Gide
(suite).
Henri Heinemann : Un secret.
Lecture par Bernard Métayer de
Victoria Reid, André Gide and Curiosity, Rodopi, Amsterdam,
New-York, 2009)
Une bonne moitié de ce nouveau BAAG
est donc consacrée à la correspondance entre Gide et Arthur
Fontaine, établie, présentée et annotée par Pierre Masson et
Jean-Michel Wittmann. Soixante-cinq lettres échangées de 1899 à
1930 :
« Ce haut fonctionnaire à la carrière brillante, avec lequel il a entretenu une correspondance intermittente pendant plus de trente ans, aurait pourtant pu rester pour lui ce qu'on appelle une relation, lui qui appartenait à un milieu politique encore proche du monde des lettres et des arts. À l'inverse de Gide, très tôt engagé dans la carrière littéraire, sans se soucier d'acquérir diplômes ou situation, Arthur Fontaine (1860-1931), son aîné de quelque dix ans, avait fait des études brillantes et tournées vers la vie active. Polytechnicien, ingénieur des Mines, il était entré à l'Office du Travail le 1er octobre 1891 comme chef de la section des statistiques, avant d'en devenir sous-directeur en 1894, puis directeur de 1899 à 1920. Nommé président du Conseil d'administration du Bureau International du Travail en 1919, il devait conserver ce poste jusqu'à sa mort, après avoir apporté une contribution de tout premier plan à la mise en place d'une législation du travail en France. »
Si, comme le montrent
Pierre Masson et Jean-Michel Wittmann, ces deux-là se retrouvaient
sur les questions sociales et politiques, ils se rejoignaient
également dans leurs préoccupations morales ou lorsqu'il était
question de littérature, fréquentaient les mêmes milieux artistiques (Fontaine
était d'ailleurs l'oncle d'Eugène Rouart)...
Arthur Fontaine était
aussi l'appui haut placé chaque fois qu'il s'agissait de venir en
aide aux amis (Lacoste, Iehl, Quillot, Rivière...), de régler un
problème de droits d'auteurs pour Gide, ou de soutenir et même de
dépasser le combat contre les compagnies concessionnaires au retour
du Congo. Il sera encore l'intermédiaire lors des premières
brouilles entre Gide et Jammes. Pierre Masson, qui travaille à une
nouvelle édition revue et augmentée de la Correspondance
Gide-Jammes, éclaire d'ailleurs cet aspect des liens avec
Fontaine à l'aide de lettres inédites entre Gide et Jammes...
L'autre moitié de ce BAAG est surtout occupée par la suite de Mon ami
André Gide, le témoignage de Jef Last, pour la première fois en
traduction française et dont la première partie figurait dans le précédent bulletin. Jef Last poursuit le portrait d'un Gide tel
qu'il l'a vu au Vaneau entre la Petite Dame et Yvonne Davet, dans les
coulisses du congrès de la Mutualité, du voyage en URSS, en
vacances en Hollande ou au Maroc...
Avec le côté très
entier que Gide appréciait chez ce « barbare batave »,
Jef Last n'occulte rien de leur complicité, sur le plan sexuel
notamment. Ce témoignage est un document important à mettre notamment en parallèle avec la biographie de Gide par Frank
Lestringant : si bien documentée par ailleurs, on voit combien elle
tombe à côté chaque fois que l'auteur essaie de comprendre la
sexualité de Gide ou plus généralement celle d'un esprit bisexuel ou homosexuel.
Plus d'informations pour recevoir le BAAG et adhérer à l'Association des Amis d'André Gide sur cette page.
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