(Un jeu lancé aux membres du groupe Facebook d'e-gide a donné lieu ces derniers jours à une petite enquête : l'occasion d'un billet qui évoque tout à la fois les œuvres de Gide et l'histoire de l'édition, comme on aime en faire de temps en temps...)
Die Verliese des Vatikan, ro ro ro, 1955
Cet exemplaire des Caves du Vatican paru en 1955 en Allemagne aux éditions Rowohlt fait partie de la collection ro ro ro comme indiqué sur son dos et sa première de couverture. Mais il n'est par un ro ro ro. Alors ? Qu'est-ce qu'un ro ro ro ?
En effet, le premier ro ro ro des Caves du Vatican n'était pas au format de poche comme l'exemplaire de 1955, mais au "Zeitungformat", au format journal, puisque c'est là tout le principe des ro ro ro, pour Rowohlt Rotations Roman : des livres imprimés par des rotatives comme des journaux, au format 38 x 28 cm.
Die Verliese des Vatikan, ro ro ro, 1947
Le germaniste Michel Tournier explique très bien ce qu'étaient les ro ro ro dans son Journal extime :
« Souvenir de Tübingen. Les Rororo. Tout manquait en ces années d'immédiat après-guerre, y compris le papier pour faire des livres. Le rare papier disponible était réservé à la presse écrite afin que le bon peuple soit renseigné sur les événements et aussi ait connaissance des tickets d'alimentation honorés ce jour-là.
C'est alors que les éditions Rowohlt ont réalisé une idée qu'il faut vraiment qualifier de géniale : le rororo. Il s'agissait d'un journal, imprimé sur rotative, ayant l'aspect exact de Die Welt, Le Figaro ou Le Monde, mais s'intitulant Les Caves du Vatican d'André Gide, Anna Karénine de Tolstoï ou La Mort à Venise de Thomas Mann. C'était le Rowohlt-Rotations-Roman (roman Rowohlt imprimé sur rotative) et cela coûtait 1 DM. Le petit miracle qui permettait cette réalisation, c'est qu'un roman contient un nombre de signes imprimés (lettres, blancs et signes de ponctuation) à peu près équivalent à celui d'un journal ordinaire, c'est-à-dire variant entre 500000 et 2000000. Il serait juste qu'un musée du livre et de la culture montre quelques exemplaires de ces « rororo ». »
(Michel Tournier, Journal extime, Folio, Gallimard, 2004, pp.
224-225)
On pourra également se reporter aux notices descriptives (en allemand) données en lien sous les images, qui reprennent non seulement les textes de présentation mais aussi l'avis au lecteur de 1947... Elles proviennent d'un site remarquablement fait et qui retrace l'histoire du ro ro ro au format journal puis au format poche : www.lewin-fischer.de
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