(Bref et subjectif résumé des interventions des 3èmes Journées Catherine Gide qui se sont tenues les 23 et 24 avril 2016 au Lavandou. Les communications intégrales des intervenants seront publiées dans le prochain Bulletin des Amis d'André Gide.)
La Petite Dame, Maria Van Rysselberghe, existait avant sa rencontre avec son grand homme, André Gide. Lors des 3èmes Journées Catherine Gide qui se déroulaient les 23 et 24 avril derniers au Lavandou, Martine Sagaert a évoqué le parcours de Maria Van Rysselberghe, et notamment sa formation.
La Petite Dame, Maria Van Rysselberghe, existait avant sa rencontre avec son grand homme, André Gide. Lors des 3èmes Journées Catherine Gide qui se déroulaient les 23 et 24 avril derniers au Lavandou, Martine Sagaert a évoqué le parcours de Maria Van Rysselberghe, et notamment sa formation.
Martine Sagaert aux 3èmes Journées Catherine Gide
Comment cette femme issue de la
bourgeoisie a pu mener sa vie aussi librement ? Pour Martine Sagaert,
le milieu familial, entre un père fonctionnaire des chemins de fer
qui meurt en 1871, alors que Maria n'a que 5 ans, et une mère qui
devient la dirigeante d'une importante maison d'édition et
imprimerie belge*, a joué un rôle déterminant.
Sans la couper de la religion, puisque
la petite Marie Philomène Monnom racontera plus tard à Béatrix
Beck comment elle a perdu la foi un peu avant sa communion
solennelle, sa mère l'envoie au Cours d'Éducation pour jeunes
filles. Un établissement créé en octobre 1864 à Bruxelles par la
pédagogue Isabelle Gatti de Gamont pour soustraire les jeunes filles
de l'enseignement religieux dominant.
C'est là qu'elle rencontrera Augustine
de Rothmaler qui y enseigne la littérature française, l'anglais,
l'allemand. Elle y fera aussi la connaissance de ses amies Marie
Closset et Blanche Rousseau, qui avec l'enseignante Marie Gaspar
créeront à leur tour des écoles libres, et surtout l'éphémère
société secrète des Peacocks. C'est sous ce nom qu'elles
apparaîtront d'ailleurs dans une toile de Van Rysselberghe et dans
la correspondance de Gide et la Petite Dame.
A son tour, Elisabeth, la fille de
Maria et Théo Van Rysselberghe, saura échapper aux conventions
bourgeoises, grâce à Maria. « Elle a réussi à faire de sa
fille une femme libre et accomplie », comme le souligne Martine
Sagaert. Elisabeth qui choisira la voie de l'horticulture, voudra être utile et indépendante, comme sa mère qui s'engage aux côtés
de Gide en 1914 dans le Foyer Franco-Belge. La Correspondance
avec Gide révèle qu'elle cherchera même à passer un diplôme
d'infirmière en 1917.
Une Correspondance qui confirme
aussi les dons d'écriture que Maria Van Ryssleberghe a révélés
dans ses Cahiers, ou dans ses rares textes : Il y a quarante ans, Strophes pour rossignol, Galerie privée. Des dons de portraitiste,
mais aussi pour saisir et rendre une ambiance, ce qu'elle peut avoir
de saugrenu, de dramatique ou d'incommunicable.
Aussi déplorera-t-on avec Martine
Sagaert que Maria Van Ryssleberghe ne figure dans aucun dictionnaire
de la littérature, dans aucune histoire de la littérature, ni en
Belgique, ni en France. Pas même dans le Dictionnaire des femmes
belges : XIXe et XXe siècles, d'Eliane Gubin, paru en 2006 chez
Lannoo Uitgeverij...
Ses textes « parus sous le voile
noir identitaire » pour reprendre l'expression de Martine
Sagaert, c'est-à-dire sous le pseudonyme de « M. Saint-Clair »
ont trompé jusqu'à Gide lui-même... Et encore dans le Malraux
par lui-même de Gaëtan Picon paru en 1953 (réédité à
l'identique en 1965 !), peut-on lire un portrait de Malraux par la
Petite Dame signé par une certaine... Monique Saint-Clair !
Extrait de Malraux par lui-même, G. Picon, Seuil, 1965
__________________________
* Le mystère de cette reprise de
l'imprimerie Delvingne-Callewaert en 1885, dirigée par le
maître-typographe Félix Callewaert (puis sa fille Octavie — évoquée
dans la correspondance de Huysmans avec Camille Lemonnier — de 1870
jusqu'à la mort de celle-ci en 1879), reste d'ailleurs à
élucider...
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