samedi 11 avril 2009

William Blake : d'une rétrospective à l'autre

"Charlie Du Bos m'envoie The Marriage of Heaven and Hell que je lui avais dit que je désirais lire, assuré que j'étais d'y trouver une révélation et une confirmation de certaines pensées qui s'agitent en moi depuis longtemps. La rencontre de Blake est pour moi de la plus grande importance. Déjà je l'avais entrevu, durant la première année de la guerre, dans un livre de Morceaux Choisis de la bibliothèque de Elisabeth Van Rysselberghe, rue Laugier, où j'habitais alors chez les Théo*. Comme un astronome suppute l'existence d'un astre dont il ne perçoit pas encore directement les rayons, je pressentais Blake, mais ne me doutais pas encore qu'il formait constellation avec Nietzsche, Browning et Dostoïevsky. La plus brillante étoile, peut-être, de ce groupe ; assurément la plus étrange et reculée." (A. Gide, Journal, 16 janvier 1922)

A la suite de cette lecture, Gide entreprend la traduction du livre de William Blake, Le Mariage du Ciel et de l'Enfer, qui paraîtra en 1923. En 1947, Gide soutient encore la rétrospective qui est consacrée à Blake par le British Council à la galerie Drouin, place Vendôme. Il dirige le comité français où l'on trouve aussi Picasso, Matisse, Breton, Léger, Malraux, Queneau ou Sartre. Quatre-vingts oeuvres sont alors exposées.

Depuis le 2 avril et jusqu'au 28 juin, le Petit Palais a rassemblé cent cinquante dessins, gravures, enluminures, livres et aquarelles prêtés par les musées britanniques, américains et des collectionneurs privés. Tout au long du hall Jacqueau les oeuvres de Blake sont regroupées autour des thèmes qui l'ont fasciné toute sa vie.

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* "Je continue la lecture de Blake avec étonnement. Commencé Tess of the d'Ubervilles, que j'ai déjà lu (mais pas bien), en français." (Journal, 25 août 1914)

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