lundi 15 septembre 2008

La Querelle du Peuplier

Le site Maurras.net vient de mettre en ligne deux textes inauguraux de la polémique sur l'enracinement et le déracinement selon Barrès, polémique connue sous le nom de "Querelle du Peuplier" et qui opposa à partir de 1903 non seulement Gide et Maurras mais les partisans de l'un et de l'autre au travers des gazettes, revues littéraires et journaux de l'époque. Une controverse morale et botanique savoureuse.

mercredi 3 septembre 2008

Lieux gidiens : le Sud

Le Sud attire Gide, toute sa vie. Né à Paris, en terrain neutre, il a pour moitié dans ses veines l'humide Normandie maternelle et pour moitié le lumineux Languedoc paternel, comme il aime d'ailleurs à le rappeler pour expliquer ses contradictions. Les voyages en Afrique du Nord ont d'ailleurs ce but "thérapeutique", à la manière de la médecine chinoise, de "réchauffer" les humeurs gidiennes, jusqu'à les embraser...

Gide passera aussi beaucoup de temps dans le Sud de la France, toujours au motif de fuir le froid et les maladies. Au motif aussi d'y rejoindre ses amis, d'y travailler dans un climat meilleur. D'ailleurs à la naissance de sa fille Catherine, il apprécie pouvoir se rendre auprès de l'enfant et de sa mère, Elisabeth van Rysselberghe, installées à la Bastide Franco, à Brignoles dans le Var : le climat est une raison suffisante "aux yeux de Cuverville" (i.e. Madeleine, son épouse de la brumeuse Normandie) pour justifier le voyage.

Nombreux sont les proches qui lui offrent refuge dans le Sud de la France dont les van Rysselberghe à Saint-Clair au Lavandou où le peintre Théo pose son chevalet en 1911, Elisabeth à la Bastide Franco dont la direction lui a été confiée par Emile Mayrisch et aux Audides à Cabris. Ou encore les Mayrisch eux-mêmes à la villa La Malbuisson à Bormes-les-Mimosas, construite en 1915, puis à la Messuguière à Cabris où Aline Mayrisch retrouve son amie de toujours Maria van Rysselberghe.

Ou encore à Hyères à la Villa Noailles : "Gymnastique, natation dans une assez vaste piscine, jeux nouveaux, dont je ne sais les noms, avec volants, balles, ballons de toutes tailles – un surtout, que nous jouons à quatre (le très agréable professeur de gymnastique, Noailles, Marc et moi) avec un ballon de médiocre grosseur qu'il s'agit de point laisser retomber en deça d'un filet haut tendu qui départage les deux camps. On joue à peu près nus, puis, en moiteur, on court se plonger dans l'eau tiède de la piscine."

Ce Gide en sueur, presque nu, jouant au volley-ball à soixante-et-un ans (nous sommes le 3 janvier 1930), c'est celui du Sud. Et il s'en faudrait de quelques degrés de latitude sud supplémentaire pour jouer à d'autres jeux : "Je voudrais oublier tout; vivre un long temps parmi des nègres nus, des gens dont je ne saurais pas la langue et qui ne sauraient pas qui je suis; et forniquer sauvagement, silencieusement, la nuit, avec n'importe qui sur le sable...", implore-t-il le 13 mai 1937 à Cuverville.

lundi 1 septembre 2008

Un télégramme d'outre-tombe

"L'enfer n'existe pas – STOP – Tu peux te dissiper – STOP – Préviens Claudel – STOP – Signé : André Gide"

Voilà sans doute le télégramme et canular littéraire le plus fameux, reçu le 20 février 1951 par François Mauriac. Soit deux jours après la mort de Gide au Vaneau.

Ce petit bleu d'outre-tombe a été attribué à divers auteurs potentiels : Jean-Paul Sartre, Roger Nimier ou encore Anne-Marie Cazalis (voir cette chronique du NouvelObs).

"On a beaucoup ri d'un télégramme que Mauriac a reçu peu de jours après la mort de Gide", note Julien Green le 28 février dans son Journal.

L'année suivante le Vatican, qui espérait une conversion jusqu'au dernier souffle de Gide, inscrit l'ensemble de son oeuvre à l'index. Le 2 juin 1952, à la suite d'un décret du 24 mai 1952 de la Suprema Sacra Congregatio Sancti Officii, "Andreae Gide opera omnia" est inscrite à la liste des "librorum prohibitorum". L’Osservatore romano l'accuse d'être "un négateur du Christ ", "Un poète de la joie la plus trouble et de la gloire la plus vaine."