lundi 29 avril 2013

Conférence à Colpach


« Il sera évidemment question de l'auteur des Faux-monnayeurs, mais pas uniquement de lui », nous prévient Frank Wilhelm qui est l'invité du Château de Colpach vendredi 3 mai 2013 à 17h. Après une visite guidée du parc de ce château que Gide a beaucoup fréquenté à l'invitation des Mayrisch, il présentera une conférence sur le thème : Les relations franco-allemandes. Médiation culturelle / Le Cercle de Colpach.


(cliquer sur l'image pour l'agrandir)


vendredi 26 avril 2013

Aux enchères


Actuellement dans la vente aux enchères d'avril-mai de Autographes Enchères - Meinier / Genève, on trouve au lot n°68 une lettre dactylographiée signée de Gide à Charles du Bos :

Lot 68 : André Gide
Lettre signée, 1 page in-4 ; Paris, 20 février 1928. Bon état général. Belle lettre d'André Gide demandant à Charles du Bos (1882-1939), des renseignements sur des ouvrages de Gorki :

« Cher ami,

Je n'ose vous téléphoner craignant d'abuser de vos cordes vocales. Peut-être aurez-vous la gentillesse de m'écrire un mot. L'on me demande de m'associer à un album d'hommages pour Gorki. Je souhaiterais savoir si ses souvenirs sur Tchékhov et sur Tolstoï ont été traduits tous deux en français. Les premiers ont paru, si je ne m'abuse, dans la Nouvelle Revue Française. Mais les autres ? Ont-ils jamais été traduits ? Parus où ? J'ai pensé que vous seriez à même de me donner ce petit renseignement que je ne sais à qui d'autre demander.
Qu'il me tarde de savoir que vous allez un peu mieux. Je suis moi-même assez fortement grippé depuis cinq jours. Aurai-je le plaisir de vous revoir avant mon départ pour Berlin, au début de mars ?
Croyez à mon amitié bien fidèle,

André Gide »

Peut-être avait-on demandé à Gide de s'associer aux hommages de Heinrich Mann, Jean Guéhenno et André Chamson parus dans La Revue Européenne n°4 d'avril 1928 ? Le projet ne s'est pas réalisé mais Gide prononcera l'éloge funèbre de Gorki en juin 1936 aux côtés de Staline sur la Place Rouge.
Un visiteur a été plus rapide que nous pour retrouver le véritable destinataire de cette lettre d'abord identifié comme Jacques Schiffrin par le vendeur. Lettre qui figure d'ailleurs dans la Correspondance Gide-Du Bos (Corréa, 1950, p. 129). Nous avons depuis contacté les vendeurs qui ont modifié la fiche.





A la vente Aguttes de tableaux anciens et modernes, mobilier, objets d'art et art d’Asie le jeudi 16 mai à 14h30 à l'Hôtel des ventes de Lyon Brotteaux, on verra aussi passer au lot n°120 un portrait de Gide par Tavy Notton :

Lot 120 : Tavy NOTTON (XXème-XXIème ) - Portrait d’André GidePortrait d’André Gide
Crayon et estompe, signé en bas à gauche, titré et daté 12-3-49
14,2 x 9 cm à vue
dessin préparatoire pour l’illustration des nourritures terrestres d’André Gide

Tavy Notton réalisera trente-six burins pour l'illustration des Nourritures terrestres (édition Vialetay, 1950) et vingt-cinq autres burins originaux pour Les Nouvelles nourritures (Aux dépends de l'artiste, 1958).


jeudi 25 avril 2013

BAAG 177/178




Le BAAG 177/178 de janvier-avril 2013 vient de paraître. Un numéro double comme l'Association des Amis d'André Gide en publie désormais deux fois par an.

Celui-ci est très exceptionnel car il contient les Actes du Colloque "Gide à la frontière" qui s'est tenu du 14 au 16 juin 2012 à la Denyson University de Granville (Ohio).

"Partir en voyage, franchir les frontières physiques, sociales, culturelles, psychologiques, politiques, linguistiques, sexuelles, religieuses, pour découvrir, rencontrer, accueillir et mieux connaître l'autre, n'est-ce pas là un élément fondamental de la vie d'André Gide qui s'inscrit dans son œuvre ?", se demandent ainsi en introduction Christine Armstrong et Jocelyn Van Tuyl.



Au sommaire :

Présentation

I. FRONTIERES PHYSIQUES ET GEOGRAPHIQUES
Pierre MASSON : Gide et les frontières intérieures.
Naomi SEGAL : La peau d’André Gide
Martine SAGAERT : André Gide hors-cadre

II. FRONTIÈRES RÉALITÉ ET FICTION
Thomas CONNER : André Gide et l’Affaire Dreyfus
Alison JAMES : Le fait divers aux frontières de la fiction. La rhétorique documentaire d’André Gide.
André MORELLO : Lire Bossuet au Congo. Gide à la frontière des préjugés et de l’ethnologie.

III. FRONTIÈRES DES GENRES
Clara DEBARD : La collaboration artistique entre André Gide et Jacques Copeau
Pamela GENOVA : André Gide tient-il toujours son rang ?

IV. FRONTIÈRES DU MOI
Stéphanie BERTRAND : « Je ne suis pas pareil aux autres » Le je gidien entre désir de singularité et tentation de banalité
Elsa DUBOIS : Le je gidien, à la frontière du roman et du mythe.
Catharine SAVAGE BROSMAN : Gide à la frontière du bonheur.
Jean-Michel WITTMANN : En être ou ne pas en être. Gide face aux terres en marge de la culture, barbares et méconnues.

Chronique bibliographique
Varia

Pour recevoir le BAAG (deux numéros par an) et le Cahier annuel de l'Association des Amis d'André Gide, il est encore temps d'adhérer.

mardi 23 avril 2013

André Gide et la Bible



 

 Journée d’étude
André Gide et la Bible
15 mai 2013
Université de Lorraine, site de Metz, 
UFR lettres et langues, salle A 208



En écho à Boileau, Gide écrit dans son Journal : « Tout bon protestant naît avec une Bible dans ses mains. » Comme le note Alain Goulet, « la Bible fut pour lui une nourriture dès sa plus tendre enfance et elle demeura toujours une source majeure d’inspiration et de réflexion, une référence éthique majeure, plus encore, une part de son surmoi » (Dictionnaire Gide, P. Masson & J.-M. Wittmann, éd. Classiques Garnier, 2011). La Bible a constitué pour Gide une nourriture spirituelle, morale, mais aussi littéraire, qui marque en profondeur son œuvre. À partir de ce constat, cette journée d’étude, qui doit déboucher sur la publication d’un numéro thématique du Bulletin des Amis d’André Gide, se propose de revenir sur les enjeux éthiques et esthétiques de ce rapport à la Bible en proposant une approche résolument synthétique et aussi complète que possible du sujet, abordé jusque ici de façon parcellaire et ponctuelle.

Avec cette journée autour du rapport de Gide à la Bible, l’activité du Centre d’études gidiennes rejoint pleinement celle du centre Écritures, dont le programme de recherche 4 est consacré au thème « Littérature et Bible ».

Programme :

Matinée
Présidence : Jean Claude (Université de Lorraine) 
9h : accueil des participants et ouverture.
10h : Stéphanie Bertrand (Université du Luxembourg) : « De la sentence biblique à l'aphorisme gidien : vers l’affirmation d'une posture de “pasteur” ».
10h45 : Pierre Masson (Université de Nantes) : « L’Apocalypse, et après ? ».
11h 30 : François Bompaire (Université Paris 4 – Sorbonne) : « Lire et écrire sans Paul ? L'ironie gidienne à l'épreuve du Nouveau Testament. »


Après-midi
Présidence : Pierre Masson
14h30 : Clara Debard (Université de Lorraine / LIS) : « Les enjeux de la référence biblique dans le triptyque dramatique : Saül, Bethsabé, Le Retour de l'Enfant prodigue »
15h15 : Jean-Michel Wittmann (Université de Lorraine / Ecritures) : « L’écrivain au désert : Gide et les prophètes de la Bible ».
16h : Anne-Sophie Angelo (Université Paris 7 - Diderot) : « La Bible comme univers, la Bible comme matériau : des personnages entre mimesis et figure. »

lundi 22 avril 2013

Catherine Gide

C'est avec une grande tristesse que nous avons appris la mort de Catherine Gide.
Nos pensées vont vers sa famille et ses proches.
Puisse la Fondation qu'elle avait créée autour de l’œuvre de son père porter longtemps sa volonté, sa générosité et son esprit de liberté, bref, son souvenir.





Catherine Gide
18 avril 1923 - 20 avril 2013



(Photographies tirées de André Gide Un album de famille, de Jean-Pierre Prévost, Fondation Catherine Gide/Gallimard, 2010)

jeudi 18 avril 2013

Gide vivant, par J.-P. Sartre

(Cet article de Jean-Paul Sartre paru dans Les Temps Modernes n° 66 de mars 1951 ne figure pas dans les Gidian Archives. Il nous a semblé utile de réparer ce manque.)

"Gide vivant, par Jean-Paul Sartre

On le croyait sacré et embaumé : il meurt et l'on découvre combien il restait vivant ; la gêne et le ressentiment qui transparaissent sous les couronnes mortuaires qu'on lui tresse de mauvaise grâce montrent qu'il déplaisait encore et déplaira longtemps ; il a su réaliser contre lui l'union des bien-pensants de droite et de gauche et il suffit d'imaginer la joie de quelques augustes momies criant : « Seigneur, merci; c'est donc lui qui avait tort puisque c'est moi qui survis », il suffit de lire dans L'Humanité : « C'est un cadavre qui vient de mourir », pour connaître de quel poids cet homme de quatre-vingts ans qui n'écrivait plus guère pesait encore sur les lettres d'aujourd'hui.

Il y a une géographie de la pensée : de même qu'un Français, où qu'il aille, ne peut faire un pas à l'étranger sans se rapprocher ou s'éloigner aussi de la France, de même toute démarche de l'esprit nous rapprochait ou nous éloignait aussi de Gide. Sa clarté, sa lucidité, son rationalisme, son refus du pathétique donnaient permission à d'autres de risquer la pensée dans des tentatives plus troubles, plus incertaines : on savait que dans le même temps une intelligence lumineuse maintenait les droits de l'analyse, de la pureté, d'une certaine tradition; eût-on sombré dans un voyage de découverte, on n'entraînait pas l'esprit dans le naufrage. Toute la pensée française de ces trente dernières années, qu'elle le voulût ou non, quelles que fussent par ailleurs ses autres coordonnées, Marx, Hegel, Kierkegaard, devait se définir aussi par rapport à Gide.

Pour ma part les restrictions mentales, l'hypocrisie, pour tout dire l'abjecte puanteur des articles nécrologiques qu'on lui a consacrés m'ont donné trop de déplaisir pour que je songe à marquer ici ce qui nous séparait de lui. Mieux vaut rappeler les dons inestimables qu'il nous a faits.

J'ai lu sous la plume de confrères – qui ne m'ont jamais étonné par leur témérité – qu'il « vivait dangereusement sous trois épaisseurs de gilet de flanelle ». La sotte raillerie. Ces timorés ont inventé une curieuse défense contre l'audace des autres : ils ne daignent l'admettre que si elle se manifeste en même temps dans tous les domaines. On eût pardonné à Gide de risquer sa pensée et sa réputation s'il avait risqué sa vie et, singulièrement, bravé la fluxion de poitrine. On affecte d'ignorer qu'il y a des courages, et qui sont différents selon les gens. Eh bien oui, Gide était prudent, il pesait ses mots, hésitait avant de donner sa signature, et, s'il s'intéressait à un mouvement d'idées ou d'opinion, il s'arrangeait pour n'y donner qu'une adhésion conditionnelle, pour rester en marge, toujours prêt à la retraite. Mais le même homme osa publier la profession de foi du Corydon, le réquisitoire du Voyage au Congo, il eut le courage de se ranger au côté de l'U.R.S.S. quand il était dangereux de le faire et celui, plus grand encore, de se déjuger publiquement quand il estima, à tort ou à raison, qu'il s'était trompé. C'est peut-être ce mélange de cautèle et d'audace qui le rend exemplaire : la générosité n'est estimable que chez ceux qui connaissent le prix des choses et, semblablement, rien n'est plus propre à émouvoir qu'une témérité réfléchie. Écrit par un étourdi Corydon se fût réduit à une affaire de mœurs; mais si l'auteur en est ce rusé Chinois qui pèse tout, le livre devient un manifeste, un témoignage dont la portée dépasse de loin le scandale qu'il provoque. Cette audace précautionneuse devrait être une « Règle pour la direction de l'esprit »; retenir son jugement jusqu'à l'évidence et, lorsque la conviction est acquise, accepter de payer pour elle jusqu'au dernier sou.

Courage et prudence : ce mélange bien dosé explique la tension intérieure de son œuvre. L'art de Gide veut établir un compromis entre le risque et la règle; en lui s'équilibrent la loi protestante et le non-conformisme de l'homosexuel, l'individualisme orgueilleux du grand bourgeois et le goût puritain de la contrainte sociale; une certaine sécheresse, une difficulté à communiquer et un humanisme d'origine chrétienne, une sensualité vive et qui se voudrait innocente; l'observance de la règle s'y unit à la quête de la spontanéité. Ce jeu de contrepoids est à l'origine du service inestimable que Gide a rendu à la littérature contemporaine : c'est lui qui l'a tirée de l'ornière symboliste. La deuxième génération symboliste s'était persuadée que l'écrivain ne pouvait traiter sans déchoir que d'un très petit nombre de sujets, tous fort élevés, mais qu'il pouvait, sur ces sujets bien définis, s'exprimer n'importe comment. Gide nous a libérés de ce chosisme naïf : il nous a appris ou réappris que tout pouvait être dit – c'est son audace – mais selon certaines règles du bien-dire – c'est sa prudence.

De cette prudente audace procèdent ses perpétuels retournements, ses oscillations d'un extrême à l'autre, sa passion d'objectivité, il faudrait même dire son « objectivisme » – fort bourgeois, je l'avoue –, qui le fait chercher la Raison jusque chez l'adversaire et se fasciner sur l'opinion d'autrui. Je ne prétends point que ces attitudes si caractéristiques puissent nous être profitables aujourd'hui, mais elles lui ont permis de faire de sa vie une expérience sévèrement menée et que nous pouvons assimiler sans aucune préparation; en un mot, il a vécu ses idées; l'une surtout : la mort de Dieu. Je n'imagine pas qu'un seul croyant d'aujourd'hui ait été conduit au christianisme par les arguments de saint Bonaventure ou de saint Anselme; mais je ne pense pas non plus qu'un seul incroyant ait été détourné de la foi par les arguments contraires. Le problème de Dieu est un problème humain qui concerne le rapport des hommes entre eux, c'est un problème total auquel chacun apporte solution par sa vie entière, et la solution qu'on lui apporte reflète l'attitude qu'on a choisie vis-à-vis des autres hommes et de soi-même. Ce que Gide nous offre de plus précieux, c'est sa décision de vivre jusqu'au bout l'agonie et la mort de Dieu. Il eût pu, comme tant d'autres, parier sur des concepts, décider à vingt ans de sa foi ou de son athéisme et s'y tenir toute sa vie. Au lieu de cela, il a voulu éprouver son rapport à la religion et la dialectique vivante qui l'a conduit à son athéisme final est un cheminement qui peut se refaire après lui, mais non pas se fixer par des concepts et par des notions. Ses interminables discussions avec les catholiques, ses effusions, ses retours d'ironie, ses coquetteries, ses ruptures brusques, ses progrès, ses piétinements, ses rechutes, l'ambiguïté du mot Dieu dans son œuvre, son refus de l'abandonner alors même qu'il ne croit plus qu'à l'homme, toute cette expérience rigoureuse, enfin, ont fait plus pour nous éclairer que cent démonstrations. Il a vécu pour nous une vie que nous n'avons qu'à revivre en le lisant; il nous permet d'éviter les pièges où il est tombé ou d'en sortir comme il en est sorti; les adversaires qu'il a déconsidérés à nos yeux, ne fût-ce qu'en publiant leur correspondance, ne peuvent plus nous séduire. Toute vérité, dit Hegel, est devenue. On l'oublie trop souvent, on voit l'aboutissement, non l'itinéraire, on prend l'idée comme un produit fini sans s'apercevoir qu'elle n'est rien d'autre que sa lente maturation, qu'une succession d'erreurs nécessaires qui se corrigent, de vue, partielles qui se complètent et s'élargissent. Gide est un exemple irremplaçable parce qu'il a choisi. au contraire de devenir sa vérité. Décidé abstraitement à vingt ans, son athéisme eût été faux; lentement conquis, couronnement d'une quête d'un demi-siècle, cet athéisme devient sa vérité concrète et la nôtre. A partir de là les hommes d'aujourd'hui peuvent devenir des vérités nouvelles."

(Les Temps Modernes, No 66, mars 1951
repris dans Situations, IV, NRF, Gallimard 1964)

jeudi 4 avril 2013

Les évènements d'avril



Du 6 au 28 avril 2013 l'exposition « André Gide – André Malraux 1921 > 1951 : 30 ans d'amitié » s'installe au musée Estienne de Saint Jean, à Aix-en-Provence. Il s'agit de la reprise de celle présentée en septembre 2012 à la mairie du XIème arrondissement de Paris par Jean-Pierre Prévost qui a rassemblé un très grand nombre de documents pour retracer les parcours des deux hommes, leurs origines, leurs œuvres et bien sûr leur amitié.

Gide/Malraux
1921>1951
30 ans d'amitié
Exposition proposée par la Fondation Catherine Gide et Jean-Pierre Prévost, avec le soutien de l'association Amitiés Internationales André Malraux et l'association des Amis de Pontigny-Cerisy.
Musée Estienne de Saint Jean (musée du Vieil Aix)
17 rue Gaston de Saporta
Aix-en-Provence
Ouvert tous les jours sauf le mardi
Jusqu'au 14 avril : 13h30 à 17h
A partir du 15 avril : 10h-12h30 et 13h30-18h







Montauban accueille du 2 au 18 avril 2013 le premier acte des manifestations « Albert Camus, notre contemporain » à l'occasion du centième anniversaire de la naissance de l'auteur, qui se prolongeront plus amplement encore lors des « 23e Lettres d’Automne » qui auront lieu du 18 novembre au 1er décembre.
Parmi les nombreuses projections, expositions, rencontres et lectures, citons la venue de Claude Sicart lundi 8 avril à 18h30 à la Librairie « La femme renard » pour parler de la Correspondance Albert Camus - Roger Martin du Gard qui sortira à l'automne chez Gallimard.
Claude Sicart et Maurice Petit liront aussi quelques-unes des lettres de Camus et Martin du Gard, et des extraits de leur discours de Stockholm, lors de la réception du Prix Nobel.


Albert Camus, notre contemporain
1er ACTE : du 2 au 18 avril 2013
Montauban & Tarn-et-Garonne





Mardi 9, mercredi 10 et jeudi 11 avril à 20h30 au Théâtre Espace 44 de Lyon, fabrika karabinova et la Cie Scolopendre présentent PROJET M, un spectacle de danse inspiré du Prométhée mal enchaîné de Gide.


PROJET M
Danse de corps, d’ombres et d’objets par Ephia
Composition électroacoustique par Laurent Grappe
Inspiré du texte d’André Gide, Le Prométhée Mal Enchaîné




Les éditions Alexandrines ont déjà consacré un volume à Gide dans la collection « Les Ecrivains vagabondent » et l'évoquent dans cinq guides de la série « Sur les pas des écrivains » (Balade en Calvados, en Seine-Maritime, dans le Gard, le Var, à Nice...). Dans un nouveau volume dédié à la Corse, on le croisera sur les pentes du Monte d'Oro... Gide a en effet séjourné en Corse en août 1923, août 1930 et deux jours en septembre 1931.

La Corse des écrivains, par Thierry Ottaviani
Editions Alexandrines, Paris, mars 2013,
ISBN 978-2-912319-73-9, 256 p. 14,50€





Mardi 16 avril à 22h35, nos amis Belges auront la chance de voir le documentaire réalisé en 2005 par Peter Jan Smit sur l'amitié entre André Gide et Jef Last : « Jef Last, l'ami hollandais ». Un documentaire de 75 minutes diffusé par la chaîne La Trois de la RTBF qui retrace les grandes étapes des relations entre ces deux hommes que tout opposait et le contexte des luttes des années 30 jusqu'à l'après-guerre.

mercredi 3 avril 2013

Quoi de neuf ?


La page des ressources en ligne compte désormais 349 documents recensés. Parmi les douze derniers liens ajoutés : La (re)lecture du mythe chez Thésée d'André Gide par Renata Lopes Araujo, Les confiseries d'un enfant du siècle par Sylvie Patron, Gide et Tagore par Anne-Marie Moulenes, Gide et Dostoïevski par Carl Vikner, André Gide littérateur, artiste et idéologue par Adam Brandt, ou la revue Littérature consacrée en 2006 à Charles du Bos.

Autre nouveauté importante : si vous êtes l'auteur d'une étude, d'un texte sur Gide, ou en lien avec les études qui le concernent, et que vous souhaitez le publier sur internet, e-gide peut vous aider. Qu'il s'agisse d'un document sur papier, d'un fichier Word ou de tout autre format, n'hésitez pas à me contacter pour le mettre en forme et le rendre disponible sur le net. Seule obligation : il doit être d'accès gratuit (mais possibilité de copyright ou licences Creative Commons).

Si vous ne trouvez pas le sujet qui vous intéresse dans les ressources en ligne, un moteur de recherche spécifique au blog permet désormais de fouiller parmi les quelques 550 billets. Cette nouvelle barre de recherche se trouve dans la colonne dans droite juste sous le logo Facebook.

Facebook justement : le groupe compte désormais un peu plus de 130 membres. Il continue de diffuser chaque jour des informations sur les mentions de Gide dans la presse, sa présence dans l'actualité éditoriale, les évènements, spectacles, conférences, expositions... Il permet aussi d'échanger entre ses membres autour de sujets d'actualité, aux étudiants et aux chercheurs de trouver des réponses à leurs questions... N’hésitez pas à nous rejoindre.

Une partie de l'activité du groupe Facebook se reflète dans le fil Twitter qui s'affiche en direct en haut à gauche du blog. De ce côté ce sont 70 abonnés qui suivent l'actualité gidienne.

Enfin une page Biographie démarre tout doucement : il ne s'agit pas de recopier les biographies déjà disponibles partout sur le net mais de reconstituer peu à peu l'agenda jour par jour de la vie de Gide. Un vaste chantier qui en est aux fondations, et au stade du brouillon en attendant de prendre la forme d'une "timeline" dès que les données en ligne seront en assez grand nombre...


mardi 2 avril 2013

Au fil du Journal de l'abbé Mugnier (3/3)




En récoltant les médisances et la bêtise des salons dans son Journal, l'Abbé Mugnier fait des portraits cruels mais souvent exacts. Ainsi le 24 juillet 1924 il relève l'assurance de la princesse Bassiano qui lui parle de la revue qu'elle va financer, Commerce, et « qui aura pour directeurs Fargue, Paul Valéry et Larbaud ; elle-même aura le droit d'élimination. C'est ainsi que Gide n'y écrira pas. » Gide y publiera Dindiki en 26, son Essai sur Montaigne en 29 et Oedipe en 30.

Voici Claudel retour du Japon lors d'un déjeuner chez Mme Pierlot le 15 avril 1925 :

Claudel nous parlait de Gide qui est poussé à écrire ce qui l'horrifie, à se mettre dans toutes les postures, et il fera paraître, sous le titre : Si le grain ne meurt, des mémoires où il dira tout, et ce sera affreux. Dans la préface d'Armance de Stendhal, Gide a parlé de sa femme. Ses rapports avec sa femme, c'est le problème épouvantable.
Claudel nous racontait tenir de Gide lui-même le fait suivant : un protestant avait un tel besoin de se confesser, de se raconter qu'il écrivait ses fautes et faisait ensuite du papier une boulette qu'il avalait, c'était à la fois une pénitence et une communion.

Son Journal est aussi le lieu où l'abbé soulage sa conscience. Le 28 avril 1925 il se désolidarise des positions de l'Action Française :

On n'imagine pas la grossièreté de l'Action française. Léon Daudet traite tout le monde d'assassins, d'abrutis, de péteux, etc. Et les suppositions les plus graves ! Et ça se dit chrétien ! Jugements téméraires, calomnies : tout est bon, pour soutenir des idées politiques et satisfaire les passions de même ordre. Charles Maurras se met de la partie et traite Briand de « poisson décomposé ». Je trouve que la France périt de ses divisions, périt de sa presse, périt de ses parlementaires, de ses bavards, périt de son orgueil, périt des jérémiades perpétuelles.

Mais cela ne l'empêche pas de déjeuner douze jours plus tard avec Léon Daudet et de le trouver « intéressant, parce que très vivant mais rien d'un homme d'Etat, rien d'un vrai chrétien ; avec cette face réjouie de bon vivant, il tuerait tous ceux qui le combattent. »

Le 6 janvier 1927 il est à nouveau question du « mal » de Gide chez Morand qui prend la défense de l'écrivain :

Chez M. et Mme Paul Morand, 3, avenue Floquet. Il y avait là Mme de Béhague, J.-E. Blanche, Lucien Daudet, Pierre Brisson, etc. Paul Morand a fait l'éloge des Faux-monnayeurs de Gide. Un renouveau littéraire. Gide est parti à la suite du Charlus de Proust disait-il. Jusque-là Gide ne disait rien de son mal, Mme Gide l'ignora jusqu'à la conver­sion de Ghéon (car Ghéon en était atteint lui aussi). Gide, disait Blanche, est triomphant dans son dernier livre Si le grain ne meurt. Il n'a pas eu d'ennuis avec les siens.
André Germain, m'a dit encore Jacques-Emile Blanche, en a voulu à Proust de parler de ce mal, en en montrant le côté répugnant.

Le 13 mai de la même année, Arthur Mugnier assiste à une projection du film de Marc Allégret Voyage au Congo dans les bureaux du Journal, entre Rachilde et Pol Neveu :

Après le repas, un film dans l'immense salon dont le plafond est peint. Il représentait (le film) le voyage au Congo d'André Gide. Des noirs travaillant, dansant, des négresses aux seins palpitants, des nègres aux derrières bien visibles mais l'œil s'habitue bien vite à ces nudités exotiques

Il aime se faire raconter par Paul Valéry sa rencontre avec Pierre Louÿs et André Gide. Lors d'un dîner chez Félix de Vogüé le 26 février 1930, ce dernier montre à l'abbé une lettre daté de 1892 dans laquelle Gide demande l'appui de son père, Melchior de Vogüé, « pour lui et quelques jeunes écrivains. » Le 6 mars 1931, un autre fils, celui d'Hofmannsthal, dit combien son père aimait la littérature de Gide et que le dernier livre qu'il lisait avant de mourir était Entretiens avec André Gide de Charles du Bos... « Je voudrais refaire mon éducation métaphysique », conclut l'abbé au sortir d'une conférence de Julien Benda en avril 1931 où il croise Gide pour la dernière fois :

André Gide m'a reconnu en partant et m'a rappelé « saint Paul, arête du poisson » mot qu'il citera, m'a-t-il dit*.

Un mois plus tard , un médecin lui confirme qu'il va peu à peu perdre la vue. « Ma vie était de lire. Je suis mort. » Il démissionne et s'en suit une année sans notes. Mais les diners en ville continuent avec Valéry, Mauriac, Cocteau, Montherlant, Céline, et bien sûr chez les Noailles ou la princesse Bibesco. Il rouvre son Journal en 1933. En mai 1934 il va à Hasparren rendre visite à Francis Jammes, qui n'a pas grand chose de nouveau à raconter :

Puis il a été question de Gide très porté sur le catholicisme. Il est très imprégné du diable. Il est habité. Il y a en Gide un grand divorce entre le corps et l'âme. Dans sa maison, en Normandie, il avait fait représenter des suppliciés de toutes sortes, sur les cheminées. Parmi les ameublements de lanternes peintes.

Le 10 décembre 1938 l'abbé Mugnier relit son Journal et met le lecteur en garde :

[...] un lecteur qui ne connaît pas ma vie s'imaginera en me lisant que je me promenais chaque jour, que je déjeunais et dînais ici et là, que je lisais beaucoup et que c'était là toute mon existence. [...] Je proteste contre cette assertion. Ma vie de prêtre a été des plus actives. J'ai baptisé, marié, prêché confessé, catéchisé, assisté aux offices, mené la vie d'un vicaire. […] Je ne m'en fais pas gloire mais je ne veux aussi scandaliser personne.

Le 27 novembre 1939, Mme de Castries a offert à l'abbé un gâteau d'anniversaire avec quatre-vingt-six bougies. Dans cette dernière entrée de son Journal, l'abbé Mugnier écrit : « L'enthousiasme a été le meilleur de ma vie ». Il mourra le 1er mars 1944 à l'âge de quatre-vingt onze ans.



Journal de l'abbé Mugnier. 1879-1939

Texte établi par Marcel Billot 
Préface de Ghislain de Diesbach 
Notes de Jean d'Hendecourt

Coll. Le Temps retrouvé, Mercure de France, 1985






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* Gide le répétera en effet fin 1931, et la Petite Dame le consignera. Cf première partie.