jeudi 31 décembre 2015

Schwob, Mauriac et le besoin de Dieu


Juste avant la lettre à François Porché parue dans la NRF de janvier 1929 (voir ce billet), André Gide publie une autre réponse, celle faite à René Schwob au sujet de son livre Moi juif. Livre posthume (Plon et Nourrit, 1928). René Schwob fait partie de ces nombreux convertis énumérés par Mauriac dans ses Nouveaux Mémoires intérieurs, comme échappés d'un Radeau de la Méduse, version Bœuf sur le toit :


« Mais ce n'est pas l'histoire de ce temps, ni celle de ce milieu que je raconte, c'est la mienne. Je retiens seulement que de cette bacchanale montait une vapeur funeste et qu'il n'est pas étonnant que demeuré chrétien, même quand je cédais à la folie commune, j'aie éprouvé aussi l'angoisse de l'homme averti qui sait que la peste est à bord et quel est le vrai nom du maître d'équipage. Je me suis souvent dit que le mouvement de conversions au catholicisme qui se multiplièrent alors, surtout autour d'André Gide, ressemblait à un sauve-qui-peut : Dupouey, Ghéon, Copeau, Du Bos, René Schwob... Je les voyais quitter le bateau où l'alcool, la drogue, favorisaient « les erreurs étranges et tristes » et s'enfuir à la nage. Et moi ? me réveillerai-je un jour en pleine mer, coupé à jamais de Dieu, perdu à jamais ? » (F. Mauriac, Nouveaux Mémoires intérieurs, Flammarion, 1985, p. 406)

Ce n'est pas seulement pour rapprocher ce Mauriac se rêvant pélagique du célèbre passage des Faux-monnayeurs  (« J'ai souvent pensé [...] qu'en art, et en littérature en particulier, ceux-là seuls comptent qui se lancent vers l'inconnu. On ne découvre pas de terre nouvelle sans consentir à perdre de vue, d'abord et longtemps, tout rivage. Mais nos écrivains craignent le large; ce ne sont que des côtoyeurs. ») que cette citation nous intéresse.



En 1931 dans Bonheur du chrétien Mauriac reviendra sur la lettre de Gide à René Schwob – à qui il fera aussi référence dans Dieu et Mammon, paru au Capitole en 1929, livre-réponse à une autre lettre de Gide parue en 1928 dans la NFR... sur laquelle nous reviendrons bientôt. Déplaçant le « besoin » de Dieu de l'âme au corps, Mauriac montre qu'il connaît mal la « physiologie » gidienne :

« Pour certains, soumis à l'impulsion victorieuse de la chair, le Christianisme existe encore, mais il est inerte : instrument nécessaire à quelques natures, inutile à d'autres, prétendent-ils, en tout cas, tel qu'un appareil dont il est bon d'user selon ses besoins, précieux aux timides, aux hésitants, aux vacillants ; mais ceux qui peuvent marcher seuls n'ont pas à en tenir compte : c'est ce qu'André Gide, dans une lettre à René Schwob, appelle le ne-pas-en-sentir-le-besoin. Ainsi l'exigence n'appartiendrait qu'à l'homme, qu'à la passion de l'homme. L'hypothèse n'est pas même envisagée d'une vérité elle aussi exigeante, souverainement, amoureusement exigeante.
Au vrai, à ne considérer que le texte de la lettre à Schwob, le ne-pas-en-sentir-le-besoin est, en réalité, le ne plus-en-sentir-le-besoin, puisque Gide écrit : « Il est certain qu'après l'avoir « violemment éprouvée (cette contradiction) « en moi-même durant une longue période de jeunesse (et même « avec quelques rechutes plus tard) « j'y ai mis bon ordre par la suite... »
Y mettre bon ordre... Oui, sans doute, cela est donné à l'homme, le droit au refus lui appartient.
Dieu disparaît avec la faim que vous aviez de lui, vous le dites. Mais vous dites aussi qu'il vous a fallu du temps pour le réduire au silence. » (F. Mauriac, Souffrances et bonheur du chrétien, Grasset, 1931)

Il nous a donc paru intéressant de donner la version de cette lettre telle qu'elle a paru dans la NRF du 1er janvier 1929, en introduction à celles sur le même sujet, parues un an plus tôt et adressées à François Mauriac, lettres que nous donnerons prochainement :


« LETTRES

I
A RENÉ SCHWOB1

Cuverville, 17 novembre 1928.

. . . . . . . . . . . . .
« Le miracle qui fait le grain de blé devenir épi... » (p. 33). L'impiété serait de cesser d'admirer ce que nous avons reconnu naturel. Mais cet amour que vous mettez dans le grain de blé, (« le grain de blé a beaucoup d'amour ») vous l'enlevez à Dieu. Et comment ne voyez-vous pas le danger d'assimiler la vie chrétienne à un phénomène naturel. Vos lignes mêmes qui suivent donnent bien à entendre que l'effort du chrétien va à l'encontre de la nature ; et ne pas aussitôt le reconnaître vous entraîne à cette absurdité : « Ne pas songer à soi — ne pas chercher son propre intérêt. Détester son plaisir. » — L'absurde n'est pas de penser cela ; d'écrire cela ; mais de le penser et de l'écrire à propos du grain de blé, qui, pour s'entendre avec vous, ne pourrait croître et devenir épi qu'en renonçant à lui-même, à son intérêt, à son plaisir. Vous ne trouverez, dans la Nature entière, que précisément la recherche du plaisir ; et la grandeur du Christianisme est précisément de s'opposer à la Nature. Pour adorer le Christ il faut résolument tourner le dos à Cérès.

Au seuil de votre livre je me heurte à cette inconsciente et naïve tricherie de votre pensée. Et puis, si vous voulez imiter le grain de blé, que signifie cette crainte, cette horreur des actes qui nous sont communs avec les ânes et les pourceaux ? Ne flairez pas dans ce que je vous en dis une apologie sournoise de la luxure. Mais vraiment la phrase de Saint François de Sales (p. 136) est bouffonne. Laissez donc le Naturel à Montaigne, à Gœthe et aux Grecs. Le Chrétien doit accepter de s'y opposer et chercher à tirer à lui l'histoire naturelle ne peut que lui jouer de mauvais tours.

Vous me prêtez, de-ci, de-là, des pensées bien absurdes, qui n'ont jamais été miennes. Je n'ai jamais cru être d'accord avec le Christ lorsque je cédais au désir. Et je ne vois pas une ligne de mes écrits qui puisse autoriser cette affirmation. Tout au contraire, je sais fort bien que je ne puis me rapprocher du Naturel, et de Gœthe et du paganisme, qu'en m'écartant du Christ et de son enseignement. Je ne protesterais point s'il ne s'agissait ici que de moi ; mais il importe de reconnaître que tout ce qui appartient au Christ est du domaine sur-naturel. La question, pour moi, est précisément de savoir si le naturel n'est pas préférable, et s'il exclut toute idée d'abnégation dans l'amour, de sacrifice, de noblesse et de vertu, dont je ne puis me passer ; de savoir s'il est nécessaire, pour obtenir de soi la vertu, d'admettre une mythologie dogmatique (qui du reste n'est nullement dans l'enseignement même du Christ, mais a été inventée après coup) que ma raison, donnée par Dieu, ne peut admettre ?

Réduire le paganisme grec aux idylles de Théocrite, si exquises soient-elles, y pensez- vous vraiment ? Mais cela vous permet d'écrire : « Comment un Gœthe, un Gide, peuvent-ils s'y réduire ? » Et effectivement, ni Gœthe, ni moi-même, vous ne pouvez nous réduire à cela. Mais lorsque vous écrivez, après avoir relu les Magiciennes et les Syracusaines : « Les onze cents pages des Karamazov m'ont semblé moins longues », — qui louez-vous ? est-ce Théocrite, ou Dostoïevsky ? Et qu'est-ce que cela veut dire ? sinon qu'il est plus long (et votre livre le prouve du reste) de lutter contre le naturel que d'y céder.

Au surplus, je ne prétends dire rien de tout ceci contre vous ; car tout ce que j'exprime ici vous le reconnaissez fort bien vous-même, lorsque vous parlez d'une « contradiction perpétuelle et pathétique à la lâche disponibilité de nos sens ». Cette contradiction même alimente le drame, et sans elle, nous autres littérateurs, nous nous sentirions quelque peu à court. Il est certain néanmoins qu'après l'avoir violemment éprouvée en moi-même durant une longue période de jeunesse (et même avec quelques rechutes, plus tard) j'y ai mis bon ordre par la suite, pour pouvoir porter ma vigilance ailleurs — j'ajoute : « avec plus ou moins de succès » car, pour l'amour du ciel, n'allez pas voir là de la vantardise, et me comparer à un aveugle qui se persuade qu'il y voit clair parce qu'il a jeté son bâton...

J'ai toujours eu pour vous beaucoup d'estime et de sympathie : je sens mieux encore, en vous lisant, combien elles étaient bien placées ; ne croyez point que votre éloignement de moi vous les enlève ; au contraire, il me paraît que certain vacillement de votre pensée avait besoin de ce Credo qui fait aujourd'hui votre force ; ne voyez aucune ironie dans cette phrase, je vous en prie, non plus qu'aucune infatuation dans le ne-pas-en-sentir-le-besoin.
1. A propos du livre de René Schwob : Moi Juif. »
(NRF, 16e année, n°184, 1er janvier 1929, p.57-59)

lundi 28 décembre 2015

L'auteur qui n'ose pas dire son nom ?

Fin 1927* paraît L'amour qui n'ose pas dire son nom, dont la couverture était barrée par l'éditeur d'un bandeau portant le sous-titre suivant : « La première offensive contre la sodomie littéraire ». L'auteur, François Porché, explique dans sa préface : « J'ai conçu le dessein de parler des amours singulières, des formes inverties du désir, dans leurs rapports avec la littérature de mon temps (Marcel Proust, Oscar Wilde, Paul Verlaine et Arthur Rimbaud, Walt Whitman, André Gide...) »

André Gide note le 2 janvier 1928 dans son Journal : « Ecrit une réponse au livre de François Porché ; où je ne dis pas le dixième de ce que j'aurais à dire. C'est une flèche que je crains d'alourdir. Il est bon de laisser entendre qu'on en a d'autres dans son carquois. Au demeurant, ce n'est pas contre Porché que je tire, et j'espère qu'on le comprendra. »

Soucieux de faire paraître rapidement cette réponse et de lui donner une audience large, plus large que celle de la NRF, Gide va la porter tout aussitôt à Maurice Martin du Gard, alors directeur des Nouvelles Littéraires. Martin du Gard consigne cette rencontre dans le second tome de ses Mémorables. Je l'ai donnée ici même il y a quasiment un an tout juste, et j'ajoutais en note cet épilogue :

« Il renonce décidément à répondre à Porché », note la Petite Dame le 10 février 1928. « Les choses intéressantes que tout de même je disais dans cette lettre que j'ai bien fait de retirer, je les mettrai peut-être en appendice à Corydon » explique Gide à la Petite Dame. Sa réponse sera publiée un an plus tard dans La N.R.F. de janvier 1929, puis dans l'appendice de Corydon à partir de la réédition de 1929 (avec la réponse de François Porché, datée du 2 janvier 1929). 

Je m'appuyais pour cela sur la notice de Corydon dans l'édition de la Pléiade de 2009 (information reprise également par F. Lestringant dans sa biographie de Gide). Or, ouvrant récemment l'édition « augmentée » de 1929 de Corydon (NRF, achevé d'imprimer du 27 avril 1929 par Emmanuel Grévin à Lagny-sur-Marne), je m'aperçois que la lettre de Gide ne figure pas encore dans les Appendices, mais seulement celle de François Porché, suivie par celle de Léon Kochnitzky.

Profitons de cette petite correction bibliographique pour en apporter une autre : contrairement à ce qu'on peut lire dans la même notice de Corydon dans l'édition de la Pléiade (p.1181), dans la biographie de Gide par F. Lestringant (t.2, p.401) ou sous la plume de Mirande Lucien et Patrick Cardon (Eekhoud, un illustre uraniste, p.91) François Porché est bien son véritable nom, et non un pseudonyme de François Chagrin. C'est en fait l'inverse : François Chagrin est le pseudonyme pris par François Porché pour ses premiers poèmes.


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* achevé d'imprimer le 10 novembre 1927 pour Bernard Grasset

samedi 19 décembre 2015

Carlo Rim, Martin du Gard et les tas de Gide


 
M. Gaston Picard voudrait qu'on envoyât à l'Elysée un Président ami des lettres, sinon un écrivain. Pourquoi ne pas constituer tout de suite (c'est le moment) un ministère de « concentration littéraire » ? Voici donc, rassemblé autour de M Doumergue, le premier ministère des lettres. On reconnaît de droite à gauche : M. Clément Vautel, garde des Sceaux ; M. André Gide, président du Conseil sans portefeuille ; M Francis Carco, ministre de l'Intérieur ; M. Dorgelès, ministre de la Guerre (la dernière) ; M. Mac Orlan, sous-secrétaire d'Etat des P. P. T. (Phonographe, Photographie, Télévision) ; M. Abel Hermant, ministre de l'Instruction publique ; M. Dekobra, ministre du Commerce ; M. Francis Jammes, ministre de l'Agriculture ; M. Jean Cocteau, ministre de la Marine et M. Léon Daudet, ministre de l'Air...



Carlo Rim, de son vrai nom Jean Marius Richard, était un dessinateur de presse connu aussi pour ses romans, essais, scénarios et films. Il travaillera notamment avec Marc Allégret sur le film Zouzou (1934). Rim raconte à ce sujet comment, André Gide étant absent, Allégret l'installa dans la chambre de l'écrivain pour qu'il termine les dialogues du film.

Rim consigne quelques-uns de ses souvenirs dans Mémoires d'une vieille vague (Gallimard, 1961). On y trouve aussi des caricatures comme il en donnait dans les Nouvelles littéraires, pour lesquelles il avait inventé le personnage de « Monsieur Virgule ». Un personnage que Roger Martin du Gard appréciait davantage que les caricatures de Gide, si l'on en croit Rim :

« Martin du Gard ne lisait guère que la NRF et les Nouvelles Littéraires où je publiais alors, fort régulièrement, mes « bandes » de Monsieur Virgule et des caricatures d'écrivains. 
- J'aime beaucoup Monsieur Virgule, me disait-il, mais je n'aime pas votre Gide. Vous n'avez pas su l'attraper. Je dois dire que ce n'est pas facile. Gide n'est jamais ressemblant. Cela tient sans doute à ce fait qu'il doit exister des tas de Gide. Pour ma part, je ne suis pas très sûr de les connaître tous. »
(Carlo Rim, Mémoires d'une vieille vague, Gallimard, 1961, p.44)


André Gide par Carlo Rim
(in Mémoires d'une vieille vague, Gallimard, 1961, p.122)

samedi 12 décembre 2015

Formuler Gide

Souvent lorsqu'on me demande « Pourquoi Gide ? » et que je dois rassembler rapidement quelques grandes idées autour de Paludes, du Journal et d'une biographie à faire bredouiller un Lestringant sur 2000 pages, je me dis qu'une formule serait bien pratique. Le « contemporain capital » a pris un sérieux coup de plomb dans l'aile depuis que BHL l'a attribué à Glucksmann...

Eh bien, en voici une qui me plaît assez : Gide est de ces auteurs qui « nous inspirent des considérations sans cesse reprises et rendent inépuisablement intelligents les mortels qu’ils ont initiés à leur musique. »

Merci à François Mauriac* pour son aide.



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* « Car dès cet âge-là nous disputions, mes frères et moi, des mérites comparés de la comtesse de Ségur et de Zénaïde Fleuriot, avec la même passion que plus tard de ceux de Corneille et de Racine, puis de Bourget et de Barrès, pour atteindre enfin au stade que je n’ai plus quitté où Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé, Gide et Proust nous inspirent des considérations sans cesse reprises et rendent inépuisablement intelligents les mortels qu’ils ont initiés à leur musique. » F. Mauriac, Mémoires intérieurs, Flammarion, 1985, p.228)

André Gide en Grèce, en 1939

Le 26 janvier 1939, Gide embarque à Marseille pour l'Egypte, puis la Grèce :

« Sans doute irai-je rejoindre Robert Levesque en Grèce, au moment des vacances de Pâques. Rien ne me rappelle à Paris avant mai. Me voici libre, comme je ne l'ai jamais été ; libre effroyablement, vais-je savoir encore "tenter de vivre" ?... » (Journal, 26 janvier 1939).

Fin mars, Gide rejoint Robert Levesque qui occupait alors un poste d'enseignant au collège de l'île de Spetsai. Et c'est ainsi que le dernier chapitre des Carnets d'Egypte sera consacré à... Delphes. On sait toutefois peu de choses de ce second séjour de Gide en Grèce (le premier avait eu lieu en 1914 dans des conditions assez similaires : Gide rentrait de Turquie et nous étions déjà à la veille d'un guerre).

C'est essentiellement par le Journal de Robert Levesque et quelques lettres qu'on peut reconstituer ce séjour au pays de Corydon. L'extrait du Journal de Georges Seferis que nous a signalé notre ami Patrick Chartrain est donc des plus intéressants :

« Dimanche 16 avril 1939 …
Mercredi dernier, j’ai fait la connaissance d’André Gide. Je ne cesse de songer à lui. Ce matin au réveil, je me suis souvenu d’une phrase de lui. Tandis que nous parlions de la vie intellectuelle dans les pays enrégimentés et de la façon dont tout y dépérit, je lui demandai où en était la poésie en Russie. Il me répondit d’une voix attristée : « Ils ont un grand poète, Boris Pasternak, mais il finira par se suicider, comme Maïakovski… » … Gide est d’une apparence tout unie, les lignes et aspérités ne se dévoilant que plus tard dans la conversation. Une vie ayant pris sa forme définitive, une fois fait le choix ultime. Plus trace de son « inquiétude » juvénile ni du climat des Nourritures. Pourtant, une exceptionnelle fraîcheur de sentiment et d’attention… Cette rencontre m’a donné l’impression que, dans l’horreur de ma vie actuelle, j’avais soudain fait un long voyage. En quittant Gide, je ne pouvais m’empêcher de penser à nos demi-dieux et à l’impression de désolation qu’on éprouve à les fréquenter. Je ne cessais de songer à cette voix si sûre, s’exprimant sans crier, sans s’accompagner de coups de poing sur la poitrine, à la vivacité du regard, à la profonde maîtrise de son art par le créateur. Et aussi, cette chose stupéfiante : la facilité de nous entendre par un mot, un silence, avec ce vieillard étranger de 70 ans si soudainement survenu parmi nous. Quand Dimaras parla de Cavafis, Gide demanda à quel genre poétique il appartenait. « Lyique », dit Dimaras, « didactique », ajoutai-je. Gide me lança un regard curieux, puis, quand Dimaras eut lu « La Ville », il me dit : « Je comprends maintenant ce que vous voulez dire par le mot didactique. » Quand il n’était pas d’accord, il soulignait son désaccord par une affirmation où le doute se mêlait à l’affirmation « Très certainement, ça doit être comme ça », et qui s’abîmait dans une infinité de points de suspension. Une race qui se perd. »
(Georges Seferis, Journal, p. 169-170)

vendredi 20 novembre 2015

Vente Christie's de livres et manuscrits


Belle vente Christie's de livres et manuscrits le 2 décembre prochain, avec notamment une correspondance inédite entre Maeterlinck et Florence Perkins, une autre de Montherlant, ou cette superbe version encore inconnue des cahiers manuscrits du Diable au corps, portant les corrections de Cocteau. Cocteau grâce à qui ce manuscrit est arrivé entre les mains de Roland Saucier, dont on retrouve dans cette vente d'autres pièces de la collection, comme ces ouvrages de Gide ou à lui adressés :

Lot 53
Léon-Paul FARGUE (1876-1947). Pour la musique. Poëmes. Paris: NRF, 1914. In-4 (240 x 180 mm). Reliure mosaïquée à "décor rayonnant" signée Paul Bonet (Desmules relieur, Collet doreur) et datée 1955, maroquin vert, box mastic et box violet, doublure et gardes de veau gris clair, dos lisse, couverture et dos conservés, chemise et étui assortis.
Provenance: André Gide (exemplaire nominatif et envoi) - Roland Saucier

ÉDITION ORIGINALE avec l'achevé d'imprimer daté du 1er février. Exemplaire imprimé sur Japon pour André Gide et portant l'envoi autographe signé de Léon-Paul Fargue :"affectueusement". Lhermitte 242; Bonet Carnets 1090.
Couverture et dos légèrement tachés. Dos de la chemise fané.
Estimation : 10.000-15.000€



Lot 54
André GIDE (1869-1951). 1889-1895. Sans lieu ni date [Paris : Arnold Naville, 1931]. In-8. Reliure janséniste de maroquin noisette signée Semet et Plumelle, dos à nerfs, encadrement intérieur de filets dorés, tranches dorées, couverture et dos conservés, étui assorti.
Provenance: Roland Saucier.

ÉDITION ORIGINALE du premier cahier de son journal tirée à seulement 7 exemplaires, celui-ci justifié n° I par Gide au justificatif avec ses initiales. RARISSIME. Naville CXLVIII.
Estimation : 3.000-5.000€




Lot 55
André GIDE (1869-1951). Amyntas. Mopsus. Feuilles de route. De Biskra à Touggourt. Le Renoncement au voyage. Paris: Société du Mercure de France, 1906. In-12 (169 x 112 mm). Broché. Chemise de demi-maroquin bleu nuit signée P.-L. Martin et étui assorti.
Provenance: Madeleine Gide (envoi) -- Roland Saucier.

ÉDITION EN PARTIE ORIGINALE. Feuilles de route avait paru chez Vandersypen en 1899. Tirage à 350 exemplaires sur vergé d'Arches. Précieux exemplaire portant, sur le faux titre, l'ENVOI AUTOGRAPHE SIGNÉ À MADELEINE [Gide] "ceci soit l'exemplaire de Madeleine, son André Gide". Talvart 20A
Quelques rousseurs. Dos passé.
Estimation : 6.000-9.000€


Lot 56
André GIDE (1869-1951). Les Nourritures terrestres. Paris: Société du Mercure de France. 1897. Reliure de maroquin havane signée P. -L. Martin et A. Paris Dor., non datée, double filet doré en encadrement, dos à nerfs orné, doublure de même maroquin avec roulette dorée, doubles gardes, tranches dorées sur témoins, couverture imprimée et dos conservés, étui assorti.
Provenance: Alfred Vallette (envoi) -- Roland Saucier.

ÉDITION ORIGINALE. Un des 12 exemplaires sur Hollande van Gelder, second papier après trois sur Japon impérial. Celui--ci, non numéroté, est enrichi d'un ENVOI AUTOGRAPHE SIGNÉ de l'auteur à Alfred Vallette, fondateur du Mercure de France.

BEL EXEMPLAIRE, TRÈS FRAIS ET À GRANDES MARGES. Talvart 7A.
Estimation : 8.000-12.000€


Lot 57
André GIDE (1869-1951). Lettre autographe signée à Pierre Louÿs. Datée "lundi minuit" [début juin 1895]. Encre sur papier. 8 pages in-16 (155 x 100 mm) sur 2 feuillets in-8 repliés au chiffre PG [pour "Paul [Guillaume André] Gide"] à froid. Avec enveloppe, suscription "Monsieur Pierre Louys / 1 rue Grétry / Paris".
Provenance: Roland Saucier.

BELLE ET LONGUE LETTRE SONNANT LA RUPTURE DÉFINITIVE ENTRE GIDE ET LOUŸS. Elle fut publiée pour la première fois en avril 1973 dans le Bulletin des amis d'André Gide (n° 18, pp. 5-8).

"[…] Quand nous nous rencontrerons dans la vie et ce sera je pense très souvent car nous avons tous deux le vif amour des nobles choses - lorsque nous nous rencontrerons je serrerai ta main si tu la tends, ou te tendrai la mienne - car il est inutile et fâcheux de donner nos incompréhensions en spectacle - mais ne parle plus d'amitié entre nous […] et je t'assure qu'il m'est très dur […] de me soustraire à ton étreinte, qui si longtemps me fut la meilleure […] Je mets beaucoup de torts de mon côté mais ce qui m'a définitivement peiné ce fut de voir que tu me connaissais assez pour prendre ces torts pour autre chose que des maladresses […] Depuis mercredi soir l'angoisse puis la douleur m'ont complètement privé de sommeil […] et bien qu'un narcotique m'ait complètement grisé et que j'écrive comme en rêve, j'ai voulu l'écrire aussitôt pour ceci: l'ensevelissement de ma mère a lieu demain mardi à midi - je compte sur ta délicatesse et sur ta dignité pour n'y pas venir […] "

[On joint, du même :] - Un télégramme adressé depuis Biskra à "Pierre Louis Hôtel Paris Séville" [1894]: "Impossible rester plus longtemps sans te voir....". Le presse de le rejoindre à Biskra. (Déchirures.)- Une lettre autographe signée à Jules Huret datée "Dimanche" [27 avril 1895]. 2 pages in-12 sur un feuillet replié. Encre sur papier. Au sujet d'un article de Huret à propos du Voyage d'Urien. [Et:] - [Pierre LOUŸS]. Un télégramme signé "Méléagre" adressé à "André Gide Beauséjour" et daté du 4 juillet 1894, le prévenant de son arrivée prochaine.
Estimation : 3.000-5.000€


Lot 91
[André GIDE (1869-1951)]. Corydon. Quatre dialogues socratiques. 1920. In-8 (198 x 140 mm). Broché, couverture imprimée de papier Japon rempliée.
Provenance: bibliothèque d'André Gide.

SECONDE ÉDITION EN PARTIE ORIGINALE parue anonymement et tirée à seulement 21 exemplaires sur papier à chandelle, tous hors commerce. Celui-ci le n° 18 provenant DE LA BIBLIOTHÈQUE D'ANDRÉ GIDE.
Publiés pour la première fois en 1911 sous le titre C.R.D.N., ces "dialogues socratiques" font l'objet, en 1920, d'une nouvelle édition augmentée et imprimée, comme l'originale, sans nom d'auteur et non mise dans le commerce. Il faut attendre 1924 pour que Corydon paraisse pour la première fois en librairie à la NRF.

PRÉCIEUX EXEMPLAIRE de ce texte que Gide, "soucieux du bien public", avait remisé dans un tiroir pendant huit ans et qu'il se décide à réimprimer, persuadé "que ce petit livre, pour subversif qu'il fût en apparence, ne combattait après tout que le mensonge". Talvart 27-B; Lhermitte 273.

Quelques rousseurs.
Estimation : 4.000-6.000€


Lot 122
Raymond RADIGUET (1903-1923). Les Pélican. Pièce en deux actes illustrée d'eaux-fortes par Henri Laurens. Paris: Éditions de la galerie Simon Kra, 1921. In-folio (327 x 225 mm). 7 eaux-fortes originales dont 2 en pleine page et une en couverture. Broché, couverture illustrée.
Provenance: bibliothèque d'André Gide.

ÉDITION ORIGINALE de cette pièce en deux actes, représentée pour la première fois au Théâtre Michel le 24 mai 1921, et tirée à 112 exemplaires signés par l'auteur et l'illustrateur.
Un des 10 exemplaires de tête sur Japon, celui-ci le n° 2, portant l'ENVOI AUTOGRAPHE SIGNÉ DE RADIGUET À ANDRÉ GIDE " à monsieur André Gide / avec mon admiration / Raymond Radiguet. 20 juin 1921". Carteret Illustrés IV, 330 ("Belle édition rare"); Lhermitte 501.

PRÉCIEUX ET BEL EXEMPLAIRE.
Estimation : 4.000-6.000€


Vente aux enchères mercredi 2 décembre 2015 à 14h309, avenue Matignon, 75008 Paris

Exposition publique
Vendredi 27 novembre de 10h à 18h
Samedi 28 novembre de 10h à 18h
Lundi 30 novembre de 10h à 18h
Mardi 1er décembre de 10h à 18h
Mercredi 2 décembre de 10h à 12h



Assemblée générale des Amis d'André Gide

Information importante à tous les membres de l'AAAG :

En raison des consignes ministérielles données suite aux attentats, l'Ecole Alsacienne n'est cette année pas en mesure d'accueillir l'assemblée générale de l'Association des Amis d'André Gide.

Celle-ci est néanmoins maintenue samedi 21 novembre : rendez-vous est donné à tous les membres à 14h30 devant l'Ecole Alsacienne pour rejoindre tous ensemble le nouveau lieu mis à notre disposition non loin de là.

dimanche 15 novembre 2015

Nouvelles ressources en ligne


Deux nouveaux mémoires intègrent les Ressources en ligne : « L’amour humain et l’amour divin dans La porte étroite et La symphonie pastorale d’André Gide », par Aleksandra Cvorovic, et « De l’influence en littérature, étude de la pastorale au tournant des XIXe et XXe siècles. Les œuvres de jeunesse d’André Gide (de Paludes à L’Immoraliste) et Le Serpent d’étoiles de Jean Giono », par Adrien Rovillain. 

Si vous aussi vous souhaitez partager vos recherches sur e-gide, n'hésitez pas à me contacter. Il est possible de faire un lien depuis un texte déjà en ligne , ou de me confier directement un fichier qui sera converti en pdf et mis en ligne.

Le centenaire de Roland Barthes a été l'occasion de plusieurs mentions de Gide dans la presse et sur internet. Signalons la création des Barthes studies, « open-access, independent, peer-reviewed journal for research in English on the work of Roland Barthes », dont le premier volume a été publié le 12 novembre et contient un article de Sam Ferguson intitulé «Forgetting Gide: A Study of Barthes’s ‘Ursuppe’» qui a donc rejoint lui aussi les Ressources en ligne.

Autre initiative en ligne très importante et utile, l'Observatoire de la vie littéraire, propose de nombreuses ressources numériques sur la critique en littérature ancienne et contemporaine. On y trouvera 381 occurrences gidiennes dans 69 documents, dont les principales sont désormais recensées sur e-gide. 

Quelques exemples : le Livre des Masques de Gourmont, qui faisait jusqu'ici défaut mais trouve sa place dans cette excellente édition numérique, tout comme les articles des Livres du Temps de Paul Souday, des Notes sur Le roi Candaule de Ghéon ou une critique de Du Bos sur Un homme heureux, de Schlumberger.

Il y a désormais 386 ouvrages, mémoires et articles recensés dans les Ressources en ligne.




vendredi 6 novembre 2015

De trois parutions




Présentation de l'éditeur :
Tenter de communiquer l’incommunicable, c’est se frotter à un paradoxe. Car si le langage est général, le « fond de l’âme » est singulier, et seule est authentique l’expérience vécue dans le silence. Vouloir la dire, c’est se livrer au code des signes quotidiens ; quant à la taire, comme disait Sartre, « ce n’est pas être muet, c’est refuser de parler, donc parler encore ». Si l’on ne sort pas du langage, ne pourrait-on en faire un usage différent, souverain, non assujetti aux normes de l’échange – trouver un langage qui ferait semblant de dire quelque chose mais qui ne communiquerait rien que de l’incommunicable ? Fondé sur de nombreux documents inédits, le présent ouvrage analyse comment, par l’élaboration d’un simulacre de langage ou « pur média », Klossowski parvient à dépasser les tergiversations de Gide, hésitant à dire ou à taire son uranisme, les fureurs de Bataille ou Sade, assimilant destruction et pureté, pour retrouver enfin l’innocence nietzschéenne créatrice de dieux.

Toute la première centaine de pages de cette étude est consacrée à Gide, dans un chapitre intitulé « Gide ou la parrhésie ». L'auteur y rappelle les relations entre Pierre Klossowski et, au-delà du seul Gide, ce qu'il nomme « la galaxie gidienne ». Un univers qui le marquera profondément. Slaven Waelti verse à son très intéressant dossier de nombreuses lettres, dont une inédite.

A noter que ce livre est disponible en version papier au prix de 46,42€ et en version numérique à télécharger gratuitement sur le site de l'éditeur.

La parution de cet ouvrage est l'occasion de signaler une autre que nous n'avions pas encore mentionnée, en juin dernier, d'un numéro de la revue Europe consacré à Pierre Klossowski, et qui complète la connaissance de son œuvre dans toute sa diversité :


 

Les Editions Alexandrines ont déjà fait paraître plusieurs « guides littéraires pour voyager sur les pas des écrivains » dans lesquels on croise Gide : Le Calvados des écrivains, La Seine-Maritime des écrivains, Balade dans le Var, Le Gard des écrivains, Balade à Nice, ainsi qu'un fascicule consacré à Gide dans la collection « Les écrivains vagabondent ».

Voilà Gide non pas en haut de l'affiche, mais en haut de la couverture du dernier volume paru :



 Présentation de l'éditeur :

Ce livre se propose de décrire les événements les plus emblématiques de cette relation entre la Ville lumière et certains auteurs homosexuels, français ou étrangers, dont le rayonnement s'étend bien au-delà d'une audience "gay et lesbienne"pour atteindre une portée universelle.

Les liens réels et imaginaires entre Paris, la littérature et la transgression sexuelle sont anciens. C'est un Parisien, Baudelaire, qui invente le terme de "lesbienne". Ce sont des Parisiennes de naissance ou d'adoption comme Colette ou Renée Vivien qui, les premières, mettent en scène l'homosexualité féminine dans leurs écrits. Un Parisien, encore, Marcel Proust, place l'homosexualité masculine au coeur d'une des oeuvres littéraires les plus importantes du XXe siècle.

Plus tard, lors du mouvement de libération "gay et lesbien", des auteurs théoriseront la transformation des mentalités et des comportements que connaît un monde homosexuel essentiellement parisien.

samedi 31 octobre 2015

BAAG 187/188


Le Bulletin des Amis d'André Gide, numéro double 187/188, quarante-huitième année, de juillet-octobre 2015, vient de paraître. Il recueille les interventions prononcées lors des Journées Catherine Gide en avril dernier au Lavandou, qui avaient pour thème « Autour du tableau de Van Rysselberghe Une lecture », auxquelles s'ajoutent un texte de Nicole Tamburini et un autre de Jean Claude.





Au sommaire :

Jean-Pierre PRÉVOST : Histoire d’un tableau
Nicole TAMBURINI : Une Lecture, portrait de groupe ou peinture d’histoire ?
Peter SCHNYDER : L’art de bien faire : Gide entre Verhaeren et Van Rysselberghe
Raphaël DUPOUY : Cross et Van Rysselberghe : Itinéraires
Claire PAULHAN & Joan U. HALPERIN : Félix Fénéon : Faire de cent personnages des fantômes
Jean CLAUDE : Gide et Maeterlinck
Pierre MASSON : Gide, Ghéon, Griffin : trois hommes dans un tableau
Ambre FUENTES : Gide à la mode ?

Jef LAST : Mon ami André Gide (suite)

Chronique bibliographique

Varia et Vie de l’Association

Cotisations et abonnements 2016

Pour ne manquer aucun BAAG ni aucune des publications de l'Association des Amis d'André Gide : adhérez à l'association ! 
 

Carte et lettre à Michel Levesque

Les Autographes des siècles proposent une carte et une lettre de Gide à Michel Levesque :




André GIDE (1869.1951).
Carte autographe signée à Michel Levesque.

Une page in-12° au verso d’une carte postale représentant le village de Roquebrune dans les Alpes-Maritimes.

« La Souco-
14 février 1930.

Votre père me fait part de votre désir, qui me flatte très cordialement. A mon retour à Paris je regarderai s’il reste encore un exemplaire d’Un Esprit non prévenu; mais je crains bien que le livre, tiré à peu d’exemplaire, ne soit épuisé. Ah ! que je voudrais avoir pu m’embarquer avec les Chadourne et vous rejoindre. Ça sera pour l’an prochain j’espère ! Mais je vous aurai revu en France d’ici là. Les Bussy, dont je suis l'hôte, me chargent pour vous d'affectueux messages. Bien amicalement votre

André Gide »

Prix : 450€


André GIDE (1869.1951).
Lettre autographe signée à Michel Levesque.

Une page in-12°. Pontigny, 28 août 1939. Enveloppe autographe.

« Mon cher Michel, Ta bonne lettre de ce matin, que ton frère [Robert Levesque] me communique, devance celle que je voulais t’écrire, car depuis ton départ je pense à toi bien tendrement. Encore que nous n’ayons pas pu beaucoup nous parler, lors de ce dernier revoir, je me suis senti très près de toi, te comprenant à demi-mot ou même lorsque tu gardais le silence. Je voudrais que de sentir mon affection te soutienne parfois et t’aide à supporter sans trop de découragement ce temps d’épreuve. Bonne patience, mon cher petit. Je t’embrasse bien fort. André Gide. »

Prix : 450€


A signaler aussi, toujours chez le même vendeur :


André GIDE (1869.1951).
Carte autographe signée au poète Yves-Gérard le Dantec.

Une page in-12° au verso d’une carte postale représentant une vue de Berlin.

Berlin. 31 octobre 1932.
« Baudelaire eût été bien inquiet de ce monument qui se prépare. »

Gide accepte de s’associer au projet d’un monument à la mémoire de Baudelaire.

« Cher Monsieur, veuillez excuser un voyageur, et croire que mon silence au sujet des livres que je reçois n’est nullement signe d’indifférence. Baudelaire eût été bien inquiet de ce monument qui se prépare. Mais comment ne pas accepter de faire partie d’un comité en son honneur ? J’accepte donc que mon nom y figure et vous remercie d’avoir songé à moi. »

Paul Valéry présida ce Comité à la mémoire de Baudelaire qui fit réaliser en 1933 un buste du poète par Félix Fix-Masseau, inauguré seulement en 1941 dans le jardin du Luxembourg, à Paris.

Yves-Gérard le Dantec publia le Tome II des Œuvres complètes de Baudelaire pour la bibliothèque de la Pléiade.

Prix : 750€
Lien

samedi 24 octobre 2015

Vente de la bibliothèque de Pierre Bergé


Annoncée depuis longtemps, la vente de la bibliothèque de Pierre Bergé débute par une première session vendredi 11 décembre à Drouot. « Ce n'est pas facile de se séparer d'amis de plus de 40 ans ! Et quels amis ! je les aime tous, de saint Augustin à André Gide, même si j'ai un faible que je ne saurais cacher pour Flaubert », explique ainsi l'homme d'affaires dans sa préface au catalogue.

Une exposition itinérante d'une centaine de pièces donne quant à elle un aperçu de la bibliothèque qui rassemble 1600 livres, partitions musicales et manuscrits du XVe au XXe siècle. Mais cette première vente présente 150 ouvrages couvrant six siècles, des Confessions de saint Augustin, imprimées à Strasbourg vers 1470, jusqu’au Scrap Book 3 de William Burroughs, paru en 1979.

On y trouvera le manuscrit autographe des Cahiers d’André Walter, accompagné de trois enveloppes portant des adresses de la main de Pierre Louÿs, Le Voyage d'Urien adressé à Henri de Régnier, un exemplaire sur grand papier de Paludes offert « à Monsieur Stéphane Mallarmé, notre maître très vénéré. » ou encore un exemplaire de l’édition originale de L’Immoraliste (1902) portant un envoi à Léon Blum. Mais aussi quelques livres envoyés à Gide par Bernanos, Cocteau et Céline.







Lot 107
GIDE, André.
[Les Cahiers d'André Walter.] Sans lieu ni date [1890].

Manuscrit autographe de 272 ff. in-8 ou in-12, écrits au recto et numérotés à l'encre par l'auteur
[124 ff. chiffrés de 1 à 122 pour le Cahier blanc ; (1) et 147 ff. chiffrés de 1 à 143 pour le Cahier noir] : maroquin janséniste aubergine, dos à nerfs, coupes filetées or, doublures de maroquin vert ornées, en encadrement, d'un filet doré et de deux listels mosaïqués de maroquin émeraude, gardes de soie verte, tranches dorées (Vermorel).

Précieux manuscrit autographe complet du premier livre d'André Gide.
Bien que dépourvu de titre, il offre l'intégralité du texte des Cahiers d'André Walter, prêt pour l'impression, tel qu'il fut établi par Gide à l'intention de l'imprimeur Deslis, à Tours. Le manuscrit présente plusieurs passages rayés et quelques corrections. Le principal personnage féminin de cette autobiographie déguisée, Emmanuèle, porte encore ici le prénom de la future épouse d'André Gide, Madeleine : le nouveau prénom a cependant été indiqué au crayon noir, en surcharge, sur quelques feuillets.

 On a relié au début du volume le manuscrit autographe de Pierre Louÿs, signé des initiales P.C. (Pierre Chrysis), de la fameuse Notice imprimée en tête de l'édition originale (3 feuillets in-4, repliés, à l'encre violette).

“Quand Gide, à l'âge de vingt et un ans, écrivit ses Cahiers d'André Walter, ses relations avec Pierre Louÿs étaient encore assez bonnes pour qu'il lui demandât de se prêter à une petite comédie. Gide voulait faire passer André Walter pour un jeune romantique dont la raison avait sombré et qui était mort avant d'avoir pu publier ses Cahiers. Pierre Louÿs (…) se chargea donc de présenter cette pseudo-œuvre posthume au public. Mais cette préface ne fut maintenue qu'en tête de la première édition, publiée par la Librairie Perrin. Par la suite, elle fut supprimée” (Bibliothèque nationale, André Gide, 1970, n° 123.- Voir aussi la longue notice de Pascal de Sadeleer sur un autre manuscrit de la Notice, in Bibliothèque littéraire R. Moureau et M. de Bellefroid , 9 et 10 décembre 2004, Pierre Bergé & Associés, n° 794).




On trouve à la fin du volume trois grandes enveloppes de papier bleu, avec marques postales, portant trois adresses soigneusement calligraphiées par Pierre Louÿs : celle de l'improbable André Walter, “chez Mr André Gide, à la Roque-Beynard [sic], par Cambremer (Calvados)” ; celle de Gide (“Uzès, Gard”) ; et enfin celle de Maurice Quillot, à Paris, arborant, à la manière d'un testament, quatre grands sceaux à la cire rouge et noire. Ces trois enveloppes, qui contenaient peut-être le manuscrit des Cahiers et de la Notice, étaient sans doute destinées à rendre plus crédible la petite supercherie littéraire.

Les Cahiers d'André Walter furent mis en vente le 27 février 1891. L'édition Perrin déplut à Gide, qui la jugeait incorrecte et en fit envoyer l'essentiel au pilon. Quelques dizaines d'exemplaires de presse échappèrent à la destruction, mais ils furent le plus souvent négligés en raison de l'absence de notoriété de l'auteur. Quant au tirage de tête, il n'en subsiste qu'un exemplaire sur papier de Chine et deux sur Japon. Un exemplaire de cette édition originale, découvert par hasard, séduisit Maurice Barrès qui fit faire à Gide son entrée dans le monde littéraire, le présentant notamment à Mallarmé. Une édition dite “de luxe” annoncée dans l'originale fut effectivement publiée, mais à la Librairie de l'Art indépendant, à qui Gide avait parallèlement confié la publication des Cahiers.

Manuscrit exceptionnel, d'un grand intérêt littéraire : il marque les débuts d'André Gide, le futur “Contemporain capital”.

Dos de la reliure uniformément passé.

Estimation :100 000 / 150 000 €


Lot 112
GIDE, André.
Le Voyage d'Urien. Paris, Librairie de l'Art indépendant, 1893.
In-8 carré : cartonnage à la Bradel, pièce de titre de maroquin rouge, non rogné, couvertures illustrées conservées (Paul Vié).

Édition originale : elle est dédiée au poète Henri de Régnier.

Tirage limité à 300 exemplaires numérotés (nº 3), plus quelques exemplaires sur Chine et sur Japon. Ce voyage du Rien est une odyssée ironique, écrite “en réaction contre l’école naturaliste”. Quelques jeunes gens en quête de “glorieuses destinées” s’embarquent pour un périple allégorique qui débouche dans les déserts glacés de la stérilité.

31 lithographies originales du peintre Maurice Denis.

Le Nabi est parvenu à se libérer de toute servitude descriptive pour mieux investir le texte en créateur. Les lithographies sont tirées en deux tons, sur fond tantôt ocre, tantôt vert pâle. Elles sont quasiment les seules que Maurice Denis ait produites. Il fut, semble-t-il, peu attiré par la pratique de la gravure originale dans le livre. La mise en page dénote un grand raffinement dans les espaces, les initiales et les images. La couverture imprimée est également illustrée.

Le Voyage d’Urien est un des grands livres illustrés dans la tradition du livre de peintre inaugurée par Édouard Manet, Charles Cros et Stéphane Mallarmé en 1874-1875. La collaboration entre le peintre et l’auteur fut des plus étroites. “Ce livre est la trace la plus accentuée du symbolisme, la ratification par les Nabis du principe du livre de dialogue” (Yves Peyré).

Précieux exemplaire de dédicace avec, sur le faux titre, cet envoi autographe signé :
à Henri de Regnier
son ami
André Gide.

Les deux écrivains furent longtemps très liés. De cinq ans son aîné, Régnier fut l'une des admirations littéraires de Gide. Ensemble, ils voyagèrent en Bretagne ; durant ce périple, en 1892, Gide composa son Voyage d'Urien qu'il lui dédia.

Ils devaient se brouiller en raison d'un article que Gide consacra à La Double Maîtresse dans La Revue Blanche en mai 1900, article dans lequel l'écrivain ne ménageait pas ses critiques. Blessé, Régnier ne pardonna jamais l'affront et resta sourd aux tentatives de réconciliation de celui qu'il regardait désormais comme “un médiocre prosateur à la médiocrité prétentieuse”.

Fidèle en dépit du ressentiment, André Gide accorda aux vers de Régnier une place remarquée dans son Anthologie de la poésie française parue en 1949.

Estimation : 20 000 / 30 000 €


Lot 114
GIDE, André.
Paludes. Paris, Librairie de l'Art indépendant, 1895.
Grand in-8 carré : broché, couvertures grises rempliées, plat supérieur imprimé.
Édition originale.

Elle a été publiée à compte d'auteur, à un tirage restreint : 400 exemplaires, plus 9 exemplaires hors commerce – 6 sur papier de Chine et 3 sur papier vert. Le premier des 6 exemplaires de tête sur papier de Chine, justifié avec la lettre “a”.

Le roman ou plutôt la sotie, pour reprendre le terme que Gide affectionnait, est une satire enjouée des cénacles parisiens et du climat oppressant des milieux symbolistes dans laquelle Gide ne s’épargne pas lui-même.

Le retentissement de Paludes fut quasi nul, mais la vogue du nouveau roman devait contribuer à sa fortune littéraire. L'œuvre si “moderne” du point de vue formel a été consacrée par Roland Barthes dans Le Plaisir du texte, puis placée par Nathalie Sarraute au rang des “cinq ou six œuvres les plus importantes de notre temps”.
Précieux exemplaire de Stéphane Mallarmé.

Envoi autographe signé sur le faux titre :
à Monsieur Stéphane Mallarmé
notre maître très vénéré
André Gide

“Sit Tityrus Orpheus”
Virgile

Le don de l'auteur manifeste une admiration profonde envers le maître dont l'extrême exigence était la règle de vie et d'écriture, et dont le disciple pressent qu'il est “le poète qui a décidé de la modernité”.


Toutefois, chez Gide, l'admiration ne saurait être sans réserve, à tel point que dans Paludes même, “M. Mallarmé” est nommément cité à plusieurs reprises sur le mode ironique ou sarcastique.

La lettre de remerciement de Mallarmé pour “l'offre de l'exemplaire A de Paludes”, en date du 21 juillet 1895, relève à peine la “goutte aigrelette et précieuse d'ironie”, pour ajouter : “Merci de l'affectueux honneur qu'y soit mon nom.” Et, pour l'essentiel, la forme novatrice de l'œuvre ne lui a pas échappé : “Vous avez trouvé, dans le suspens et l'à-côté, une forme qui devait se présenter et qu'on ne reprendra pas.”

Frank Lestringant observe finement combien Gide n'a jamais été aussi empressé auprès du maître, ni si proche de lui que durant cette période où il s'émancipait du symbolisme. Ce que le biographe nomme le complexe du fils prodigue : “En face de ce père d'élection, Gide se rend et se sent coupable, infiniment coupable, mais c'est pour être d'autant mieux aimé et favorisé de lui.”

Quant au vœu exprimé en latin à la fin de l'envoi, “Sit Tityrus Orpheus”, il renvoie au sens premier de Paludes. En effet, l'ouvrage est inspiré de deux vers de Virgile à propos de Tityre, le berger des Bucoliques : celui-ci, bien que possédant un champ “plein de pierres et de marécages”, est heureux de son sort. Qu'il en soit de même pour le Poète livré à la solitude et au confinement.

Bel exemplaire tel que paru, broché. Dos fendillé, habilement restauré.

Estimation : 60 000 / 80 000 €


Lot 120
GIDE, André.
L'Immoraliste. Paris, Mercure de France, 1902.
In-12, demi-toile brique à la Bradel, initiales “LB” dorées en queue, non rogné, couvertures conservées (reliure de l'époque).

Édition originale.

Tirage unique à 300 exemplaires sur vergé d'Arches.

“Le chef-d'œuvre de Gide, d'une lumineuse cruauté” (Charles Du Bos).

Bien accueilli par la critique, “le livre, s'il ne conquit pas à Gide la grande notoriété que lui vaudraient plus tard La Porte étroite et Les Caves, consacra son originalité et sa maîtrise aux yeux du public lettré” (En français dans le texte, Paris, 1990, n° 330).

Plus tard, le régime de Vichy accusa l’Immoraliste, non seulement l’ouvrage mais l’auteur ainsi surnommé, d’avoir corrompu la jeunesse.

“Le succès précédent de Gide, Les Nourritures terrestres, eut plus d'influence sur la jeunesse, mais il est somme toute vague et sirupeux. Ici les tendances destructrices implicites dans l'obsession païenne du corps, l'homosexualité latente que le désert fait ressortir, sont annonciatrices de certains aspects de sa propre vie, si profondément modifiée par sa rencontre avec Wilde et Douglas” (Connolly).

Précieux envoi autographe signé :
à Léon Blum
son ami
André Gide

Superbe provenance.

André Gide et Léon Blum (1872-1950) se rencontrèrent en 1888, sur les bancs du lycée Henri IV, en classe de philosophie. Ils demeurèrent liés toute leur vie, partageant une même passion pour la littérature.

Exemplaire en modeste demi-reliure du temps portant, comme la plupart des livres de la bibliothèque de Léon Blum, les initiales “L.B.” dorées en pied du dos. Ex-libris Hubert Heilbronn.

Dos légèrement insolé. Petite fente sans gravité à la coiffe supérieure.

Estimation : 10 000 / 15 000 €

Lot 151
COCTEAU, Jean.
Le Coq et l'Arlequin. Notes autour de la musique. Avec un portrait de l'auteur et deux monogrammes par P. Picasso. Paris, La Sirène, Collection des Tracts, nº 1, 1918 [janvier 1919].
In-16 : broché, chemise, étui en demi-maroquin rouge.

On joint :

COCTEAU, Jean. Lettre à André Gide. Sans lieu, 1er décembre 1919.
Lettre autographe signée, 1 page in-4.
Édition originale.

Elle est ornée d'un portrait de l'auteur en frontispice reproduisant un dessin à la mine de plomb portant : “à mon ami Jean Cocteau, Picasso, 1916.”

Élégante plaquette, la première de la “Collection des Tracts” lancée par les éditions de la Sirène, imprimée par Protat. Les éditions de La Sirène publièrent trois livres de Cocteau, à l'époque où elles jouèrent un rôle important en faveur de la jeune littérature.

Dédiée à Georges Auric, cette suite de notes brèves et d'aphorismes sur la musique et l'art en général est un véritable manifeste de l'esprit nouveau où l'auteur érige en système de façon brillante les enseignements de Parade – ce premier ballet résolument moderne (1917), mis en œuvre par un quatuor légendaire : Diaghilev, Picasso, Erik Satie et Jean Cocteau.

Très amusant envoi autographe signé sur le faux titre :
a André
Gide
“Le Piano et le
papillon ”
ou
Le Coq et l'Arlequin
Son ami, de
tout cœur
Jean Cocteau
Mai 1919

Cet envoi affectueux précède de peu une des célèbres brouilles entre Jean Cocteau et André Gide, dont l'amitié avait débuté en 1912 par une lettre admirative du plus jeune à l'auteur de Paludes.

Dans cet essai, qui imposait Erik Satie et la musique nouvelle aux oreilles acouphéniques des musicologues et lettrés sortant des canonnades de la Grande Guerre, Cocteau avait cité Gide sans mettre de guillemets. Il fit amende honorable quelque temps plus tard : “Un oubli de guillemets m'enrichissant d'une phrase dite par ANDRE GIDE : La langue française est un piano sans pédales , je me fais un scrupule de signaler au lecteur cette interpolation involontaire. J.C.”

Presque aussitôt, Gide riposta dans la Nouvelle Revue française par une Lettre ouverte à Jean Cocteau dans laquelle il pointait l'incompétence musicale de l'auteur du Coq et l'Arlequin. Cocteau répliqua :

“Il y a en vous du pasteur et de la bacchante” (Les Écrits nouveaux, août 1919).

On joint une lettre autographe signée adressée par Jean Cocteau à André Gide le 1er décembre 1919 afin de mettre un terme à la controverse :
Mon cher Gide,
Je n 'ai pas lu votre dernier article et ne le lirai jamais. La consigne autour de moi est de se taire sur ce chapitre. Seul moyen de me défendre contre les bas réflexes de réponse.
Donc, rien ne me gêne pour serrer la main que vous me tendez
Votre Jean Cocteau

Estimation : 4 000 / 6 000 €

Lot 165
BERNANOS, Georges.
Sous le soleil de Satan. Paris, Plon, sans date [1926].
In-12, broché, couvertures de papier jaune imprimées, sous étui-chemise.

Édition originale.

Premier roman publié par l'auteur, Sous le soleil de Satan apporta à Georges Bernanos une notoriété immédiate. Adapté au cinéma par Maurice Pialat, Palme d'or en 1987, il reste avec Le Journal d'un curé de campagne son œuvre la plus populaire.

Remarquable envoi autographe signé au recto du premier feuillet :
à André Gide,
en témoignage de gratitude spirituelle pour tout ce que vous m'avez donné malgré vous, pour tout ce que votre lucide génie nous dispense de cette âme que vous réservez, et que Dieu seul est capable de forcer,
G. Bernanos

Surprenante reconnaissance de dette de la part de l'écrivain catholique – le peintre impitoyable du mal, de l'imposture et de la grâce – envers l'auteur de Corydon, conspué par les gardiens du Temple de l'époque.

Georges Bernanos (1888-1948) ne devait jamais cacher cette manière d'attirance-répulsion qui marqua ses rapports avec André Gide (1869-1951) : “Je défie qu'on trouve dans tous mes livres une ligne à sa louange. Il est vrai que je ne saurais partager la conviction un peu trop sommaire de Paul Claudel ou de Henri Massis, qui le croient possédé du diable, mais, loin d'être tenté de trop d'indulgence envers lui, j'avoue que je dois faire un effort pour rester juste à l'égard d'un grand écrivain – l'un des plus grands de notre littérature – et qui honore notre langue. ”

Bernanos ne cessera d'interpeller son aîné sans le nommer dans tous ses livres, jusqu'à l'ultime Monsieur Ouine (1943), portrait de l'intellectuel en décomposition dont Gide fut, de l'aveu de son auteur, la principale source d'inspiration. Il fut même le seul à prendre sa défense lorsque Gide se vit attaqué par Aragon dans les Lettres françaises en novembre 1944.

Et Bernanos de regretter à sa mort de ne jamais l'avoir rencontré.
Quant à André Gide, il fut enthousiasmé par ce premier roman de Georges Bernanos, pourtant encore proche de l'Action française à l'époque.

Couvertures légèrement usées.

Estimation : 10 000 / 15 000 €

Lot 173
CÉLINE, Louis Destouches, dit Louis-Ferdinand.
Voyage au bout de la nuit. Roman. Paris, Éditions Denoël et Steele, 1932.
Fort in-12, broché, emboîtage de toile noire.
Édition originale.

Exemplaire non justifié, imprimé sur alfa. Le tirage numéroté est limité à 10 exemplaires sur vergé d'Arches et 100 sur alfa.

Surprenant envoi autographe signé sur le faux titre :

A Monr Andre Gide
Tres respectueux et
Sincere Hommage
Louis Celine

Gide a noté à la plume, au recto du premier feuillet blanc, les pages correspondant aux passages du livre qui l'ont particulièrement marqué, et dont il a brièvement noté le sujet : 61 / 201-202 (bonté) / 274 (le bout de la nuit) / 295 / 359-60 = le cochon / 386-87 x tout ce chap. de 384 à 394 / 405 - quand tout sera dit / 407 lâcheté / 548 description x.

Une des provenances les plus improbables pour ce chef-d'œuvre de la littérature du XXe siècle.

En 1932, Céline croit encore à ses chances de décrocher le Goncourt et se démène pour la promotion de son roman. Il envoie donc très logiquement un exemplaire au “contemporain capital”. La suite est connue et l'écrivain, dont le roman a suscité une polémique inouïe, y verra l'origine de tous ses maux : “Le triomphe du Voyage m'a été aussi pénible que les cyclones de Bagatelles” écrira-t-il dans une lettre à Daragnès en 1948.

Dans une page de son Journal consacrée à la publication de Bagatelles pour un massacre, André Gide revient sur son admiration pour le Voyage : “Vous vous souvenez du raffut que firent ses deux premiers livres. La presse était éberluée et ne savait plus quel ton prendre. Certains articles s'indignaient ; d'autres s'extasiaient. (...) Une entre-lecture cursive m'avait d'abord fait considérer Mort à crédit comme fort inférieur au Voyage au bout de la nuit , que j'avais lu avec un épatement inégal, mais par moments (vers la fin du livre surtout) considérable.”

La note élogieuse, rédigée vers 1939, est d'autant plus remarquable que, dans Bagatelles (publiées à peine cinq ans après le Voyage), Gide était sévèrement malmené et ses préférences sexuelles dénoncées de manière odieuse : “Monsieur Gide en était encore à se demander tout éperdu de réticences, de sinueux scrupules, de fragilités syntaxiques, s'il fallait ou ne fallait pas enculer le petit Bédouin, que déjà depuis belle lurette le Voyage avait fait des siennes” (Bagatelles, p. 82).

Il était déjà loin le temps du “Très respectueux et sincère hommage ” à celui que Céline qualifiera désormais en privé de “cuistre tarabiscoté”…

Exemplaire parfait.

Estimation : 30 000 / 40 000 €

vendredi 23 octobre 2015

Correspondance Gide-Laurens




André Gide & Paul-Albert Laurens. Correspondance 1891-1934,  
éd. établie, présentée et annotée par Pierre Masson et Jean-Michel Wittmann, 
Lyon, PUL, 2015, 236 p., 20 €
ISBN-13 : 978-2-7297-0894-8

Composée de 130 lettres échangées entre 1891 et 1934, cette correspondance retrace l’histoire d’une amitié de jeunesse prolongée dans l’âge mûr : celle de l’écrivain André Gide et du peintre Paul-Albert Laurens (1870-1934), fils du célèbre peintre d’histoire Jean-Paul Laurens.

Au cours de leur voyage en Afrique du Nord en 1893-1894, épisode décisif longuement évoqué dans Si le grain ne meurt, et auquel les lettres ici rassemblées apportent quantité d’éclairages inédits, Laurens et Gide partagent leurs découvertes touristiques et sexuelles et nouent une relation fraternelle, au point d’en faire une des plus durables et profondes que Gide ait connues.

Cette amitié est aussi un réseau : fils unique et bientôt orphelin, Gide a trouvé, avec Paul-Albert Laurens, son frère Pierre et leurs parents, une seconde famille ; il a rencontré enfin, avec eux, un milieu d’artistes et d’écrivains qu’il n’a plus quitté.

Cahier de l'Herne Roché

Le prochain Cahier de l'Herne, à paraître le 28 octobre, sera consacré à Henri Pierre Roché, « l'insolite auteur de Jules et Jim » comme le précise le bandeau de l'éditeur. Nous avions, il y a quelques années, consacré un billet à ses ressemblances et rencontres avec Gide.

En plus de nombreuses analyses, de documents inédits, on trouvera dans ce Cahier un texte de Xavier Rockenstrocly, biographe et spécialiste de Roché, sur les rapports de Gide et Roché, ainsi que quelques lettres entre eux échangées.



jeudi 8 octobre 2015

Gide est de la revue



Le 25e Salon de la Revue a lieu ce week-end, du 9 au 11 octobre à la Halle des Blancs-Manteaux, rue Vieille du Temple dans le 4e arrondissement de Paris. Quelques 185 stands présenteront plus de 500 revues. Et cette année encore, les Amis d'André Gide et la Société Jean Malaquais feront table commune pour présenter leurs activités et publications. Pour ma part, j'y serai présent samedi après-midi et dimanche matin : c'est avec plaisir que je saluerai les lecteurs de ce blog !

Salon de la Revue, entrée gratuite vendredi 9 octobre de 20h à 22h, samedi de 10h à 20h et dimanche de 10h à 19h30. Nombreuses conférences pendant tout le week-end. Liste des associations et revues présentes et programme complet à consulter à partir du site du salon.
 

dimanche 27 septembre 2015

Vente de la bibliothèque de Stéphane Mallarmé

Le 15 octobre à Paris aura lieu la vente De la bibliothèque de Stéphane Mallarmé, par Sotheby's. Parvenus jusqu'à nous par Geneviève Mallarmé, puis son gendre Edmond Bonniot, et enfin l'exécuteur testamentaire de celui-ci, ce sont de nombreux manuscrits, lettres, belles éditions des œuvres de Mallarmé et ouvrages à lui envoyés qui seront dispersés. Il faut noter qu'à la bibliothèque de Stéphane Mallarmé lui-même, les descendants et spécialistes, dont Bertrand Marchal, auteur de la préface du catalogue, ont ajouté des pièces au fil des ans pour constituer la collection telle qu'elle se présente.

On notera ainsi trois livres envoyés par Gide au « maître » Mallarmé : les Poésies d'André Walter, les Cahiers d'André Walter, et le Voyage d'Urien. Mais aussi plusieurs lettres de Valéry, à Louÿs notamment.


Lot 47 
[Gide, André]
LES POÉSIES D’ANDRÉ WALTER. PARIS, LIBRAIRIE DE L’ART INDÉPENDANT, 1892.
In-8 carré (190 x 150 mm). Broché. Couverture blanche (bleutée sur les vélins).
Premier plat conservé, détaché et restauré, petite mouillure à l'envoi. Le "beau premier exemplaire" de Mallarmé ( 1) sur Japon.
Edition originale du premier recueil de poésies de Gide.
Exemplaire n° 1, premier des 10 sur Japon, avant 180 sur vélin teinté (Naville mentionne aussi un ou 2 exemplaires sur Chine, hors commerce). Numéroté par Gide, avec son monogramme A.W. pour "André Walter".
Envoi autographe signé sur la page de faux-titre à l’encre violette :
"À Monsieur Stéphane Mallarmé, notre maître. En hommage, André Gide".
Le lendemain de sa présentation à Mallarmé, par l'intermédiaire de Maurice Barrès, le lundi 2 février 1891 au banquet Moréas, Gide déposa rue de Rome les Cahiers d’André Walter qui venaient de paraître chez Perrin. Ce fut le début d’une amitié exemplaire. Un an plus tard, quand il reçoit cet exemplaire des Poésies d’André Walter, Mallarmé lui écrit le 17 mai 1892 : "Très rare, mon ami Gide ; ce recueil poétique d’André Walter. L’impression que je perçois, beaucoup d’un clavecin, grêle mais toujours accordé ; et cette double main, la même parfois ou de rêveur jumeaux, qui vient s’y ressouvenir, me charme particulièrement, par son duo perpétué : si aigü, si familier". Évoquant ensuite l’envoi de son disciple, il continue : "Il faut vous remercier aussi de l’attention qui me sourit en l’envoi de ce beau premier exemplaire ; donc je vous presse la main, où vous êtes…"
Références : Naville, Bibliographie des écrits d’André Gide, 1949, n° IV. -- Correspondance, V, p. 80 (voir aussi IV/1, p. 191 et n. 1).
[On joint, du même :]
Les Cahiers d'André Walter. Œuvre posthume. Paris, Librairie Académique Didier -- Perrin et Cie, 1891.
In-12. Broché. Modeste exemplaire, usagé, premier plat détaché, rousseurs.Edition originale. Le tirage très restreint de ce premier livre de Gide fut presque totalement détruit par lui. La notice signée "P.C." [Pierre Chrysis] est de Pierre Louÿs (Naville, n° I).
Probablement l'exemplaire de Mallarmé. On sait que Gide déposa un exemplaire des Cahiers d'André Walter chez Mallarmé le 4 février 1891, sans envoi, accompagné de cette lettre : "J'hésitais, Monsieur, à vous laisser ce livre, triste enfant d'une nuit d'Idumée. J'aurais voulu le protéger, près de vous par quelques paroles." Mallarmé remercia Gide (ainsi qu'en témoigne le "R" pour "Répondu" au crayon bleu sur la couverture) en l'incitant à venir à ses Mardis pour apposer une dédicace manuscrite sur l'exemplaire.
Estimation : 10.000-15.000€ 


Lot 48
Gide, André -- Maurice Denis
LE VOYAGE D’URIEN. PARIS, LIBRAIRIE DE L’ART INDÉPENDANT, 1893.
Exceptionnel exemplaire de Mallarmé. In-8 carré (201 x 190 mm). Broché, couverture rempliée. Sous chemise en demi-box à bande beige et étui bordé d'Alix.
Edition originale.
Exemplaire n° 1. Premier des 300 exemplaires sur Hollande.
Envoi autographe signé, contresigné par Maurice Denis :
"À Monsieur Stéphane Mallarmé
en hommage
André Gide
Maurice Denis
".
Premier livre illustré par Maurice Denis : un bois sur la couverture et 30 lithographies originales en camaïeu, dont 2 à pleine page.
Un des plus beaux livres illustrés symbolistes. Gide avait rencontré Maurice Denis par l’intermédiaire de Jacques-Émile Blanche et de son éditeur Edmond Bailly. Comme bien des Nabis, le jeune Maurice Denis rêvait d'approcher Mallarmé. Peut-être l’envoi de son ami Gide a-t-il aidé sa carrière, puisque un an après Le Voyage d’Urien -- peut-on y voir une conséquence de cet envoi ? -- il illustrera Mallarmé : d’abord son "Petit Air" dans la revue L’Épreuve (décembre 1994 ; voir lot 231), puis le poème Apparition mis en musique par André Rossignol, illustré en 1894 d’une lithographie aux trois couleurs de l’artiste.
Le Voyage d'Urien est un des grands livres illustrés dans la tradition du livre de peintre, inaugurée par Charles Cros et Stéphane Mallarmé en 1874. La collaboration entre le peintre et l'auteur, âgés respectivement de 22 et 23 ans, fut des plus étroites. "Ce livre est la trace la plus accentuée du Symbolisme, la ratification par les Nabis du principe du livre de dialogue" (Y. Peyré, Peinture et Poésie. Le Dialogue par le livre, 2001, p. 106).
Après la lecture de l’ouvrage, Mallarmé adresse cette lettre élogieuse à son jeune disciple : "Vous avez fait, avec Le Voyage d’Urien, quelque chose de solitaire ; qui restera, entre Poe et de rares, une de mes lectures. Je ne sache qu’on soit parti jamais, avec autant, disons, de naturel, selon un fil de fiction ténu et pur ; comme le vôtre qui mène à la totalité du Songe ! […] Or, satisfaction suprême, on est conscient du sortilège. Tel groupe de mots apparu sans faste, hante parmi les très beaux qui jamais se soient écrits. Vous deviez faire cela, Gide pensif et musical ; rien ne me surprend, excepté peut-être une prestesse et une exactitude dans les analogies, que je ne devinais à personne". Se référant au numéro de l’exemplaire, il ajoute : "comme je suis touché d’un certain numéro 1, authentique s’il cote l’admiration." A l’intention de Maurice Denis, il poursuit : "remerciez M. Denis ; sa décoration d’une étrange suavité, magistrale et ingénue !"
Parce que Le Voyage d'Urien relate notamment une chasse aux eiders le long des falaises du Spitzberg, Mallarmé demanda à Gide s'il avait fait un voyage dans les régions polaires ; à une réponse négative, Mallarmé répondit : "Vous m’aviez fait grand’peur ! Je craignais que vous n’y fussiez allé !" (Martin, I, p. 193).
Exposition : Mallarmé, Musée d'Orsay, 1998, n° 259.
Références : Naville, Bibliographie des écrits d’André Gide, 1949, VI. -- Martin, André Gide, Fayard, 1998. -- Mallarmé, Correspondance, VI, p. 102.
Estimation : 20.000-30.000€


Vente :
Jeudi 15 octobre 2015
Première session : 10h30
Deuxième session : 14h30

Exposition : 
Samedi 10 octobre 10h-18h
Lundi 12 octobre10h-18h
Mardi 13 octobre10h - 18h
Mercredi 14 octobre10h-18h


Visite au musée d'Uzès

 
Visite au musée d'Uzès


Depuis le 27 juin et jusqu'au 11 octobre, le musée d'Uzès présente une exposition intitulée « André Gide et Uzès. Aux origines de la famille Gide ». Un choix d'objets, de documents et de photographies en noir et blanc signées Jean-Pierre Loubat remplace donc l'exposition permanente dans les vitrines de la salle Gide du musée.

Mais avant d'arriver à cette salle, la dernière du musée qui fait donc un peu figure de cerise sur le gâteau de la visite, un mot des autres parties du musée. Ce n'est pas la chaleur – 29 degrés le jour de notre visite, à en croire un thermomètre posé dans un coin – qui étouffe la scénographie, mais bien le flagrant manque de moyens qui sont donnés au musée.


 Des panneaux anciens flanqués contre les murs : le musée d'Uzès 
est moins bien signalé que le musée du bonbon Haribo...

 
Sans doute est-ce là encore un signe du peu de cas qui est fait de la culture dans cette ville, toute tournée vers le tourisme de masse, avec la saleté et les arnaques qui en découlent. Au milieu des hordes de touristes qui promènent leur ennui dans les boutiques vendant de l'huile d'olive espagnole, des vêtements fabriqués au Bengladesh ou des céramiques provençalo-chinoises, les parcelles d'humanisme encore émergées comme celle-ci se font rares. Ainsi le so-called « musée » de l'industriel Haribo (en réalité une boutique d'usine avec trois attractions dignes d'un Disneyland pakistanais) est mieux signalé que le musée municipal !

On voit bien que les collections ont grandi, ont pris au fil des ans de nouvelles directions, signe d'un musée vivant et dynamique, mais qui serait comme un Bernard l'hermite à qui l'on refuserait une coquille à sa taille. Le mobilier de présentation a certes un charme vieillot, mais on a presque envie de pleurer devant la nappe en papier utilisée pour le fond de certaine vitrine. Quel admirable courage il faut pour porter tous ces trésors à bout de bras, à bout de cœur et d'intelligence !


 Le monument a la mémoire de Jacques d'Uzès, mort au Congo


Les armoires peintes, les céramiques... La chaleur de bête ne permet pas de s'attarder sur tout, hélas, comme sur cette mesure de drapier semblable à celles que les ancêtres de Gide ont pu manier. Devant le grand portrait de la duchesse d'Uzès, l'histoire de l'expédition au Congo de son fils, Jacques de Crussol, en 1892 : le jeune duc mourra là-bas à l'âge de 24 ans. Sa mère fera publier sa correspondance du Congo et érigera un monument à sa mémoire sur le parvis de la cathédrale.

Le groupe représente le duc à la proue d'une pirogue propulsée par quatre pagayeurs. Il est du sculpteur René de Saint-Marceaux (dont l'épouse Marguerite, dite « Meg » tenait le salon qui servit de modèle à celui des Verdurin). Il n'en reste que des photographies : le bronze a été fondu lors de la seconde guerre mondiale. Gide, qui a dû passer souvent près du monument, retrouvera le souvenir du jeune duc au Congo en embarquant à bord du Jacques d'Uzès pour rejoindre le lac Tchad.


 La salle Charles et André Gide


L'une des malles de Gide au Congo se trouve d'ailleurs dans la « Salle Charles et André Gide » du musée d'Uzès. Elle a été retrouvée par l'écrivain Jean-Pierre Faye, qui occupe désormais l'appartement de Gide au Vaneau, dans les caves de l'immeuble, avec tout son contenu bien plié et rangé depuis 1926 ! Dans une autre vitrine, une redingote de Gide a désormais son double de papier réalisé par l'artiste Mireille Laborie.


Les foulards offerts à Gide par la Petite Dame,
puis par Elisabeth Van Rysselberghe au musée

 
Juste au dessous, deux foulards offerts par Elisabeth Van Rysselberghe au musée en 1973. Celle-ci explique dans un petit mot que ces carrés d'étoffe lui furent offerts par Maria Van Rysselberghe, « dont l'un chinois, le bleu et blanc, date de l'exposition de 1900 ». La canne de Jammes n'est pas là : elle a fait place à l'exposition qui se concentre sur les passages de Gide à Uzès, et le travail du photographe Jean-Pierre Loubat qui est retourné sur les lieux gidiens de la cité mais aussi à la Villa des Sources, propriété de Charles Gide à Bellegarde, où le temps semble s'être arrêté...


 Le cahier de dessins du jeune André Gide


On y trouvera les portraits des Gide magistrats, l'évocation de l'appartement de la grand-mère Clémence, un acte juridique signé par Tancrède Gide, dont les états de service n'étaient pas fameux à en croire les témoignages recopiés par son fils Charles... Cela ne surprend pas : le discret Paul, le père d'André, est absent. Mais on aperçoit le visage de Marguerite de Charnisay, née Verdier de Flaux : la cousine mordue à l'épaule par le tout jeune André. Le petit André qui aimait à attraper les papillons (son filet en témoigne) mais aussi à en inventer de flamboyants dans son cahier de dessins.

Plus que quelques jours, donc, pour voir cette exposition « André Gide et Uzès. Aux racines de la famille Gide ». Mais un ouvrage du même nom, publié avec l'aide la Fondation Catherine Gide, permettra de la prolonger. On y retrouvera par exemple le texte d'une conférence prononcée en 77 à Uzès par Daniel Moutote, d'utiles tableaux généalogiques, un article de la baronne de Charnisay écrit à la mort de Charles Gide... Ce livret accompagnera la nouvelle édition du catalogue de la collection Gide du musée, pour les acquisitions 1994-2014.


André Gide et Uzès. Aux racines de la famille Gide
Exposition jusqu'au 11 octobre au Musée Georges Borias


Les catalogues André Gide et Uzès. Aux racines de la famille Gide (2015) 
et Collection André Gide, acquisitions 1994-2014 (2015), 
sont disponibles au musée et par correspondance