samedi 31 janvier 2015

Colloque « Gide et l'image »


Nos amis de Denison University, à Granville, Ohio, organisent un colloque sur le thème « Gide et l'image » en juin 2016.

APPEL À COMMUNICATIONS :

GIDE ET L’IMAGE

16-18 juin 2016
Denison University, Ohio, USA

De nature interdisciplinaire, le colloque « Gide et l’image » sollicite des travaux d’approches diverses sur l’image dans la vie et l’œuvre d’André Gide– film, portraits, illustrations, images textuelles et musicales.

Ce colloque vise à offrir une tribune aux chercheurs gidiens (doctorants, professeurs d’université, chercheurs indépendants) du monde entier pour partager leur recherche dans un cadre intime et accueillant.

Toute personne intéressée est encouragée à soumettre une proposition de communication d'environ 250 mots, en français ou en anglais, par courrier électronique d’ici le 1er avril 2015 aux deux organisatrices.
Christine Armstrong, Denison University
Armstrong[at]denison.edu

Jocelyn Van Tuyl, New College of Florida
Vantuyl[at]ncf.edu

mardi 20 janvier 2015

La Roque-Baignard n'oublie pas Gide


Le journal Le Pays d'Auge nous apprend que la commune de La Roque-Baignard souhaite donner le nom de Gide à sa place du village, et installer des panneaux commémoratifs.




Le maire de La Roque veut rendre hommage 
à son prédécesseur (photo Le Pays d'Auge)



« Il y a 115 ans, André Gide concluait son mandat de maire à La Roque-Baignard. En effet, entre 1896 et 1900, le célèbre écrivain, prix nobel de la littérature en 1947, a été maire de cette commune qui compte aujourd’hui 108 habitants selon le dernier recensement.
 
Devoir de mémoire
 
Un siècle plus tard, le nouveau maire de la commune, Pierre Frémiot, souhaite lui rendre hommage au cours de son mandat. Si une stèle à sa mémoire se trouve déjà près de la municipalité, un chemin rend aussi hommage au célèbre écrivain. En février prochain, à l’occasion du conseil municipal, le maire proposera à ses conseillers de rebaptiser la place central « place André Gide ». « C’est le minimum à faire, explique Pierre Frémiot. Elle sera inaugurée en 2015. Cela aura peut-être lieu lors de la fête des voisins ». Le maire du village ne compte pas s’arrêter là. « Je vais me rapprocher de la fondation Catherine Gide pour essayer d’avoir des panneaux en hommage à André Gide. On pourrait en installer un ou deux dans le village », précise-t-il.
 
Élu à 27 ans
 
C’est en 1896 qu’André Gide a été élu maire de La Roque Baignard. Il avait alors 27 ans. « Ses parents ont hérité du château à La Roque-Baignard dans les années 1870. Il a passé une partie de son enfance ici, même s’il est né à Paris », indique Pierre Frémiot.
 
André Gide est élu maire, à sa grande surprise, par 29 voix sur 36 votants. Dans son livre « Feuillets d’automne », il parle de son passé d’élu. « La commune était si petite qu’elle n’avait pas de mairie, raconte l’auteur. En tenait lieu la salle commune d’une de mes fermes sur le bord de la route tout près de l’église. Le fermier faisait à l’occasion office de restaurateur et chaque séance de conseil était suivie d’un plantureux repas ». « À l’époque, chacun faisait son eau-de-vie. Certains conseils municipaux n’étaient pas tristes », sourit Pierre Frémiot. Le poète, Paul Fort, venait également rendre visite à son ami.
 
En 1900, André Gide cède le château dont l’entretien est trop coûteux. Puis en 1909, il vend le reste des terres de sa propriété de La Roque-Baignard. « Une fois qu’il a vendu le château, il n’est plus revenu », précise le maire actuel de La Roque-Baignard.
 
Décédé en 1951 à Paris, André Gide a été enterré à Cuverville-en-Caux. À une petite centaine de kilomètres de La Roque-Baignard.»


dimanche 18 janvier 2015

Notre contemporain, par Pol Vandromme


« Vagabondages – pendant pour les écrivains contemporains de ce qu'a été L'Humeur des lettres pour les écrivains du passé – tranche, par son ton allègre et libre, sur l'habituelle critique professorale », peut-on lire sur la quatrième de couverture de ce recueil de critiques de Pol Vandromme, paru en 2007 aux éditions du Rocher. Et, en effet, Vandromme trousse de petits textes alertes et sans concession. 

Sur Triolet : « Tout le monde savait qu'elle avait moins de talent que son mari, mais elle était la seule à n'en pas convenir. » Sur Ernaux : « Annie Ernaux n'a rien à dire à la littérature; elle se bat les flancs pour donner à croire qu'elle lui parle d'abondance. » « Est-il possible de penser davantage le vide et le dire plus mal [qu'Ernaux] ? » Oui : « Philippe Djian en est, à juste titre, persuadé. » Même Yourcenar y passe :  « Le passé de Yourcenar n'aura pas d'avenir. La postérité n'effeuillera pas la Marguerite. »

Les lectures ici chroniquées par Pol Vandromme couvrent les décennies récentes de l'histoire de la littérature, d'Aragon, Déon, Arland, Cabanis, Céline, Beauvoir, à Delerm, Enthoven, Leys, Modiano jusqu'aux Bienveillantes, de Littell en 2006. La parution des Essais critiques dans la Bibliothèque de la Pléiade, en 1999, donne lieu à ces lignes sur Gide :


« ANDRÉ GIDE
Notre contemporain

Comment ! Un volume de La Pléiade rassemble les articles de Gide. Aurait-on oublié la phrase célèbre qui condamne à l'insignifiance, voire à l'illisibilité, cette part de l'œuvre gidienne: «J'appelle journalisme ce qui sera moins intéressant demain qu'aujourd'hui» ?

Il y a un siècle pour les premiers, un demi-siècle pour les derniers, que ces textes ont été publiés. Tout devrait confirmer la sentence qui bannissait le journalisme de la littérature : la société littéraire dans laquelle Gide a vécu est morte, une sorte de déluge l'a balayée. Or, dans ce volume, elle se trouve démentie avec constance. Ce journalisme d'écrivain, loin d'appartenir au passé, n'a pas vieilli, d'une actualité à peu près sans ride.

Mettons tout de suite une sourdine à notre étonnement. Souvenons-nous que, de son vivant (Prétextes, Nouveaux Prétextes, Interviews imaginaires), Gide avait pris lui-même l'initiative de réunir ses chroniques. La Pléiade nous propose donc, selon l'ordre chronologique, l'intégrale de ce qui fut écrit sur le sable dans des époques révolues.

Pourquoi cette durée ? Pourquoi cette jeunesse ? Les raisons sont diverses. D'abord Gide ne s'occupait que de littérature. Les questions qu'il posait sont encore les nôtres, du moins si l'exigence civilisée ne nous est pas devenue étrangère. Le monde change, mais ce qui requiert et tourmente les écrivains obéit, d'un siècle à l'autre, aux mêmes préoccupations. Qu'est-ce que la littérature ? Comment la pratiquer ? En artiste, et selon quelle forme d'art ? En propagandiste, et pour servir quelle cause ? Selon le contexte du temps, les idéologies et les esthétiques en vogue, on apportait avant-hier les réponses de la N.R.F. de Gide ou de La Revue universelle de Massis et hier celles des Temps modernes de Sartre ou de La Parisienne de Laurent. Depuis des éternités, c'est la même controverse.

Gide, ensuite, qui doutait de tout, tenait ferme à la tradition moraliste de la littérature française, en l'expurgeant de l'arbitraire dogmatique. C'était un rebelle et même un affranchi, répugnant à l'assurance sectaire. Quelle vérité ? quelle part de vérité ?, demandait-il, rejetant tout ce qui tentait de s'imposer par décret, recourant à l'ironie pour discréditer l'esprit de système.

À quoi s'ajoutait chez ce libre-exaministe un souci continuel de l'introspection, du culte du moi. Il ne cessa de parler de lui quand il semblait étudier ses confrères (de Montaigne à Dostoïevski), non pour s'affronter à eux, mais à leur contact, pour retoucher et, le plus souvent, pour fignoler son autoportrait. Les Essais critiques enchaînent, selon les années et ses humeurs, ces retouches et ces fignolages : de sa jeunesse nietzschéenne à sa vieillesse goethéenne, du symbolisme languide de ses débuts au classicisme maigre et sec de ses dernières années.

D'une intelligence ondoyante qui se dérobait lorsqu'on s'efforçait de la saisir, d'une disponibilité perpétuelle, avec des scrupules de janséniste et des contradictions dont il tirait gloire, puritain et hédoniste, aimant la littérature plus encore que les petits garçons, il n'était pas le contemporain capital, mais il demeure, si spécieux, si fuyant, si frileux qu'il ait pu être, notre contemporain.

Paul Vandromme, Vagabondages
éditions du Rocher, 2007, pp.79-81

samedi 17 janvier 2015

Gide et Barthes


La parution d'une biographie sur Roland Barthes signée Tiphaine Samoyault, au Seuil, est l'occasion de verser ici un extrait d'une interviou que celui-ci a donnée en 1977 à Bernard-Henri Lévy pour le Nouvel Observateur. Comme dans le Roland Barthes par Roland Barthes*, il y rappelle l'influence de Gide sur ses années de formation.

« BHL : "Vous avez connu Gide ?
RB : Non, je ne l'ai pas connu. Je l'ai aperçu une fois de très loin, à la brasserie "Lutétia" : il mangeait une poire et il lisait un livre. Je ne l'ai donc pas connu; mais comme beaucoup d'adolescents de l'époque, il y avait mille données qui faisaient que je m'intéressais à lui.
BHL : Par exemple ?
RB : Il était protestant. Il faisait du piano. Il parlait du désir. Il écrivait.
BHL : Qu'est-ce que cela signifie, pour vous, être protestant ?
RB : Difficile de répondre. Parce que, quand c'est vide de foi, il ne reste plus que l'empreinte, l'image. Et l'image, ce sont les autres qui l'ont. A eux de dire si j'ai "l'air" protestant.
BHL : Je veux dire : qu'en avez-vous tiré , là encore, dans votre apprentissage ?
RB : Je pourrais dire à la rigueur avec la plus grande prudence, qu'une adolescence protestante peut donner un certain goût ou une certaine perversion de l'intériorité, du langage intérieur, celui que le sujet se tient constamment à lui-même. Et puis, être protestant, c'est, ne l'oubliez pas, ne pas avoir la moindre idée de ce qu'est un prêtre ou une formule... Mais il faut laisser cela aux sociologues des mentalités, si le protestantisme français les intéresse encore."
A propos de l’œuvre confidente de Gide qui l'a beaucoup influencé, Roland Barthes considère qu'elle est une voie d'intercession, fleurdelisée d'imaginaire, - ce qu'il nomme de manière quelque peu elliptique "perversion" -, soit le récit d'une âme qui se cherche, se répond, s'entretient, se confronte avec elle-même. C'est une perpétuelle remise au point de soi-même. "Les hommes d'éducation protestante se complaisent dans le Journal et dans l'autobiographie, avait-il déjà expliqué dans ses fameuses " Notes sur André Gide et son Journal" ; outre que la nature morale les obsède et à leurs yeux les excuse de se mettre en avant, ils trouvent dans la confession publique une sorte d'équivalence de la confession sacramentelle. Ils font cela aussi par la nécessité d'abaisser en grand un orgueil qu'ils ont bien reconnu comme le péché capital ; c'est enfin qu'ils croient toujours pouvoir se corriger. »

(A quoi sert un intellectuel, Nouvel Observateur, 19 janvier 1977)

Notons que le centenaire de Roland Barthes donnera lieu à plusieurs événements cette année dont une exposition à la Bibliothèque nationale de France, la parution d'un album conçu par Éric Marty, des rencontres, colloques et rééditions (télécharger le programme complet des manifestations en pdf).




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* Il explique n'avoir jamais rencontré Gide mais l'avoir aperçu « un jour de 1939, au fond de la brasserie Lutétia, mangeant une poire et lisant un livre » (Roland Barthes par Roland Barthes, coll. Ecrivains de toujours, Seuil, 1975, p. 81)

samedi 10 janvier 2015

Biskra, miroir du désert

Un membre du groupe Facebook nous signale la réédition revue et augmentée du livre de Mohammed Balhi, Biskra, miroir du désert, aux éditions ANEP, que nous avions évoqué lors de sa première parution en 2011. Quatre pages y sont consacrées à André Gide.




(Merci à Jacques Henri de Menetou pour ses photographies)

On peut relire ici un article paru lors de la première publication dans le journal algérien Liberté et un article du Soir d'Algérie.