samedi 30 mars 2013

347.000 euros pour le portrait de Gide

Le portrait de Gide peint en 1892 par Jacques-Emile Blanche qui a récemment refait surface lors d'une vente aux enchères a battu des records : estimé entre 40 et 50.000 euros, il s'est envolé à 280.000 euros (346.976 euros frais compris) !

Lors de la dispersion des biens de Cuverville le 12 octobre 1963, ce portrait avait été acheté 11.500 francs nouveaux de l'époque (autour de 15.900 de nos euros)...

C'est un record français pour Blanche, et même sa deuxième meilleure vente mondiale.

Le portrait de Porto-Riche qui faisait lui aussi partie de la collection de Gide a atteint la somme de 135.000 euros. Ce n'est donc pas seulement le sujet qui a fait s'envoler les enchères mais bien un retour sur le devant de la scène de Jacques-Emile Blanche après l'exposition que lui consacrait récemment la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent.

On ignore toutefois où le portrait de Gide se trouve désormais...

mardi 26 mars 2013

Gide au Salon du Livre

 


En visite au Salon du Livre de Paris qui s'est tenu du 22 au 25 mars, 
on ne pouvait pas manquer d'y chercher la présence de Gide.

Au stand Gallimard bien sûr, où en plus de la quasi totalité des titres
dans les étagères, on avait fait le choix de mettre celui-ci en avant sur les tables.

Ou cette somme bien utile sur l'histoire de la NRF.

Côté poésie, le tout récent volume de poèmes de Kabîr
traduits par Gide ne manquait pas.

Après avoir salué notre ami Alain Goulet, venu partager l'histoire 
de Lise, sa grand-mère, au stand des éditeurs normands...

... on se réjouit de voir que parmi les piles des "Grandes biographies"
de Flammarion, celle de Gide signée Frank Lestringant est la plus diminuée !

 
On trouve encore cet amusant rapprochement sur les tables des P.U.L.,
les petites plaquettes bleues dans les caisses en bois de Fata Morgana,
ou la serrure jaune des "Clé Concours" de l'éditeur Atlande...

L'exposition pour les 60 ans du Livre de Poche rappelait enfin que c'est
La Symphonie pastorale qui fut le premier volume de Gide publié 
en 1955 dans la collection lancée par Henri Filipacchi en 1953.

Et donnait à voir les couvertures résolument populaires dont celles
signées Fontanarosa pour les Faux-Monnayeurs et les Caves du Vatican

lundi 25 mars 2013

Deux carnets du Journal en vente




Encore une vente importante à signaler mercredi 3 avril par l'étude Étude Néret-Minet, Tessier et Sarrou. Parmi de nombreux livres et manuscrits, au lot 208, deux carnets du Journal d'André Gide pour une partie des années 1934 et 1935. Carnets auxquels Martine Sagaert n'avait pas pu avoir accès pour la dernière édition du Journal dans la Bibliothèque de la Pléiade et qui présentent donc plusieurs passages inédits. Estimation : 30 à 35.000 euros... Description du catalogue :

Lot n° 208
GIDE André [Paris, 1869 - id., 1951]
Ecrivain français 

Ensemble de 2 carnets autographes, format 16 x 12 cm (1934) et 16,5 x 10 cm (1935), reliés en toile souple. Il s'agit de fragments de son «Journal» pour les années 1934 et 1935.
1) Carnet «1934». 137 pages, toutes numérotées. A la suite de 2 pages de notes (adresses d'amis et de correspondants: Rosenberg,Louis Gérin, Louis Ducreux, Gabilanez, etc., tâches à effectuer, livres à envoyer), le journal commence le 6 février à Syracuse et se termine à Cuverville le 1er octobre par ces lignes qui diffèrent sensiblement de l'édition établie du vivant de l'auteur, dans la collection de la Pléiade, en 1947 (pp. 1220-1221): «J'ai délaissé ce carnet, l'esprit occupé par cette pièce (sans titre encore) dont j'ai achevé de brouillonner le 1er acte. Lu la Fortune des Rougon; relu l'Assommoir. Relu avec le plus grand profit le Discours de la Méthode. On trouve la fautive expression «quoi qu'ils en aient», pour «malgré qu'ils en aient» dans Balzac - Député d'Arcis, p.198 (Flammarion) que nous avons la constance de lire à haute voix sans en sauter une ligne. (Excellents morceaux d'une écriture remarquable dans les premiers chapitres; du Sur-Balzac) et point de ralliement pour quantité de personnages de la Comédie Humaine. Somme toute, enchanté de cette lecture, que je me promettais depuis longtemps.»
On relèvera dans ce carnet d'autres passages ne figurant pas dans l'édition originale du premier tome du journal (1889-1939): «Mais inadmissibles toutes, presque toutes, les pages écrites en vue de mes Nouvelles Nourritures. Projet que, décidément, j'abandonne. Tandis que je croyais, au contraire, devoir abandonner Geneviève. J'y pourrai verser ceci dans cela.» (6 février) - A propos des jeunes élèves d'un «collège de prêtres» en promenade: «J'imagine quelle instruction l'on va pouvoir donner à ces cancres; quelles graines faire germer sur ce terreau...» (8 février) - «Méphisto fait le jeu de Goethe; mais c'est Goethe qui tient les cartes, et, pour jouer, il ne s'en remet pas à Méphisto.» (lignes biffées à la suite de la relation de la journée du 11 février) - «On voit ici, chez des fleuristes, des «haemanthus» couleur corail, qui me rappellent certaines fleurs du Congo (dont je parle, du reste, dans mes notes de voyage.) Le héros de roman que l'on peint à sa ressemblance, on lui fait faire ce que l'on aurait voulu faire, ce que l'on aurait peut-être fait si... bref ce que l'on n'a pas fait; et il serait imprudent d'en induire. Il y a quatre jours je me suis offert un chapeau de marque anglaise, assez coûteux, mais vraiment à ma convenance. Il est si rare de trouver un chapeau qui vous plaise! Je me souviens d'être entré chez Adrienne Monnier certain jour (il y a déjà longtemps) à la suite d'un jeune homme qui portait un chapeau si séduisant que je ne pus me retenir de lui en demander la provenance. Et deux ans plus tard, passant à Oxford, j'en commandais deux d'un coup, encore qu'ils coûtassent fort cher. L'un devait être pour Théo [le peintre Théo van Rysselberghe]. Mais finalement je gardais la paire. Mes Caves étaient déjà écrites; c'est un pareil chapeau que je voyais à Lafcadio. Il eut l'heur de plaire à Colette, certain soir de Ballets russes; elle me demanda de le lui abandonner un peu et en resta coiffée pendant l'entracte. Celui que je viens d'acheter ne le vaut pas. Très bien tout de même. Il se trouve que, pour la première fois de ma vie, je suis parti en voyage avec trois chapeaux. Et pour la première fois de ma vie, depuis que j'ai acheté ce dernier, je sors sans chapeau du tout, ce qui est fort agréable suivant l'usage de Karlsbad où les ombrages constants le permettent.» Gide termine ces remarques futiles par l'expression anglaise «Not worth noticing» qui justifient évidemment leur suppression dans la version publiée du Journal (21 juillet). - «Mais d'excuses L. G. n'a-t-il pas? [Louis Gérin, vingt ans, mineur du Borinage et écrivain séduit par la littérature de Gide.] Il y aurait de ma part une sorte d'ingratitude à n'en point tenir compte. Evidemment un grand besoin d'amour et de vénération gonfle son cœur qui trouve ici prétexte à s'épancher. [...] Très douloureux de contrister certains pour qui je gardais l'affection la plus vive, je sus toujours passer outre, estimant que les considérations du cœur n'ont pas à fléchir la raison. Mais il s'agit ici de ne point faillir aux espoirs qu'ont reporté sur moi des créatures désespérées. Comment ne point tenir compte des sympathies que mes déclarations m'ont acquises? Ne plus considérer que l'extrémité de mes pensées, n'en plus présenter que la pointe, c'est une façon de trahir celles-ci; je ne puis; mais il me paraît aujourd'hui plus fâcheux se risquer d'affaiblir des convictions et des confiances en exposant des ratiocinations compliquées, que de décevoir par mon silence.» (22 juillet) - «Bien forcé de reconnaître que ce qui m'arrête aujourd'hui, c'est aussi, c'est beaucoup, la peur de l'opinion.» (24 juillet) - «Le point d'arrivée seul leur importe, non le précautionneux et lent acheminement de la pensée. Je n'ai point à leur faire [part] de mes perplexités, de mes doutes. Un temps vient où «les jeux sont faits». (25 juillet) - Parfois Gide se perd dans des considérations sans doute sincères dans l'instant, mais qui, publiées, auraient pu être instrumentalisées par ses ennemis: «Vends tout ton bien et le donne aux pauvres.» Aucune considération d'amitié, de parenté, etc., ne doit m'arrêter. Depuis longtemps déjà cette préoccupation m'habite. Ne pas attendre, pour me déposséder, de n'avoir plus à en souffrir. Vendre, mais comment? Donner, mais à qui? Pour un catholique, la chose est simple. Le geste de vente et de don, je suis depuis longtemps prêt à le faire; mais de telle manière que je ne doive penser, sitôt ensuite, qu'il eût mieux valu le faire autrement. Quels pauvres secourir de préférence? Je m'en suis tenu jusqu'à présent à ceux que je connaissais par moi-même et qui venaient à moi directement. Ce lent émiettement ne doit plus me satisfaire. Ce qu'il faudrait, c'est un don total à quelque institution en qui je puisse avoir confiance. Mais, en dehors des institutions religieuses, en existe-t-il? et que l'on ose aveuglément favoriser? Non, ce n'est pas pour moi que je voudrais garder rien en réserve, (et le profit de mes livres me met suffisamment à l'abri) mais pour la détresse de bientôt et que j'imagine déjà si affreuse que demain je pourrai déplorer de n'avoir conservé plus rien qui me permette de secourir. Pour l'amour du geste, je ne dois point céder à une précipitation inconsidérée.» (28 juillet)... - A rebours du journal, tête-bêche, deux pages où se mêlent à nouveau adresses (Mme Emmanuel Signoret, Jacques Drouin, Jean Lebasque, Vladimir Pozner...), tâches à accomplir («Aragon (Epreuves -mère de Dimit.) - envoyer Pages choisies à Robert Sapeir - envoyer l'adaptation des Caves à Louis Fürnberg - Pierre-Quint: Journal des Faux.-M.»....) et listes de courses («papier timbré - savon oreilles - encre de couleur - plumes).





2) Carnet «Juillet 35 - Décembre 35». Manuscrit de 43 pages sur 87 pages numérotées. Le texte est généralement écrit sur le feuillet de droite, le feuillet opposé recueillant les éventuels ajouts et notes. Les trois premières pages du manuscrit ne sont pas datées; elles constituent en effet la fin du récit commencé à Hossegor le 31 mai dans un précédent carnet. Après une interruption de deux mois, le journal reprend à Lenk, le 30 juillet, par ces lignes, inédites dans le volume publié par Gide de son vivant, en 1947: «M. Monnier le tout jeune et fort sympathique professeur d'histoire à Genève, dont, par heureux hasard et conséquence de l'encombrement de l'hôtel, je suis appelé à partager la table aux repas de midi et du soir - me recommande vivement de lire les mémoires de Tocqueville. Il m'avait identifié dès le premier soir, mais s'amusait d'abord à ne pas le laisser voir.»
Le journal se poursuit les 1er, 2, 3, 4, 7, 15 et 27 août, passe au 17 septembre, continue avec les 6, 28, 30 octobre et se termine à la date du 21 novembre. Dans ce second carnet, les passages supprimés par l'auteur lors de la publication ne sont ni moins considérables, ni moins intéressants que dans le premier. Certains évoquent son attirance socratique pour les adolescents qui ne pouvaient peut-être pas être ainsi livrés impunément au public, fût-ce dans le luxueux écrin de la Pléiade; d'autres agitent la question sociale qui tourmentait Gide à cette époque où le communisme le séduisait: «Mais, presque atteint le sommet dernier, une exquise rencontre m'invite à rebrousser chemin - non tout aussitôt toutefois, pour ne point trop avoir l'air de suivre; mais suivant pourtant et rattrapant bientôt. Rien de plus «enticing» que ce petit paysan de quatorze ans qui accompagne son oncle et un cousin fort vulgaires, à travers les monts du Valais, pendant les vacances. Ils sont de Winterthur. Comme ils ne parlent que le Bernois, la conversation avec eux trois n'est pas aisée. Mais quelle joie, quelle confiance, quel abandon! chez ce petit qui feint de rattacher son soulier pour rester en arrière avec moi. Quelle reconnaissance enjouée lorsque je lui laisse un des francs qu'en sortant mon mouchoir j'avais maladroitement semés sur la route.» (30 juillet) - «Il y a ceux qui ont à se plaindre (de ce que nous appellerons, pour plus de commodité: cet état de chose) et il y a les satisfaits. Mais il y en a, de plus, quelques uns qui ne sont pas satisfaits d'un état de choses, dont, personnellement, ils n'ont nulle raison de se plaindre. Je veux dire qu'ils auraient toutes les raisons du monde, égoïstement, d'être satisfaits; mais que, précisément, ils ne sont pas égoïstes et ne peuvent considérer comme bon un état de choses qui les favorise iniquement. Alors ils s'élèvent de toutes les forces de leur cœur et de l'esprit contre cet «état de choses», et travaillent à un changement radical, dussent-ils eux-mêmes en pâtir, convaincus qu'il ne peut faire place qu'à un état meilleur, fût-ce à travers un désordre provisoire. Ce n'est pas du tout que ces mécontents aiment et cherchent le désordre, ainsi qu'on le leur reproche; mais le remplacement d'un ordre fâcheux par un ordre différent paraît forcément désordonné d'abord. Alors les satisfaits s'étonnent et demandent si c'est par aveuglement ou par sottise que ceux dont je parle travaillent à «scier la branche sur laquelle ils sont assis (1)». L'aveuglement et la sottise ne sont que du côté de ceux qui s'étonnent et par là se montrent incapables de concevoir une pensée ou un acte qui ne soit pas intéressé.
- (1) «Sages réflexions de Candide», citées par l'Action Française du 23 mai 1935.
- Questions sociales. C'est une chose que de les méconnaître; c'en est une autre que d'en avoir préservé ses écrits. L'homme, à vrai dire, ne commence à m'intéresser que lorsqu'il n'a plus à remplir sa panse. Il y a là une question de charbon pour alimenter la machine; faute de quoi rien plus ne va. Evidemment. Charbon d'abord! Et je consens que surtout la question du manger passe avant toute autre pour qui se sent privé. Même, cette question m'apparaît aujourd'hui si pressante que je n'en peux distraire ma pensée... Mais, encore une fois, c'est ce que fait l'homme rassasié qui m'importe. Tout le reste n'est qu'avant-propos. Mais honte à celui qui passe outre. Je me souviens, du temps que j'écrivais mon Prométhée - et même avant, car c'était, il m'en souvient, à Alençon - j'écrivais une histoire très fantaisiste, que je pensai alors pouvoir enserrer en ce livre encore en formation; il y était question d'un Caliban Démos appelé enfin à se produire au grand jour; on l'appelait; il sortait de dessous la chaise percée qui servait de trône à sa puissance, si crotté, si souillé d'excréments qu'il prêtait à rire et surtout à se boucher le nez. On l'invitait à parler et, mal instruit, il ne parvenait à rien dire... C'était excessif, saugrenu... Je regrette pourtant aujourd'hui de n'avoir pas mené à bien ce conte dont, peut-être, après ma mort, on retrouvera dans mes papiers le brouillon.» (s.d. - probablement 31 juillet) - «Je n'oublierai pas cet enfant radieux qui, ce matin, dans la chambre de vaporisation, vint s'asseoir intentionnellement, sur le large banc de bois pourtant vide, à côté de moi, contre moi. Il entrait avec ses deux frères, l'un à peine plus âgé, l'autre plus jeune, à peine un peu moins beau que lui, robuste, doré comme un épi, souriant de tout son corps. Il me parla des chevaux de sa mère, plus je crois par besoin de causer que pour me faire connaître qu'il était riche.» (1er août). - Les dernières pages, lisibles dans l'autre sens, en retournant le carnet, recèlent le même contenu prosaïque déjà signalé plus haut: des noms et des adresses (Armand Godoy, Pierre de Massot, Henri Thomas, Giono, Paul Doncoeur, Yves Allégret, Malraux, Maurice Saillet, Pascal Pia...), des livres à envoyer (à Michel Lévesque, à Robert [Lévesque], au Cercle des Malades de l'Institut Hélio-Marin de Berck...), et des listes de courses («Roger Cavaillès: shampoing pour Cuverville» - «Brosse à dents - slipperie - caleçon de bain - espadrilles -réchaud - théière»).





Livres Anciens 
Livres Modernes
Autographes et Manuscrits 
Vente mercredi 3 avril 2013 à 14h
Drouot Richelieu  - Salle 11
Expositions publiques :
Mardi 2 avril de 11h à 18h
Mercredi 3 avril de 11h à 12h
 

vendredi 15 mars 2013

Un portrait de Gide refait surface





Martine Benjamin nous signale la vente imminente, prévue pour le mercredi 20 mars 2013 à 13h30 à Drouot du premier portrait d’André Gide réalisé en 1892 par Jacques-Emile Blanche et disparu depuis la vente des biens de Cuverville le 12 octobre 1963. Elle s'était déjà intéressée à ce mystérieux portrait dans un article intitulé « Jacques-Emile Blanche et ses modèles : Proust et Gide » paru dans le Bulletin des Amis d'André Gide (n° 151, juillet 2006, pp. 393-408). 

Voici ce que Martine Benjamin disait de ce portrait de Gide en « prince de l’alibi au manteau couleur de muraille » dans une note de son article : « Ce tableau de Gide à vingt ans intéresserait tant, mais après de nombreuses recherches demeurées infructueuses, il faut se contenter de la description qu’en donne Blanche et de sa reproduction en noir et blanc dans l’album Gide, Gallimard, 1985. p. 62. Cette reproduction est identique à celle que l’on trouve sur le document du Musée d’Orsay signalant la vente aux enchères du tableau, lors de la liquidation “du mobilier et des souvenirs d’André Gide, au château de Cuverville (12 octobre 1963.)“ » 

Lors de la récente exposition d’œuvres de Jacques-Emile Blanche à la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent, seul le portrait de Gide réalisé en 1912 avait été présenté. Non seulement ce premier portrait refait surface mais il fait aussi la couverture du catalogue de cette belle vente par Thierry de Maigret. « Il serait fort intéressant de savoir quelle sera la nouvelle destination de ce curieux portrait », commente Martine Benjamin qui précise que « Certains amis ont promis d’essayer d'assister à la vente, mais rien n'est vraiment sûr. » Peut-être que des lecteurs fidèles de ce blog auront la chance d'être nos yeux et nos oreilles le 20 mars à Drouot...




Description du catalogue :

"Lot 121
Jacques Emile BLANCHE (1861 - 1942)
Estimation : 40 000 / 50 000 €
Portrait d'André Gide ou André Gide à 21 ans, vers 1890. Huile sur toile, signée en bas à droite, 107 x 73cm.

Provenance : 
- Ancienne collection André Gide - Vente André Gide, Me Lieury, Cuverville en Caux, 12 octobre 1963
- Ancienne collection André Bercowitz (achetée à la vente précitée) 

Bibliographie : 
- Mes modèles. Souvenirs Littéraires par Jacques-Emile Blanche, Paris, Stock, 1928, reproduit page 184
- Figurera dans le catalogue raisonné de l'oeuvre de Jacques-Émile Blanche actuellement en préparation par Jane Roberts sous le n° 1219 
Blanche rencontra vers 1890 l'écrivain André Gide (1869 - 1951), le plus romantique des mystérieux, peut-être chez Robert de Bonnières mais plus probablement à un dîner chez la princesse Ouroussof, boulevard Haussmann. Blanche décrivit dans son livre Mes Modèles, publié en 1928, son premier portrait de Gide: «mon modèle maigre mais de construction robuste... sur un fauteuil de paille anglais, le visage un peu chinois du jeune évangéliste, un grain de beauté volumineux le marque; ses yeux d'hématite, bridés étincelants, vous fixent avec le regard d'un prédicateur». Blanche fut tout de suite subjugué par son raffinement et surtout son sens aigu de l'observation, avec André Gide, du moins, vous aurez une vérité: la plus brutale écrivit-il. Leur amitié fut toujours fort houleuse mais de très longue durée puisque leur correspondance débutée en 1891, ne s'achèvera qu'en 1939. Gide, reçu fréquemment à Offranville, livrait tous ses manuscrits à Blanche avant de les envoyer à son éditeur. Blanche peignit son ami une deuxième fois en 1901, cinq ans après la publication des Nourritures Terrestres qui lui avait déjà valu une certaine consécration littéraire, entouré de ses amis Eugène Rouart, Henri Ghéon, Charles Chanvin et le jeune poète tunisien Athman ben Salah, au café Maure de l'Exposition Universelle (Musée de Rouen, inv. 925.1.8), et une troisième et dernière fois en 1912 quand Gide élaborait Les caves du Vatican son roman publié en 1914 (Musée de Rouen. Inv. 923.1.1). Jeune homme imberbe dans le complet de cheviote, Gaulois à la moustache de Vercingétorix, voyageur sous le chapeau de velours noir, vos yeux sont les mêmes; je me suis accoutumé à ce qu'ils me scrutent, comme je persisterai à les interroger résuma Blanche. (Voir Jacques-Emile Blanche par Jane Roberts, Éditions Gourcuff-Gradenigo 2012, pages 124-125).

Dans l'ouvrage : André Gide - Jacques Émile Blanche Correspondance 1892 - 1932 établie par Georges-Paul Collet, NRF, Gallimard 2010, nous retrouvons dans certaines lettres des passages qui doivent concerner notre tableau : 
Pages 220 & 221, dans une lettre de Blanche à Gide en date du 18 octobre 1917: je viens de relire les Nourritures terrestres que j'avais complètement vague dans ma mémoire.... Combien il existe de liens entre nos deux esprits, cher André ! Et qu'il est donc amusant d'avoir si longtemps marché parallèlement sur deux routes pareilles ! le jeune homme vêtu de gris, dans le portrait aux hortensias roses et le peintre qui le regardait... Une note nous fait nous reporter à la page 338 ou il est indiqué: Allusion au premier portrait de son ami que Blanche intitula André Gide à 21 ans. Ou bien encore, page 358 nous trouvons dans un texte inédit de Jacques Émile Blanche sur André Gide (que l'on peut dater de 1922): Je revois André, vêtu de gris, posant pour son premier portrait, comme aplati contre la muraille de nattes japonaises. L'armoire à glace en pitchpin, de Maple, assis dans fauteuil de bois noir anglais; derrière lui, la reproduction en photographie de Saraste de Whistler*, pauvre image que nous admirions alors. Des hortensias roses à côté de ce garçon presque imberbe, une verrue sur la joue, le nez large et long, des yeux terrifiants, sous un vaste front déjà dégarni. Il appui de sa lourde main de pianiste sa tête aux traits taillés brutalement, et je ne sais pourquoi, malgré ce nez si européen, d'aspect japonais; un masque d'acteur tragique que j'avais chez moi lui ressemblait, comme Sada Yakko ressemblait à Sarah Bernhardt. 

*Pablo de Sarasate, de son nom complet Pablo Martín Melitón de Sarasate y Navascués était un violoniste et compositeur espagnol peint par Whistler en 1884 (Carnegie Institute, USA) 

Nous remercions Jane Roberts pour les informations qu'elle nous a aimablement communiquées."


Signalons également au lot 122 une autre toile de Jacques-Emile Blanche provenant elle aussi de la collection d'André Gide à Cuverville : Portrait de Georges Porto-Riche, huile sur toile, signée, datée, située Dieppe et dédicacée à mon ami Rodin en bas à droite.
 
 
 
TABLEAUX MODERNES - ART DECO
Vente mercredi 20 mars 2013 à 13h30
Exposition mardi 19 mars de 11h à 18h
et mercredi 20 mars de 11h à 12h
HOTEL DROUOT - Salle 1 



lundi 11 mars 2013

Ventes aux enchères


Quelques curiosités du côté des prochaines ventes aux enchères :


Outre deux belles éditions de Bethsabé et de la Correspondance Gide - Martin du Gard à la vente Ader de livres anciens et modernes du mercredi 13 mars à 14h à la salle Favart, signalons au lot 190 cet exemplaire de Si lâches dès le matin avec envoi autographe de l'auteur Pierre Béarn à Maurice Sachs :
« 25 oct. 41. Il paraît, cher Maurice Sachs que vous déplorez la dédicace de ce livre - parallèlement à Gide qui s'en moque - Vous penseriez que le reflet dont elle pare votre nom est inopportun... Est-ce possible ? et faut-il croire que le quotidien parvient à faire pâlir l'éternel ? Je vous envoie ces oiseaux sans ailes, avec mon amitié. P. Béarn. »

Plus intrigant ce « court dialogue sur la pédérastie de Gide » signé Sacha Guitry  à la vente Cornette de Saint-Cyr du 28 mars à l’Hôtel Salomon de Rothschild :
«Lot n° 628 : Sacha Guitry. Sujet manuscrit autographe; 9 pages in-4 au crayon (transcription dactylographiée jointe). Projet inédit de pièce radiophonique. Au lendemain d'un dîner, un homme appelle par téléphone une des convives, qui lui avait posé une question, ce qu'il saisit comme prétexte. « Elle » est mariée à un riche industriel, et a un accent slave prononcé. « Lui » est célibataire, riche, « et c'est l'Amateur - en tout: en arts comme en amour. Leur aventure va durer 3 mois. Nous n'aurons que les échos téléphoniques - et le Présentateur dira qu'il a pu [...] capter et diffuser leurs conversations quotidiennes. Et comme ils sont, eux, au téléphone précisément à ces minutes-là ils ne peuvent pas s'entendre à la radio »... L'homme tente de séduire la femme, mais si elle résiste au début, elle se laisse peu à peu tenter... À la fin, court dialogue sur la pédérastie de Gide. » 


Autre vente Ader : celle de la collection Jacques Lorcey sur le théâtre et les arts du spectacle le 21 mars à Drouot Richelieu. On y verra passer au lot 127 un lot de dessins du reporter-dessinateur, fondateur de Panurge en 1948, André Lebon. Parmi ces  « 17 dessins originaux, à l’'encre ou au crayon, formats divers », Baudelaire, Maurras, Mallarmé, Péguy ou Gide...
Au lot 505, un autre dessin signé cette fois Jan Mara représentant la distribution d'Oedipe :  « Dessin original à l’encre de Chine, signé en bas à droite; 35 x 65 cm (accidents, marques d’insolation). Reprise au Théâtre Marigny en avril 1951 de la pièce de Gide mise en scène par Jean Vilar au Festival d’Avignon 1949; le dessin, publié dans Carrefour, représente William Sabatier, Pierre Bertin, Jean Vilar, Marie-Hélène Dasté, Jean-François Calvé et Bernard Dhéran. »


mardi 5 mars 2013

Au fil du Journal de l'abbé Mugnier (2/3)




Quand il ne dîne pas chez les princesses, l'abbé Mugnier est convié au restaurant par ses amis. « Jamais prêtre ne mangea plus en ville que moi. Je dissipe mon âme à pleine assiette », notait-t-il déjà le 29 janvier 1911. On le retrouve le 22 mars 1918 au restaurant, à nouveau avec Edith Wharton, Bernhard Berenson et André Gide :

André Gide m'a dit l'éducation puritaine qu'il a reçue puis la réaction individualiste. Puis il a fini par voir que l'Evangile sauve l'individu. « Qui veut sauver son âme la perd. » L'exaltation de l'art, dit-il, est l'abnégation de l'art. Il a été très impressionné par un voyage qu'il a fait au Mont Cassin. Là il a connu un bénédictin hollandais ami de Maurice Denis qui était supérieur*. Les moines étaient autant d'individus. Malheureusement la surdité de mon oreille droite n'a pas facilité ma conversation avec Gide.
Il croit que l'Eglise a commandé le célibat parce que les enfants et petits-enfants pourraient se retourner contre la religion de leurs pères, ce qui arrive chez les pasteurs protestants. Gide m'a parlé d'Ubu roi de Jarry ; c'est une excentricité rabelaisienne et féroce.
 
Avec neuf ans de retard, l'abbé Mugnier lit La Porte étroite le 7 septembre 1918 sur un banc de Périgueux. « Grande mélancolie. C'est encore la preuve de ma formule favorite : tout est raté ! La Porte étroite ! On n'y marche pas à deux de front et de cœur. » Il est souvent dépassé par la littérature de son temps et malgré toute l'amitié qu'il porte à Cocteau, avoue bien souvent ne pas le suivre. Ce 27 janvier 1919, Gide est également présent parmi les convives :

Eté hier chez les Beaumont où un certain nombre de personnes d'élite étaient réunies pour entendre Cocteau lire son poème nouveau : Le Cap de Bonne-Espérance. Revu André Gide, Jacques-Emile Blanche, la princesse Soutzo, la princesse de Polignac etc. André Gide m'a parlé d'un futur roman où il ferait convertir trois protestantes au catholicisme. Jean Cocteau a lu d'une forte voix son œuvre étrange, à peu près inintelligible pour moi. C'étaient des visions, des raccourcis, des éclairs de choses simultanées ou successives. Une décharge de mots. De l'inédit, oh ! oui, très inédit.

Gide et l'abbé se croisent encore le 26 mai 1919 chez Madame Mühlfeld puis ne se reverront plus qu'en 1922. Mais il sera forcément question de Gide pendant toutes ces années dans les salons : il publie la Symphonie pastorale, et surtout Si le grain ne meurt et Corydon. Les médisances vont bon train. « Ananas » de Noailles, comme Gide la surnomme, avoue à l'abbé ne pas comprendre « les mœurs grecques », rappelant un passage de l'Immoraliste « où quelqu'un baise la nuque d'un cheval pour indiquer les tendances de Gide » (21 juillet 1919).

Le 27 mars 1921 chez les Wladimir d'Ormesson, c'est Jean Tharaud qui souligne « la saleté de Gide ». Le 22 décembre 1922, cette autre remarque n'est pas plus étonnante, venant de Henri Massis : « Massis m'a dit l'influence de Gide et de Marcel Proust sur la littérature contemporaine, influence pédérastique. Gide a fait beaucoup de mal. Il est stérilisant. » Depuis 1921 l'abbé Mugnier rencontre souvent Paul Valéry** qui, malgré l'amitié « comme sans cause » qui le lie à Gide a lui aussi beaucoup de mal à le suivre sur le terrain de l'homosexualité :

15 juin [1922]. Déjeuné aujourd'hui chez Georges Henri Manuel, avec Paul Valéry, la princesse Lucien Murat, Georges Dutuit. Valéry et la princesse ont parlé de Saül qu'on joue au Vieux-Colombier. La princesse de Polignac m'avait envoyé une et même plusieurs places pour la répétition d'hier, et fatigué, je me suis abstenu. Il paraît que j'ai bien fait. Le sujet, disait Valéry, est religieux et scabreux***. Ce sont les amours de Saül et de David. Copeau était Saül, le David venait de l'Odéon. L'auteur est André Gide que connaît, et depuis longtemps, Valéry.


Habitué aux confessions des pécheresses « qui veulent crier ça sur les toits de Dieu » ou aux outrances d'un Jean Lorrain que Huysmans lui racontait avec délectation, Mugnier ne s'effarouche pas facilement. Il verra toujours dans l'homosexualité la menace d'un retour au paganisme mais il est un vrai chrétien, n'hésitant d'ailleurs pas à condamner dans son Journaltous les faux-nez catholiques, le bellicisme de la droite, les positions antisémites. Même s'il passe sur beaucoup de méchancetés pour le plaisir de continuer à frayer dans le beau monde ! C'est aussi cette candeur qui le faisait, dit-on, apprécier dans les salons où l'on s'entredéchire plus souvent qu'on ne tend l'autre joue... Plutôt un faiseur brillant comme Cocteau qu'un balbutiant coincé comme Gide : 

Eté avec Brémond chez les Charles du Bos. Vu André Gide toujours affecté dans ses manières, dans ses paroles. Il manque de simplicité, de rondeur, d'aisance. Il nous a fait l'éloge de Dupouey**** qui a contribué à la conversion de Ghéon, de Martin du Gard et de ses derniers livres et aussi de Silbermann, de Jacques Lacretelle. Gide trouve Claudel intolérant. 

Et le 16 octobre 1923 Cocteau lui confie « que Gide passait un mauvais quart d'heure. » Probablement l'annonce de la prochaine reprise des hostilités de Massis dans la Revue universelle... Mais les relations entre Gide et Cocteau ont toujours été difficiles, Gide n'admirant pas Cocteau comme ce dernier le voudrait. Encore moins en cette année 1923 où Gide sera très critique envers Antigone au Vieux-Colombier et Le Grand écart... «  Il est un « fourbe » c'est petit, petit. On croit toucher une masse (et Cocteau prenait à ce moment un livre) et c'est un papier de soie chiffonné. Au moins Barrès, ajoutait Cocteau, Barrès a la qualité du mensonge. […] Combien Cocteau préfère Barrès à Gide ! »

Mugnier a aussi rencontré Francis Jammes, d'abord à travers les récitations d'Anna de Noailles, puis en chair et en barbe en février 1918 chez les Daudet, deux jours avant de faire la connaissance de Gide. Le 7 février 1924, Jammes évoque Gide pour Mugnier :

Déjeuné hier, à 1hl/2 chez les Henri de Régnier avec Francis Jammes et Chaumeix. Il faisait sombre et on avait dû recourir à la lumière artificielle. Francis Jammes que j'avais vu, à la porte, dans la rue, avec son ami Lacoste, avait demandé à m'embrasser. Il a l'air avec sa barbe d'un missionnaire, et comme les missionnaires il est plein d'anecdo­tes. Il parle sans presque discontinuer, de tout et de tous. Grande facilité d'ailleurs, mais c'est la voix, c'est l'accent qui déplairaient plutôt, à moi en particulier. Ce fut d'une variété, d'un comique, d'un poétique, d'un spirituel, d'une verve intarissables. Nous écoutions. Chaumeix ne disait rien ; de temps en temps Mme de Régnier glissait un mot. Il commença par dire qu'il s'était confessé, le matin et qu'il serait obligé de recommencer si on ne me donnait pas la place d'honneur.
Je note ce que ma mémoire a pu sauver : André Gide n'a pas été content de ce que Jammes a écrit de lui, dans ses souvenirs. Le vrai moyen de confondre Gide et les protestants, en général, c'est de ne pas leur répondre, de les laisser en suspens. Jammes avait été en Normandie chez Gide qui a un mauvais goût : lanternes vénitiennes dans la salle à manger ; sur la cheminée des diables représentés tourmentant les âmes etc. Jammes avait trouvé ses habitudes bizarres. La nuit, Gide couvert d'un manteau, errant au clair de lune. Au temps où Jammes ne pratiquait pas encore sa religion, il se trouva un dimanche, chez Gide qui vint le trouver, dans sa chambre, pour l'inviter à aller à la messe, alléguant l'exemple à donner à la domesticité. Et il fallait entendre Francis Jammes imitant la voix affectée de Gide.
Ce dernier parlait de l'immoralité du pays et de ce qu'il faisait pour la combattre. Il conduisit son ami, dans une maison où il y avait un enfant naturel. « On ne sait de qui il est, tout le monde y a travaillé. » Mme de Régnier s'est écriée : « C'est l'Immoraliste qui moralise. »
Gide avait écrit un jour à Jammes : « C'est Régnier qui t'a desservi » je ne sais plus à propos de quoi ; Gide interrogé plus tard par Jammes sur ce sujet déclare qu'il n'avait rien écrit de semblable. Sur quoi M. de Régnier disait : « Gide, c'est un fourbe. »
Jammes se plaignit des catholiques qui sont si durs pour ceux qui viennent à eux, alors qu'ils ménagent les incroyants.


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* Adelbert Gresnicht (1877-1956), moine bénédictin de l'Abbaye de Maredsous, d'origine néerlandaise, et artiste. Peintre, sculpteur, médailleur, il décore une église à Sao Paulo et l’église Saint-Anselme à New York, avant d’être appelé en Chine où, entre 1926 et 1933, il conçut dans un esprit sinisant l’architecture de l’Université catholique de Pékin, "Furen" (elle abrite aujourd’hui une Ecole normale de l’Etat) et celle du Grand Séminaire de Hong Kong toujours en fonction. Il est aussi musicien : c'est ce qui favorisera son amitié avec Gide qui le rencontre au Mont-Cassin en 1909. Il lui dédiera ses Notes sur Chopin et le citera en exergue.
** C'est d'ailleurs l'abbé Mugnier qui célébrera le mariage d'Agathe Valéry, fille de Paul, avec Paul Rouart, fils d'Alexis et neveu d'Eugène, le 5 juillet 1927.
*** Dans une lettre du 15 juin 1922, Valéry écrit pourtant à Gide :« Je trouve la partie gagnée. C'était une des plus difficiles que l'on pût imaginer de jouer. Pas de malaise. C'est ce que je craignais.
Effets de nouveauté et de possibilités parfaitement nets. Très frappé par absence de « littérature » presque totale dans le langage. D'où style. (Pas le temps de développer.)
[…] Excellente scène impie des Commandements. Bon effet. Je n'ai entendu que du bien dans les entr'actes. D'ailleurs tu l'as entendu comme moi.
Voilà. Et puis j'ai appris quelque chose. J'ai réfléchi, ce matin. Les défauts de la pièce sont dus à l'influence de Shakespeare, que je considère en général comme une influence détestable. Je t'en parlerai. Mais non. Tu les sais mieux que moi. » (Corr. Gide-Valéry, NRF, Gallimard, 2009, p.845)
**** Charles Marie Dominique Pierre dit Pierre Dupouey (1877-1915). Les lettres de guerre du lieutenant de vaisseau Dupouey ont d'abord partiellement paru dans Le Correspondant du 10 juin 1919, puis ont été publiées en totalité, en 1922, par la N.R.F., avec une préface de Gide qui l'avait rencontré en 1904.


lundi 4 mars 2013

Gide au Salon de l'Agriculture

(Extrait de l'exposition 50 ambassadeurs de la Normandie gourmande à télécharger en intégralité ici)


Sous la bannière du stand "Envies de Normandie" au Salon de l'Agriculture, on pouvait découvrir une exposition de photographies et témoignages de 50 ambassadeurs normands et leur coup de cœur pour 50 produits normands. Cuisiniers, journalistes, sportifs et écrivains assurent que non, vraiment, rien ne vaut le Livarot et que l'andouille de Vire, c'est du délire. Du côté des Normands illustres de Seine-Martime, on a ainsi pu lire Anatole France vanter le Neufchâtel, voir que Maupassant rimait avec hareng et que les Nourritures terrestres étaient la crème de la crème en matière de publicité pour les produits laitiers... Des Nourritures d'ailleurs plutôt inspirées par la campagne autour de La Roque-Baignard, en Calvados.

(Merci à Julien Cendres qui nous a signalé cette exposition, où il est d'ailleurs mis à contribution pour défendre le boudin ornais. Si si...)