mercredi 16 janvier 2013

Quand Gide refusait de se taire (1/2)


Poursuivons l'exhumation de documents autour de l’engagement de Gide pour la révolution communiste jusqu'à son Retour de l'U.R.S.S. Ce sont justement les conditions de la publication de ce livre qui faisaient l'objet d'un article du Nouvel Observateur du 29 août 1981 signé Herbert Lottman, à l'occasion de la parution de son étude sur La Rive Gauche (Seuil, 1981).


Quand Gide refusait de se taire, de Herbert Lottman
Le Nouvel Observateur, n°877, 29 août 1981
avec un dessin de Wiaz, alias Pierre Wiazemsky



"QUAND GIDE REFUSAIT DE SE TAIRE


Du jour où André Gide se déclara communiste de cœur, admirateur et défenseur volontaire de la patrie des travailleurs, il se donna tout entier à la cause de l'Union soviétique, ne refusant aucune pétition, aucune réunion, aucun mouvement. Né en 1869, Gide était le plus souvent l'aîné, que ce soit sur les tribunes ou dans les comités de patronage. Ses livres, son influence représentaient dans les milieux intellectuels un attrait autrement fort que les œuvres de célébrités pâlissantes telles que Romain Rolland ou Henri Barbusse. Gide était de nature délicate, et son aversion pour les courants d'air donnait lieu à de nombreuses anecdotes, lui valait des cadeaux — robes de chambre et bonnets. Les communistes étaient fort satisfaits de compter Gide parmi les leurs ; par l'intermédiaire de Paul Vaillant-Couturier et d'Ilya Ehrenbourg, ils maintenaient une liaison permanente avec lui, ainsi que, de manière plus indirecte, par le biais de tout un réseau de compagnons de route.

C'était la décennie des pèlerinages en Union soviétique : Gide figurait alors le visiteur le plus convoité. Depuis des années, il envisageait ce voyage : en 1933, par exemple, il avait tenté d'inciter son ami Roger Martin du Gard à l'y accompagner, mais Martin du Gard demeurait évasif, et se révéla finalement inébranlable. Gide lui-même trouvait de bonnes raisons pour retarder son projet, l'annuler : ses rhumes, et les courants d'air de Moscou, et puis aussi, comme il s'en ouvrit à sa confidente, la crainte d'avoir à prononcer des discours et de se laisser entraîner à en dire plus qu'il n'aurait voulu ; la traduction en russe et puis encore en français ne ferait que rendre les choses pires encore, « et tout l'effort que je fais pour maintenir dans le communisme mon point de vue personnel sera perdu ». Cela se passait en octobre 1935. Ilya Ehrenbourg fit observer à André Malraux que la santé n'était pas tout, et que Gide avait contracté des devoirs envers le Parti, et aussi la situation politique : on considérait à l'époque comme vital de consolider le rapprochement franco-soviétique de mai 1935. Gide se demandait dans quelle mesure Ehrenbourg trouvait son intérêt personnel à l'amener à Moscou. Puis l'ami de Gide, Pierre Herbart, qui allait devenir le mari d'Elisabeth, fille de la « petite dame », Maria van Rysselberghe, et mère de la fille de Gide, partit travailler à Moscou comme rédacteur de « Littérature internationale ». Elisabeth l'y rejoignit au début de 1936.

Gide prit sa décision en mai de la même année. Il eut d'abord un nouvel entretien avec Malraux, puis avec Ehrenbourg, sur ce qu'il pourrait dire en U.R.S.S. et sur la manière dont seraient transmises ses paroles. Il souhaitait parler du sort réservé aux homosexuels soviétiques : l'écouterait-on ? Il pouvait tout au moins choisir ses compagnons de voyage. L'un d'eux était Jacques Schiffrin, qui suivait ses livres chez Gallimard et dirigeait la collection de « la Pléiade » ; Schiffrin était intelligent et ouvert, homme de gauche sans être communiste, et présentant cet atout irremplaçable : il parlait le russe comme le français. Né en 1894 à Bakou, sur la mer Caspienne, Schiffrin avait été étudiant en Suisse pendant la Révolution russe. Etabli en France, il avait fondé la collection de « la Pléiade » et en était resté directeur lors de la fusion avec Gallimard. Gide invita également Eugène Dabit, Louis Guilloux et l'écrivain hollandais Jef Last, alors âgé de trente-huit ans, que la confidente de Gide décrivait ainsi « Marin hollandais, écrivain, emballant, savoureux,
ironique, à travers un français impossible » ; il allait participer à la guerre d'Espagne, puis à la résistance hollandaise pendant la Seconde Guerre mondiale.

Aragon annonça à Moscou que Gide se mettait enfin en route, avec Schiffrin pour interprète. Un télégramme arriva : Herbart revenait à Paris cette nuit même et souhaitait s'entretenir avec Gide en privé ; écrire était impossible. Car les hôtes soviétiques s'inquiétaient d'apprendre que Schiffrin servirait d'interprète à Gide : cela semblait un acte de méfiance de la part de Gide. Herbart avait tenté d'apaiser les Soviétiques en faisant observer que Schiffrin était juste un ami. Gide appela Aragon pour lui dire qu'il trouvait toute l'affaire stupide : refuser Schiffrin quand tout le monde savait qu'il allait partir aurait un effet déplorable. De toute façon, Schiffrin et ses autres compagnons de voyage devaient arriver une semaine après Gide, et aucun d'eux n'accompagnerait Gide dans les réceptions officielles. Aragon répondit qu'il allait tenter de résoudre le problème. La « petite dame » observa qu'Herbart se montrait évasif, réticent pour parler de ses expériences à Moscou. On l'entendit commenter l'absence de liberté des artistes et des écrivains -là-bas : « Il faut utiliser Moscou comme une expérience, non comme un exemple. »

Herbart révéla également que l'Union soviétique avait imprimé trois cent mille cartes postales avec le portrait de Gide. « Mais tout le monde va me reconnaître, alors ! », s'exclama Gide, éperdu. « Littérature internationale » publia un épais numéro essentiellement consacré à Gide, l'université de Moscou présenta une exposition consacrée à sa vie et à son œuvre.

Comme Gide se préparait à partir, la nouvelle lui parvint que la santé de Gorki devenait plus alarmante encore : le vieil écrivain était moribond. Si c'est uniquement pour assister à ses funérailles, s'inquiétait Gide, mieux vaut ne pas y aller du tout. Ehrenbourg lui annonça que Gorki allait mieux. Gide et Herbart s'envolèrent donc le 16 juin 1936, de l'aéroport du Bourget, à bord d'un appareil allemand. Ils devaient faire escale à Berlin. Schiffrin, Dabit, Guilloux et Last s'embarquèrent sur un paquebot à destination de Leningrad.

Gide arriva à Moscou dans les meilleures dispositions, son Journal en fait foi. S'il avait naguère cru que l'homme devait commencer par se changer lui-même, il était désormais (octobre 1935) convaincu que les conditions sociales devraient changer avant l'homme. Les attaques perfides dont l'Union soviétique était l'objet l'avaient amené à choisir de défendre ce pays ; il lui semblait que les détracteurs commenceraient à soutenir l'Union soviétique dès que lui-même cesserait de le faire. Il espérait pouvoir mobiliser toute son attention sur les objectifs ultimes de la Révolution soviétique, afin de ne pas être amené à se détourner de l'U.R.S.S.

Il avait certainement été secoué par l'ampleur croissante des critiques justifiées à l'égard du système soviétique. Peu de temps avant son départ, Victor Serge — dont Gide avait facilité la libération un an auparavant — publia dans « Esprit » une lettre ouverte à Gide. Comment lutter contre le fascisme, demandait Serge, si nous avons nos propres camps de concentration ? « Laissez-moi vous dire que l'on ne peut servir la classe ouvrière et l'U.R.S.S. qu'en toute lucidité. » Herbart confirmait en privé la vérité de tout ce qu'affirmait Victor Serge, mais jugeait inadmissible qu'on pût écrire publiquement de telles choses. Gide en convenait. « Ah que je voudrais pouvoir dire là-bas, à Staline, tout ce que je pense là-dessus ! »

Envisageait-il de parler à Staline de la répression soviétique à l'encontre de l'homosexualité ? Ehrenbourg l'affirme dans ses Mémoires, mais Ehrenbourg écrivait alors dans l'intention d'attaquer Gide. L'argument selon lequel Gide s'était laissé influencer par les mauvais traitements infligés à ses « frères » allait servir à discréditer son témoignage (1). Gide arriva trop tard. Il rendit hommage à Gorki sur son lit de mort et, ce soir-là, assista à une représentation de « la Mère » avant que le public eût connaissance du décès de l'auteur un acteur s'avança sur le devant de la scène et l'annonça. Le lendemain, Gide se tint aux côtés du cercueil avec Herbart et Aragon (qui passait un long été en Union soviétique). Le 20 juin, Gide prononça un discours d'éloge à Gorki sur la place Rouge, puis se joignit aux écrivains soviétiques dans la procession funèbre. « Le sort de la culture est lié dans nos esprits au destin même dé l'U.R.S.S., affirma-t-il dans son allocution. Nous la défendrons. » Mais il ne put se retenir d'aborder le thème qui lui tenait tant à cœur : l'individualité à laquelle avait droit l'être créatif et dont il ne pouvait se passer. « J'ai souvent écrit que c'est en étant le plus particulier qu'un écrivain atteint l'intérêt le plus général, parce que c'est en se montrant le plus personnel qu'il se révèle, par là même, le plus humain. » Il fit également cette remarque : « Aucun écrivain russe n'a été plus russe que Maxime Gorki. » Il déclara enfin que, si les écrivains avaient toujours écrit en opposition avec leurs gouvernements, pour la première fois, en Union soviétique, l'écrivain n'avait plus besoin de s'opposer.

Partout où il allait, on le traitait avec déférence. Quand il visita l'exposition Gide, à l'université
de Moscou, il s'adressa aux étudiants rassemblés. A Leningrad, où il était allé accueillir Schiffrin.et les autres membres de son groupe d'amis venus par bateau, on lui demanda également de prendre la parole ; mais, là, il fit connaissance avec la lourde poigne de la censure : il fut prié d'ajouter le mot « glorieux » avant « l'avenir de l'U.R.S.S. » et de supprimer « grand » devant « monarque ». Tandis que le groupe visitait le port de Sébastopol, en Crimée, Eugène Dabit tomba malade, apparemment atteint du typhus. Les autres regagnèrent Moscou, et Dabit mourut seul à Sébastopol le 21 août, à l'âge de trente-huit ans. La dernière notation dans son Journal intime était un cri de prémonition, car il voyait venir une nouvelle guerre mondiale. « Nous sommes traqués, nous sommes perdus. La vie, dans ce monde, devient impensable. » De retour à Paris, Gide écrivit pour « Vendredi » un bref compte rendu de la mort de Dabit. La presse soviétique n'avait pas publié la nouvelle, afin que la famille de Dabit ne l'apprît pas ainsi. Gide rendit visite aux parents et à la veuve de son ami au vieil hôtel du Nord. Le lendemain, il appela Clara Malraux pour l'emmener au cimetière du Père-Lachaise, où avait lieu l'enterrement, et où Vaillant-Couturier et Aragon prononcèrent des discourssoulignant les sympathies de Dabit pour le communisme. Aragon évoqua même la satisfaction morale qu'avait retirée Dabit de son voyage en Union soviétique. « Hélas ! », fut le commentaire
de Gide dans son Journal.

Bien qu'il émît ici et là quelques allusions, Gide n'avait pas encore révélé les réactions qui avaient été les siennes au paradis des travailleurs. « Un immense, un effroyable désarroi », confia-t-il à son Journal. Schiffrin vint déjeuner rue Vaneau ; « violent et précis comme quelqu'un qui ne regarde que le point dont il parle », nota leur hôtesse, Maria van Rysselberghe. Gide paraissait moins assuré. Elle essayait de comprendre ces deux hommes : était-ce le communisme, la Russie, ou Staline, qui les préoccupait ainsi ? « Hélas ! lui répondit Gide, tout cela est, aux yeux de tous, si bien confondu qu'il n'y a plus moyen de parler clair ; la notion du parti est terrible et supprime toutes nuances. » « C'est-à-dire toute humanité », renchérit Schiffrin.. « Être exploité par l'homme ou par l'État, ça finit par revenir au même. » (2).

Gide avait pour habitude d'écrire sur tout ce qu'il faisait, tout ce qu'il voyait et tout ce à quoi il pensait. Il avait écrit sur son « Voyage au Congo », puis sur « le Retour du Tchad » dans les années vingt. Habituellement, il publiait des extraits de son Journal peu de temps après les événements qui s'y trouvaient écrits. Il existait également une tradition de livres sur les voyages en Union soviétique : dès 1936, on aurait pu couvrir une étagère entière de tels récits. Gide entreprit d'écrire son « Retour de l'U.R.S.S. » presque aussitôt après les funérailles de Dabit, et il termina son premier jet en quelques jours. Dans des entretiens privés, il exprimait clairement que la sévérité soviétique à l'égard des homosexuels n'était pas la seule chose qu'il reprochait au régime. Il éprouvait une certaine satisfaction à n'avoir pas vu Staline, et à ne lui avoir pas même écrit au sujet de la législation répressive que subissaient les homosexuels ; car il y avait maintenant tant d'autres choses à dire sur le régime soviétique. Ses hôtes soviétiques avaient, bien sûr, fait l'impossible pour satisfaire ses besoins. Gide raconta par la suite à Roger Stéphane qu'ils avaient rempli une piscine de beaux jeunes gens, dont il avait découvert qu'ils étaient tous des soldats de l'armée Rouge. (Après la retentissante publication du livre de Gide, les Soviétiques révélèrent que l'écrivain avait eu, au cours de son voyage, une aventure homosexuelle. Gide, apparemment, n'avait pas compris que la rencontre était manigancée.)

La confidente de Gide décrit la soirée — 23 septembre 1936 — où Gide lut à Jacques Schiffrin et à Louis Guilloux le premier jet de « Retour de l'U.R.S.S. ». Sans doute l'avait-il déjà lu à Last, car ce dernier avait séjourné dans l'appartement de la rue Vaneau avant de partir pour l'Espagne. Ses amis jugèrent le rapport de Gide dur mais clair. Ils étaient consternés par l'effet global. « Ce petit livre fera l'effet d'une bombe qui éclate », observa Maria van Rysselberghe. « II faut beaucoup de courage pour publier un pareil livre », commenta Guilloux. Dans son propre Journal, il se montre cependant moins compréhensif à l'égard de Gide : « Je commence à croire, écrivit-il alors, qu'il n'est venu en U.R.S.S. que pour y chercher l'autorité dont il avait besoin pour dire ce qu'il dit aujourd'hui. » Gide envisagea de donner son texte à « Vendredi » ; mais les rédacteurs de cette revue accepteraient-ils son verdict ? Et puis, de toute façon, il préférait assumer l'entière responsabilité de ses opinions. Il partit dans le sud de la France pour montrer son brouillon à Herbart, qui lui proposa d'utiles suggestions pour le texte définitif. Le 21 octobre, le manuscrit se trouvait entre les mains de l'imprimeur.

Gide voulait garder la surprise de ses conclusions jusqu'au jour de la publication. Mais il pensait aussi qu'il valait mieux avertir ses amis. Il commença par les communistes, comme Paul Nizan. Dans « le Figaro » du 24 octobre, un article de potins rapportait la « rumeur » suivant laquelle Gide serait revenu d'Union soviétique déçu et perturbé, refusant d'écrire sur ce voyage dans la presse de gauche. II préparait un petit livre pour la mi-novembre, et il en résulterait sans doute un certain étonnement. Finalement, il se rendit à Versailles pour s'entretenir avec André Chamson et lui demander si «Vendredi » publierait ses impressions. Comment Chamson aurait-il pu refuser ?

L'une des anecdotes qu'il relata à ses amis — Chamson et Guéhenno allaient tous deux s'en souvenir et la noter — était la manière dont, au cours de ses voyages à travers l'Union soviétique, il avait été accueilli dans les gares par des banderoles de bienvenue, alors que — il le comprit ensuite — les banderoles avaient voyagé avec lui par le même train.

A présent, les pressions commencèrent à se faire sentir. Le 26 octobre, Ehrenbourg passa rue Vaneau. A la surprise .de Gide, il semblait fort bien connaître le contenu du livre avant même sa publication. Ehrenbourg déclara à Gide qu'il approuvait son point de vue et qu'il aurait même pu en dire bien davantage ! Mais était-ce bien le moment, avec cette guerre d'Espagne qui faisait rage et l'Union soviétique qui faisait tout ce qu'elle pouvait pour aider la cause républicaine ? Gide ne devrait-il pas lui-même se rendre en Espagne ? L'idée plut à Gide, car elle suggérait un moyen de prouver qu'il ne rompait pas avec les communistes. Il essayait, après tout, de maintenir un équilibre.

Il écoutait avec une apparente sympathie les communistes lui dire qu'il avait mal choisi son moment; il recevait des télégrammes du front de la guerre espagnole l'avertissant que son livre porterait « un coup mortel » à leur cause. Son ami Jef Last lui télégraphia alors d'Espagne pour le prier d'au moins retarder la publication de « Retour de l'U.R.S.S. » jusqu'à ce qu'ils pussent en parler à Madrid. Aragon téléphona pour annoncer qu'il arrivait d'Espagne avec un message de Last : ce dernier avait donné à Gide une lettre d'approbation qui devait être publiée à la fin du livre, et il fallait à présent supprimer la lettre. Manifestement, Last avait été identifié comme le point faible de Gide. Malraux revint d'Espagne et téléphona à Gide pour lui proposer de dîner avec lui. Gide redoutait qu'il ne s'agisse encore d'une nouvelle tentative de pression. Mais Malraux demeurait lui-même un être indépendant. « On vous embête beaucoup, n'est-ce pas ? Ne vous laissez donc pas faire. » Cependant, quand Gide rencontra Victor Serge, ce dernier posa la question : que choisirait Malraux s'il lui fallait se prononcer pour ou contre Gide ?


(1) Ilia Ehrenbourg, « La nuit tombe », Paris, 1966 André Gide, « Journal (1889-1939 », Paris, 1948 ; Maria van Rysselberghe, « les Cahiers de la petite dame » (1929-1937), « Cahiers André Gide 5 », Paris, 1974 ; Victor Serge, « Mémoires d'un révolutionnaire (1901-1941) », Paris, 1978.
(2) Eugène Dabit, « Journal intime (1928-1936) », Paris, 1939 ; André Gide, « Journal (1889-1939) », Paris, 1948 André Gide, « Littérature engagée », Paris, 1950 ; Maria van Rysselberghe, « les Cahiers de la petite dame » (1929-1937), « Cahiers André Gide 5 », Paris, 1974 ; « Vendredi », Paris, 23 août 1936."

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