vendredi 26 décembre 2014

Gide à la Mosquée Verte


La presse turque nous apprenait récemment qu'une plaque a été installée par la municipalité de Bursa (Brousse), en Turquie, devant la Mosquée Verte. Sur cette plaque, un extrait de La Marche Turque sur cette fameuse mosquée, et le portrait de son auteur, André Gide.


Le panneau installé par la ville de Bursa devant la Mosquée Verte (source)


La Marche Turque est constituée des pages du Journal de Gide relatant son voyage en Turquie fin avril - début mai 1914. Il les dédie « A Em. », c'est-à-dire à sa femme Madeleine : « Pour vous j'arrache à mon carnet de route et je copie, en post-scriptum aux insuffisantes lettres que je vous adressais de là-bas, ces feuilles plus insuffisantes encore. »


« Brousse. La Mosquée Verte.

Lieu de repos, de clarté, d'équilibre, Azur sacré; azur sans rides; santé parfaite de l'esprit...
Un dieu exquis t'habite, ô mosquée. C'est lui qui conseille et permet la suspension spirituelle, au milieu de l'ogive et la rompant, de cette pierre plate, là, précisément où devraient se rencontrer les deux courbes, à cet endroit secret, actif, qui prennent aise, à ce lieu de coïncidence et d'amour, qui font trêve et s'offrent à se reposer. O sourire subtil! Jeu dans la liberté précise! Que tu en prends donc à ton aise, délicatesse de mon esprit!
Longtemps j'ai médité dans ce saint lieu, et j'ai compris enfin que c'est ici le dieu de la critique qui attend nos dévotions, et que c'est à l'épuration qu'il invite. »
André Gide, La Marche Turque, Journal 1889-1939, Gallimard


2 commentaires:

Laconique a dit…

Je ne sais pas où vous avez trouvé cette info, rien ne vous échappe !... En tout cas je trouve ça émouvant : se dire que quelques lignes tracées dans un carnet surgiront dans l’espace public un siècle plus tard, cela montre le pouvoir de la littérature.

Fabrice a dit…

C'est une organisation bien rodée : grâce au pourcentage que me reverse Gallimard sur la vente des œuvres de Gide, je salarie une grosse d'informateurs et de rabatteurs à travers le monde !

Pouvoir de la littérature, oui. Mais je ne suis pas sûr que sa place soit dans l'espace public... Combien de lieux défigurés par la pose de ces plaques ?