samedi 27 mai 2017

Du côté des ventes aux enchères


Lot 119
GIDE (André). (1869-1951).
9 L.S. dont 2 avec post-scriptum ou addition autographes, Cuverville-en-Caux et Paris 1927-1929 et 1948, à Marcel Thiébaut ; 9 pages in-4 ou in-8.
18 juillet 1927. Sur la proposition de donner dans la Revue de Paris une partie de sa relation de voyage [Voyage au Congo].
« Mais, outre que j’aurais quelque vergogne à me présenter pour la première fois à vos lecteurs dans une tenue (de style) aussi négligée, j’aurais, de mon côté une autre proposition à vous faire »… Il s’enquiert aussi d’une étude sur lui-même dont Thibaudet lui a parlé… 7 février 1928. Thiébaut n’a pas reçu le texte de sa conférence puisqu’elle n’a pas été prononcée. « J’étais parti à Berlin avec l’espoir de pouvoir achever de la préparer. L’excessive amabilité des berlinois ne m’en a pas laissé le loisir »… 31 octobre 1928. Invitation à venir dans son nouveau domicile, 1 bis, rue Vaneau… 13 novembre 1928. Il lui confie son École des femmes, et un roman d’un ancien camarade de classe, « grand voyageur et colon australien. Nous avons publié dans le temps à la Nouvelle Revue Française une nouvelle de lui : Le Charretier, de la qualité la plus rare, – à la suite de quoi le directeur des Marges écrivit à Wenz aussitôt pour tâcher de nous le souffler. Grand ami de Jack London, Paul Wenz a traduit L’Amour de la vie. Trop nomade et aventurier lui-même pour avoir acquis beaucoup de métier ; de là tout à la fois ses qualités presque extra-littéraires et ses maladresses »… 2 janvier 1929. Il souhaite le consulter sur les épreuves de L’École des femmes, qu’il a corrigées, et sur l’édition américaine dans le Forum… 7 janvier 1929. Envoi d’une coupure d’épreuve avec une modification à communiquer à l’imprimeur… 26 janvier 1929 : « Heureux de savoir que ma photographie vous a fait plaisir ; j’aurais voulu pouvoir vous en envoyer une meilleure »… 26 avril 1929, remerciant pour le paiement des droits de L’École des femmes, et espérant le revoir à la seconde décade de Pontigny… 17 juin 1948. « Les pages que j’écrivais sur Alexis Léger (sans cesse distrait, je n’ai pu encore achever ce petit travail) étaient destinées, en principe, à un numéro d’hommages pour l’auteur d’Anabase, que se proposait de faire paraître […] la revue Fontaine », à côté d’autres articles sur l’œuvre de Léger, « ce qui me permettait, me référant à ces articles, de ne point parler de cette œuvre, mais presque exclusivement de la personne et du behavior si particulier de Léger que j’ai beaucoup connu durant les premiers temps de sa vie à Paris – au sujet de quoi j’avais plaisir à rapporter quelques anecdotes très significatives. Il me semble bien difficile de faire paraître ces pages sans marquer d’autre part mon admiration pour le poète, mais sans doute une refonte de ce que j’écrivais ces jours derniers »…





Lot 215
Laure Albin Guillot (1879-1962)
André Gide, 1946.
Épreuve argentique d’époque. Signature de la photographe en bas à droite.
18,2 x 13,4 cm avec marges



Un Thésée pour une sorcière

Le site edition-originale.com propose deux exemplaires du très beau Thésée dans son édition originale de 1946. L'une est accompagnée d'un envoi de Gide à Gaétan Picon, un proche de Malraux alors professeur de littérature et auteur de chroniques dans plusieurs revues.

L'autre est, selon le vendeur, adressée par Gide "à mes vieux amis Jeanne et Pierre Blancharay"... Ces "vieux amis", associés à un nom inconnu, ne manquent pas de piquer la curiosité. On rectifie donc assez rapidement l'orthographe en zoomant sur l'image et en déchiffrant l'écriture de Gide : le livre est adressé à Jeanne et Pierre Blanchenay. L'autre nom de Jeanne Mühlfeld, comme nous l'apprenait Claude Mauriac, dans Qui peut le dire ? (L'Âge d'homme, 1985), recueil de ses chroniques parues en 82-84 dans La Tribune de Genève. Mme Mühlfeld, aussi surnommé "la Sorcière" par Valéry et souvent ainsi désignée dans la correspondance de Gide avec ses amis qui fréquentaient son salon de la rue Georges-Ville :

"Une sorcière à Passy

Achevé d’imprimer à Neuchâtel chez Paul Attinger, le 2 février 1955, Visages de mon temps (Éditions Ides et Calendes ) est signé d’un nom peu connu : Jeanne Blanchenay. Cent exemplaires sur chine en furent tirés, dont le n° 20 pour mon père.

Ce nom, Blanchenay, était celui du second mari de Mme Mühlfeld, plus connu grâce au salon littéraire que tenait cette dame, chez elle. Elle se déplaçait avec difficulté, si bien que...

"... demeurée seule, sans grande fortune, n’ayant plus ni chevaux ni voiture, marchant assez difficilement et détestant les transports en commun, je décidai de ne plus jamais sortir qu’à de rares occasions. Quelques intimes, toujours parfaits pour moi, et qui étaient mes voisins, vinrent me voir presque tous les soirs..."

Et, parmi eux, dans sa jeune gloire d’alors, Paul Valéry, qui habitait la rue de Villejust (elle porte aujourd’hui son nom), Mme Mühlfeld ayant à côté son appartement, rue Georges-Ville.

Sûr de la trouver chez elle, Valéry allait donc en fin de journée voir Mme Mühlfeld chez qui se rendait chaque soir pour y entendre Paul Valéry quelques jeunes écrivains fervents. Dont, de la proche rue de la Pompe, François Mauriac.

- Je vais chez la Sorcière... 

Ainsi appelait-on Mme Mühlfeld qui rappelle elle-même dans ses Mémoires ce vers de Paul Valéry dans un poème à elle dédié : 

Et la sorcière rose, au cœur de son nid jaune... 

Cette Sorcière si souvent évoquée fascinait l’enfant que j’étais. Il me paraissait naturel que ma mère n’accompagnât pas mon père dans cet antre. La Sorcière n’aimait point la concurrence féminine et ne recevait les dames que le dimanche. Seul m’a fait rêver autant que cette créature au nom maléfique, le Bœuf que mon père, accompagné cette fois de maman, allait voir, la nuit, sur un toit. 

Ces Visages de mon temps nous font rencontrer bien des écrivains, de Barbey d’Aurevilly à Jean Cocteau, de Jules Renard à Anna de Noailles, de Robert de Montesquiou à André Gide. Et, naturellement, mais plus courtement que je ne m’y étais attendu, François Mauriac."


jeudi 11 mai 2017

Gide inspire les lycéens de Draguignan


Les lycéens ont rendez-vous ce week-end au Lavandou pour les 4e Journées Catherine Gide consacrées aux Faux-monnayeurs, roman et journal de Gide au programme du baccalauréat.

Cette œuvre foisonnante a inspiré les élèves de terminale L1 et L/ES du lycée Jean Moulin à Draguignan, qui ont écrit plusieurs textes fort intéressants à partir des thèmes et personnages gidiens :