samedi 7 octobre 2017

Dans des lettres de Schwob et Duhamel


La vente de la Correspondance Élie Faure aura lieu chez Alde le 30 octobre prochain (lire et télécharger le catalogue). Deux mentions de Gide méritent d'être signalées :


Lot 43
DUHAMEL (Georges). - Correspondance de 20 lettres autographes signées, soit 15 lettres et 5 cartes, adressées à Élie Faure. 1920-1934 et s.d.
Georges Duhamel partageait avec Élie Faure une expérience de médecin militaire durant la Grande Guerre, mais n'était pas animé par la même radicalité et n'avait pas subi comme lui l'influence nietzschéenne. Ces rapprochements et divergences traversent la présente correspondance, d'une grande richesse. 
Valmondois, 7 août 1932. « J'ai, l'un des premiers, écrit que le phénomène russe était considérable et qu'il fallait, justement, le considérer avec respect. Je me suis fait couvrir d'injures et de menaces... Aujourd'hui, des gens comme Gide viennent manger les marrons que nous avons tirés du feu. Allez-vous en manger aussi ? À voir l'empressement récent de certains écrivains à louer l'effort soviétique, on peut apprécier la gravité de notre situation sociale. »
Estimation : 400 € / 500 €


Lot 106
SCHWOB (René). - Ensemble de 13 lettres autographes signées (2 de son paraphe). [Vers 1926-vers 1932].
Environ 75 pp. in-folio, quelques déchirures avec petits manques atteignant le texte.
Très belle correspondance, de haute tenue intellectuelle.
L'écrivain et critique d'art juif médite sur le catholicisme (auquel il s'est converti en 1926), le protestantisme et Nietzsche, l'amour et la connaissance, le surréalisme et le communisme, le rapport entre l'art et la religion (point polémique entre lui et Élie Faure), le rationalisme, évoque ses livres Moi juif, Chagall et l'âme juive, et les livres d'Élie Faure Napoléon, La Sainte Face, L'Esprit des formes, Les Trois gouttes de sang, Histoire de l'art, Mon Périple, etc. Une lettre renferme une pièce de 57 vers intitulée « Poème pour les pauvres ».

S.l.n.d. « Pour vous prouver... à quel point il était loin de ma pensée de faire contre vous un pamphlet... permettez-moi... de copier pour vous les notes qu'à 2 h. du matin l'autre jour je me sentis obligé d'écrire à propos de vous... En vérité, je vous confesse que je n'ai pas de plus cher espoir que de vous convertir. Et chaque jour vous trouvez place dans mes prières auprès de Gide et de trois autres esprits dont la détresse m'est douloureuse. Je prie pour vous, n'en riez pas. Riez-en d'autant moins que ces dernières réflexions que votre tragédie m'inspira achevèrent de me convaincre de la profondeur, encore insoupçonnée de moi, où le mal s'est enfoncé dans votre âme. Oui, vous êtes protestant – vous êtes terriblement protestant. Et ce que vous appelez un pamphlet était à mon sens une candide psychanalyse que je m'étais efforcé de vouloir précise et curative. Pardonnez la... »

Estimation : 400 € / 500 €

Sur les échanges entre Gide et Schwob, voir ce billet : Schwob, Mauriac et le besoin de dieu.

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