(Pour la première partie de la visite : suivez le guide...)
Chambre "dite d'André Gide" ...et vue depuis sa fenêtre
Marie-Odile Bougaud et Claire Paulhan nous accueillent dans l'ancien dortoir des frères convers, à l'étage où Paul Desjardins avait installé la bibliothèque. Tout au fond dans l'angle, une pièce a été aménagée : c'est la chambre « dite d'André Gide ». Avec sa cheminée aux carreaux inspirés de motifs médiévaux et son lit à baldaquin (aujourd'hui installé à Cerisy), elle est la « pièce d'apparat » qu'il regagne à pas de loup dans la description baroque d'Albert-Marie Schmidt*. Mais sans doute lui préférait-il des chambres d'où l'on pouvait aller et venir avec plus de discrétion...
Porte du réfectoire, porte du salon et porte du grand hall
Tout au bout de cette même partie du
bâtiment mais au rez-de-chaussée s'ouvre le salon qui était
réservé aux débats des décades. « Vous allez être
déçus », préviennent nos guides. L'espace d'origine a en
effet été découpé par une cloison. Difficile de se représenter
comment les lieux pouvaient être installés, où les banquettes
étaient posées, où le miroir à trois faces était accroché, où
le piano... De là, par le petit pont qui enjambe le bief et près
duquel Gide posa si souvent, nous gagnons, tout au fond du domaine,
la maison de Paul Desjardins.
Pavillon de l'encyclopédie, la maison de Desjardins
« Pavillon de l'encyclopédie »,
et foyer où l'on voyait Alexis Curvers et Jeanne Jacob prendre leur
petit déjeuner, cette maison à l'écart que Paul Desjardins avait
choisie pour y habiter est la seule qui donne sur le village. La
fenêtre d'une chambre s'ouvre sur le pont sur le Serein : c'est la
vue depuis la chambre de Gide que Robert Levesque décrit dans son
Journal [1]. Très probablement la chambre de Paul Desjardins,
dont il avait abandonné le confort à Gide.
Le pont sur Serein, vu depuis la chambre que Desjardins prêtait à Gide
Au retour, détour par ce qui reste de
la charmille et considérations minérales sur les lavabos
bourguignons. « … on savourait sous les charmilles le doux
mal d'être deux ; on dansait, vers minuit, à la lueur d'un fanal,
dans les vasques de pierre qui, comme des compotiers géants, se
dressaient aux carrefours du parc... »** Témoins muets de ces
soirées pontignaciennes : un hêtre plus que suprême et un if
vénérable, offerts par Loup Mayrisch...
L'hêtre pourpre offert par Aline Mayrisch veille encore sur l'abbaye
Sur des marches semblables à celles où Gide et Copeau,
raquettes à la main, posaient aux côtés de Sclumberger et Gosse,
nos hôtes et amis acceptent de poser pour la postérité de
l'internet. Le soir enfin, Pierre Masson évoquait dans le réfectoire
les liens entre Paul Desjardins et André Gide, et comment, dans le
plus gidien des lieux non-gidiens, il installait sa famille
d'élection... Merci encore à Marie-Odile de nous avoir ouvert
toutes les portes de l'abbaye et bravo aux Amis de Pontigny de
continuer à l'habiter – en attendant que la région, désormais
propriétaire, lui donne, on l'espère, un nouveau souffle...
Des marches propices aux photos-souvenirs
_______________________________
* Albert-Marie Schmidt, A Pontigny,
in Hommage à André Gide, NRF, Gallimard, 1951
** Ibid.
[1] (ajout du 17 mars 2012) : Les Conversations avec André Gide, de Claude Mauriac confirment que Gide, au moins en 1939, occupait la chambre de Desjardins dans le pavillon, avec son balcon donnant sur le pont du village : "Jean Davray est au car de midi. Avec quelle joie je l'accueille et l'initie à Pontigny. Gide, de son balcon, jeune si extraordinairement, nous salue. Trente-cinq ans, dit Jean. Il exagère à peine." (p. 218, éditions revue et augmentée, Albin Michel, 1990)
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