samedi 12 décembre 2015

Formuler Gide

Souvent lorsqu'on me demande « Pourquoi Gide ? » et que je dois rassembler rapidement quelques grandes idées autour de Paludes, du Journal et d'une biographie à faire bredouiller un Lestringant sur 2000 pages, je me dis qu'une formule serait bien pratique. Le « contemporain capital » a pris un sérieux coup de plomb dans l'aile depuis que BHL l'a attribué à Glucksmann...

Eh bien, en voici une qui me plaît assez : Gide est de ces auteurs qui « nous inspirent des considérations sans cesse reprises et rendent inépuisablement intelligents les mortels qu’ils ont initiés à leur musique. »

Merci à François Mauriac* pour son aide.



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* « Car dès cet âge-là nous disputions, mes frères et moi, des mérites comparés de la comtesse de Ségur et de Zénaïde Fleuriot, avec la même passion que plus tard de ceux de Corneille et de Racine, puis de Bourget et de Barrès, pour atteindre enfin au stade que je n’ai plus quitté où Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé, Gide et Proust nous inspirent des considérations sans cesse reprises et rendent inépuisablement intelligents les mortels qu’ils ont initiés à leur musique. » F. Mauriac, Mémoires intérieurs, Flammarion, 1985, p.228)

3 commentaires:

Laconique a dit…

C’est tout à fait ça. Gide ne prêche aucune théorie, il invite le lecteur à être libre et à trouver sa propre voie, contre lui-même s’il le faut. C’est pour ça que lire Gide est si particulier : le lecteur n’est pas passif, sa lucidité est toujours sollicitée, ainsi que sa participation. On pourrait aussi citer l’hommage émouvant de Maria Van Rysselberghe : « Ce qu’il disait ne procédait jamais du paradoxe, mais d’une vision nouvelle à laquelle cette courtoisie dont il ne se départait jamais vous invitait à collaborer. »

Fabrice a dit…

A rapprocher aussi du témoignage de Seferis. Merci, fidèle Laconique, pour ces liens que vous tissez au bas de mes billets. Gide, c'est aussi ça, pour moi : un réseau, non pas au sens bassement matériel où on l'entend aujourd'hui, mais une ensemble de connexions entre des œuvres parfois si disparates que je me dis qu'il n'y a qu'un insaisissable Gide pour permettre cette circulation.

Laconique a dit…

Merci à vous d’entretenir avec rigueur la flamme gidienne ! Gide est plus qu’un auteur pour moi, c’est presque une hygiène de l’esprit. Je suis trop excentré pour participer aux événements parisiens, mais qui sait, la vie est longue, et comme vous dites le réseau gidien est solide, comme c’était déjà le cas de son vivant.