samedi 11 juin 2016

Ventes aux enchères : Montherlant sur Gide


Signalons en passant la belle vente Ader de Lettres & Manuscrits Autographes le 22 juin prochain à Paris. Si Gide n'y est représenté que par une petite lettre à René Boylesve, une autre d'Henry de Montherlant sur Gide nous apporte une intéressante critique du second par le premier, datée de 1928. On notera aussi l'étonnante remarque de Paul Valéry, dans un bel ensemble de 85 lettres à Renée de Brimont, confidente de sa liaison avec Catherine Pozzi, quant à la position de Gide sur la candidature de Valéry à l'Académie :

« Les choses académiques sont aussi des choses infernales. On m’a jeté dans des difficultés inutiles, et dans des fatigues supplémentaires. Je suis à bout. Il a fallu cette semaine courir, trouver, interroger. J’ai vu Boylesve, Régnier, Barthou, de Flers... Demain, je reviens à Hanotaux qui attend une réponse. [...] Barthou et Flers me font sentir que je ne suis pas tout à fait mûr encore. Ils ont raison, les autres sont plus affirmatifs. J’ai envie d’envoyer tout au diable. [...] Mais on dit que le fauteuil nourrit son homme »... Lundi [18 juin].
Il a vu Gide. « Il ne s’engage pas beaucoup. Mais je compte bien qu’il ne sera pas contre, et c’est énorme ! » (voir la présentation de ce lot)

Lot 193
André GIDE (1869-1951). - L.A.S., Villa Montmorency 8 février 1914, à René Boylesve ; 2 pages in-8.
On joint une L.A.S. de Julien Green, 3 janvier 1986, adressant ses vœux à une demoiselle qu’il remercie d’aimer ses livres et Dans la gueule du temps.
Il ne se résigne pas à lui envoyer seulement ses Souvenirs de la Cour d’Assises. Il va lui porter le livre et une traduction de Tagore « prétexte pour vous revoir : j’en serai si heureux. Chaque fois que je pense à vous, je me sens un peu moins sauvage, et les quelques rares fois que j’ai pu causer avec vous m’ont toujours laissé penser que je pourrais causer avec vous davantage »...

Estimation : 200 € / 250 €

Lot 253
Henry de MONTHERLANT. - L.A.S., Oasis de Nefta 5 avril 1928, à un critique ; 2 pages in-4.
On joint une L.A.S. de Jules Romains à André Figueras : « il n’est que trop vrai qu’une bonne partie de l’“intelligensia” semble avoir pris à tâche l’accélération immédiate de notre décadence »...
Il le remercie de son article intelligent sur son dernier ouvrage et lui exprime son désaccord sur deux points : « Chez Gide, j’estime l’homme, et particulièrement son courage [...] j’ai beaucoup moins d’estime pour l’artiste et l’écrivain, et je ne comprends pas comment il peut exercer une influence, sauf à un point de vue sexuel tout à fait spécial. L’influence (réelle) exercée par Gide est pour moi un mystère; peut-être me rencontré-je avec lui ; en tous cas, je n’ai pas subi la sienne. Je sais fort bien qui m’a réellement influencé parmi les écrivains du XIXe et du XXe siècle : Chateaubriand, Flaubert, Barrès, d’Annunzio. Pour les autres : rencontres ». Pour prouver que le cœur apparaît bien dans ses ouvrages, il va envoyer à son correspondant « un petit volume de pages choisies de moi, précisément intitulées Pages de tendresse »...

Estimation : 200 € / 300 €


Plus d'infos sur le site Ader.

1 commentaire:

Laconique a dit…

J’ai l’impression que les rapports entre Gide et Montherlant, qui étaient partis sur d’assez bonnes bases, n’ont cessé de se détériorer. Il serait aisé de trouver des remarques très acerbes de part et d’autre, et dès les premières années me semble-t-il.