mercredi 28 septembre 2011

Racines rouennaises

De passage à Rouen, Alain Goulet a découvert une page de Fenêtre sur tour, la lettre d'information de la direction des archives départementales de Seine Maritime, consacrée à Gide et qu'il a eu la gentillesse de nous signaler. Intitulé André Gide, un écrivain aux racines rouennaises, l'article signé Philippe Priol rappelle les origines normandes de Gide du côté de sa mère et de sa femme, les Rondeaux. Un portrait de son ancêtre Jean-Marin Rondeaux de Sétry, les signatures au bas du contrat de mariage des parents d'André et la façade de l'hôtel familial à Rouen illustrent cette page. Il faut rappeler également que la ville de Rouen a récemment fait l'acquisition de la bibliothèque de Gide, devenant le second fonds gidien le plus important, après celui de la Bibliothèque Littéraire Jacques Doucet.





HOMMES ET LIEUX [par Ph. Priol]
André Gide, un écrivain aux racines rouennaises,

Le 19 février 1951, André Gide mourait à Paris. Celui qui affirmait à Barrès qu’étant né d’un père uzétien et d’une mère normande, il ne savait où s’enraciner, avait pourtant bel et bien des origines rouennaises. Par sa mère, née Juliette Rondeaux, il appartenait à ce patriciat rouennais qui se distingua, aux XVIIIe et XIXe siècles, aussi bien dans le monde de la magistrature que celui des affaires.

Les Rondeaux
C’est vers 1650 qu’un certain Nicolas Rondeaux, originaire de Fleury-La-Forêt, en lisière de la forêt de Lyons, va commencer à inscrire sa trace dans le paysage rouennais. Appartenant sans doute à ces familles paysannes qui pratiquaient le commerce, c’est à Rouen qu’il va réellement affirmer ses qualités et ses mérites. Bien que ne sachant ni lire ni écrire, il va rapidement s’imposer. Installé comme marchand-épicier-droguiste, il parviendra à l’honorabilité bourgeoise et fera partie de la compagnie de la Cinquantaine, autrement dit une milice composée d’arbalétriers chargée d’assurer la sécurité des habitants.
L’ascension de la famille sera ensuite fulgurante, puisque son petit-fils, Jean Marin Rondeaux de Sétry (1720-1805) sera conseiller à la Cour des Comptes, Aides et Finances de Normandie et seigneur de Saint-Etienne-du-Rouvray. Le fils de ce dernier, Charles-Marin Rondeaux de Montbray (1753-1820), éphémère
maire de Rouen en 1792, exercera comme manufacturier. C’est le bisaïeul de l’écrivain.
La Révolution ayant bouleversé le cours des choses, Edouard Rondeaux (1789-1860), son grand-père, suit l’initiative paternelle et se lance dans les affaires. Manufacturier, négociant, indienneur à Bolbec, puis au Houlme, membre de la chambre de commerce et conseiller général, il incarne la parfaite figure du notable rouennais. Epoux de Judith Pouchet, d’une famille de manufacturiers protestants, il élève ses enfants dans la religion réformée. C’est le 27 février 1863, à Rouen, que leur fille, Juliette Rondeaux, épouse Paul Gide,  professeur à la Faculté de droit de Paris. Ils sont les parents d’André.
Gide à Rouen
Si venant du Vieux-Marché, l’on remonte l’actuelle rue de Crosne jusqu’au croisement de la rue de  Fontenelle, l’on remarquera, à hauteur de ce croisement, sur la droite, un immeuble à la belle ordonnance classique, aux fenêtres hautes et claires, surmontées de camées sculptés ; il fait l’angle des deux rues, il s’agit de l’hôtel de Bois-Guilbert, alias l’hôtel Rondeaux. Construit en 1785 par un descendant de l’économiste bien connu, Pierre Le Pesant, seigneur de Bois-Guilbert, cousin éloigné des Corneille, Edouard Rondeaux, grand-père de Gide l’avait acquis en 1832. C’est là qu’était née la mère de l’écrivain en 1835. Plus loin, aux abords de l’Hôtel-Dieu, au numéro 18 de la rue Lecat, vivait son oncle, Emile Rondeaux. Plusieurs des romans de Gide, dont l’enfance devait se dérouler épisodiquement à Rouen, ont pour cadre ces demeures et leurs habitants.

(Fenêtre sur tour, Lettre d’information de la direction 
des Archives départementales de Seine-Maritime n°6)

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