Dans un article de La Revue Française titré "L'Allemagne et nous", René Johannet s'en prend en décembre 1921 à Gide au travers de ses rapports avec les intellectuels allemands, Curtius notamment.
"Ce qui est aussi grave [que de nommer un protestant au poste de haut-commissaire en Rhénanie, nda], c'est la tentative qui s'ébauche, de nouer des conversations entre intellectuels non représentatifs des deux pays. Je dis cela surtout pour la France. [...] Causer avec M. Gide c'est proprement causer avec le vide, car M. André Gide, en tant qu'autorité sociale, est exactement égal à zéro. S'il n'était qu'égal à zéro !"
"M. Gide n'incarne pas même une école littéraire, pas même la revue où il écrit. Son oeuvre est le scandale intellectuel et moral le plus impuni du siècle", poursuit, quelques lignes plus loin, René Johannet. Extrait repris par Gide dans son Journal et qu'il commente : "En plus des annonces, je ne reçois que des éreintements." "A croire que je les paie", s'amuse-t-il quelques mois plus tard en pleine attaque des Béraud-Massis.
Toujours les mêmes griefs chez Johannet : moeurs douteuses, protestantisme qui se refuse à la conversion, oeuvre d'aucun intérêt... Il faut dire que les livres de Gide, hormis La Porte Etroite, n'ont été reçus que par quelques intellectuels. Mêmes les Nourritures ne deviendront commercialement rentables que quelques années plus tard... grâce en grande partie à ces attaques dont Gide va bénéficier.
En s'attaquant à Gide, les critiques vont amener le public à chercher à mieux connaître ce qui lui est reproché, et la jeunesse, attirée par l'odeur de soufre supposé, va s'emparer des livres de Gide. Le genre de reproche de Johannet ira même jusqu'à lui donner plus fermement la place d'auteur français qui compte, de contemporain capital. C'est Gide le vertébré face aux carapaces maurassiennes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire