mardi 19 février 2008

Jean Lambert : un été 42

En mars 1940 dans les Cahiers du Sud, Jean Lambert signe un petit texte sur Gide intitulé "Les Nourritures célestes", pastiche dans lequel Lambert voit Gide comme un être "artificiel et tout littéraire" (1). Il en envoie un exemplaire à Gide.

C'est le premier contact tout épistolaire entre le jeune homme né en 1914, passionné de littérature allemande, futur traducteur de Thomas Mann et écrivain, et Gide. Ils ont aussi en commun Jean Schlumberger que Jean Lambert admire beaucoup et auquel il consacrera un livre en 1942. C'est pendant la guerre, dans le sud de la France, que Lambert fait son entrée dans le cercle des proches de Gide, avant d'en devenir un "familier" en épousant en 1946 sa fille Catherine.

Dans son journal (inédit mis en ligne par l'Université de Provence, cf notes), Jean Lambert raconte cette rencontre :

"Marseille, 20 juin 41.
J'ai essayé vainement, en quittant Cannes mardi soir, d'apercevoir ou de deviner Cabris sur les lointaines collines. Thomas prétendait qu'on devait le distinguer au passage du train dans certaine vallée. Une étrange nostalgie, à demi mystique, me lie désormais à ce petit village dont le Contre-Ordre d'Herbart m'avait donné un avant-goût et que j'ai visité la veille du départ, vers la fin de la soirée. Le premier jour, tant il y avait de brume après l'interminable pluie, nous étions passés auprès sans même voir les maisons les plus proches ; au point que Thomas, qui était venu m'attendre à Grasse à la descente du car, reconnaissait à peine la route de la Messuguière.
Je n'oublierai jamais notre arrivée, après une heure de marche sous la pluie où nous nous encouragions par l'idée du porto qui serait préparé pour nous. De fait, une fois changés jusqu'à la chemise, quand nous nous sommes retrouvés dans le salon silencieux devant les deux bouteilles bienveillantes, une admirable quiétude nous a envahis, favorisée par l'alcool et le sentiment d'une conduite méritoire. « Tu verras, disait Thomas en cours de route, quand la pluie redoublait de violence, tu verras : plus nous serons trempés, lamentables, plus on nous recevra gentiment. » Je n'oublierai pas davantage le premier contact avec Gide (je l'avais si peu vu pendant ma visite à Paris, la veille du départ pour Berlin). Il s'est présenté tout à coup dans l'ouverture de la porte qui menait à la petite chambre de Thomas et, pour compléter le linge qu'il venait de remettre à celui-ci à mon intention, chaussettes et chemise, il apportait un caleçon en demandant d'une voix inquiète : « Portez-vous des caleçons longs ou courts ? - En ce moment, dis-je, je n'en porte pas. - Mais êtes-vous sûr que vous n'allez pas prendre froid, attraper une épouvantable bronchite ? »
Il est revenu un peu plus tard, au moment où Thomas me lisait les passages de La Fin de Satan dont il m'avait parlé pendant la route, et en particulier le fameux vers :
Baleine à la mâchoire infecte et délabrée… [Dieu, II, 7]
qu'il déclamait en imitant Gide - et j'ai failli éclater de rire quand celui-ci l'a déclamé à son tour. Je pensais : « C'est Gide qui est là, qui me parle, qui raconte des souvenirs de La Roque » (qui a appartenu à la famille de Racine) ; j'avais peine à m'en persuader, tant je trouvais cette rencontre naturelle et familière cette conversation.
Et de même lorsqu'un peu plus tard il nous a appelés dans sa chambre pour nous lire les fragments de Hugo qu'il n'a pas conservés pour son anthologie et qu'il appelait les « tombées de Dieu » (« Je vais vous lire les tombées de Dieu ») - et même en voyant ces vers écrits de la célèbre écriture, j'arrivais mal à me persuader que j'avais devant moi l'homme qui avait joué un si grand rôle pour ma jeunesse. Tout devenait intime, aisé, comme connu depuis longtemps. Et lorsqu'au dîner je me suis trouvé assis entre Madame Mayrisch et Gide, ayant en face de moi Michaux et Thomas, un peu plus à droite Andrée Viénot ; vêtu, quant à moi, d'une manière baroque, avec le pantalon bleu emprunté au chauffeur de Marseille et une veste d'été que venait de me prêter Gide, d'une ampleur un peu excessive - toutes ces circonstances étranges se fondaient dans un bien-être, dans un début d'ébriété qui me donnaient comme rarement le sentiment du bonheur.
La soirée s'est passée à regarder des images, à jouer à ce jeu de cartes dont Andrée Viénot prétend qu'il sert à Gide, dans les hôtels, pour entrer en rapport avec ceux qui l'intéressent, et à boire cette chartreuse verte qui est devenue pour moi la liqueur de Cabris.
En m'éveillant le lendemain matin, j'avais encore dans les oreilles le bruit de la pluie qui m'avait endormi. Mais un soleil de paradis illuminait la vallée, où ne flottaient plus que les derniers lambeaux de brume ; et je pouvais voir enfin la mer, si vainement cherchée la veille. Je passe prendre Thomas et, tandis que je l'attends dans le vestibule, je vois se refléter dans la vitre du tableau que j'examine le visage à la ride profonde, tel qu'il apparaît sur la couverture du Journal ; une seconde vitre, celle de la fenêtre donnant sur le jardin, me sépare de Gide qui, conscient ou inconscient de ma présence, dit à voix plutôt forte : « Il est bien, ton ami, il est très bien » ; et suivent quelques phrases que je n'entends pas, d'autant plus que, peu soucieux d'être trouvé si proche, je disparais.
Thomas me rejoint au salon où je relis (ou lis) quelques très beaux vers de George, admire de prestigieuses éditions des Nourritures, du Grain, du Serpent ; et nous partons pour une promenade allègre à travers les rochers et les oliviers. Au retour, nous montons saluer les Herbart, occupés à soigner deux chevreaux sur la terrasse des Audides. Impression très sympathique de Pierre et Élisabeth Herbart. Et quelle agréable maison !
En attendant l'heure du déjeuner, après avoir étendu sur les dalles ou suspendu aux oliviers nos vêtements encore humides, repos en plein soleil autour de la table de pierre, près du magnifique tilleul, où Gide vient bientôt nous rejoindre. Conversation sur Laforgue (je parle de son Berlin), sur les plantes du pays et sur Giono, dont je lis à haute voix un excellent passage dans La N.R.F. de juin.
C'est au déjeuner que nous avons mangé les belles truites qui amenèrent le sujet de l'huile bouillante et le quiproquo avec Madame Mayrisch : je parlais de frites, elle avait compris les Juifs et paraissait trouver naturel qu'on leur fasse subir un pareil supplice.
Après le déjeuner, promenade vers la bergerie abandonnée qui ferait une si bonne maison d'été, et non loin de laquelle nous somnolons dans l'herbe. Nous avions surpris en cours de route Michaux en contemplation devant une pierre plate où deux insectes se donnaient la chasse. Goûter aux Audides, où Gide vient nous rejoindre quand il ne reste plus rien. Série d'histoires macabres. Chacun y va de la sienne, sauf moi qui n'en connais pas. Gide parle du temps où il collectionnait les faits-divers. En quittant les Audides, descente au village, où les paysans entassent le foin de la belle prairie parfumée.
La soirée a été excellente, un peu attristée seulement par le départ de Thomas à qui tous sont très attachés (Madame Mayrisch est très émue au moment où il lui fait ses adieux ; elle prétend que ma présence a fait paraître en lui un coté d'humour qu'elle ne connaissait pas encore).
Gide me donne à lire, dans les Œuvres complètes de Lacépède, les étonnants fragments de ses discours à l'Académie des Sciences où il rend un hommage ému et touchant à la mémoire de sa femme, sa « chère Caroline ». Thomas m'en avait déjà parlé, et je redoutais que Gide en fasse lui-même la lecture, car je n'aurais pu garder mon sang-froid ; et je savais (et j'ai pu constater) que Gide les considérais presque sans ironie, par analogie assurément avec lui-même. Après quoi, Michaux lit d'incroyables études consacrées aux animaux par des écrivains du Moyen-Âge, telles qu'on les croirait sorties de son propre cerveau.
J'avais donné à Gide, avant le dîner, en le glissant dans la poche de la veste que je lui rendais, le petit Racine dont Thomas pensait qu'il lui ferait plaisir. Il m'en parle le lendemain matin, en descendant en voiture sur la petite place de Cabris où doit nous rejoindre Madame Van Rysselberghe avec laquelle nous descendons à Grasse. Je lisais, en les attendant, les lettres de Paul-Louis Courier, assis sur un mur bas du village. La jolie promenade, cette descente vers Grasse ! Gide fait à Thomas ses dernières recommandations. Nous passons encore deux heures de compagnie, attendant nos divers cars, essayant de faire les difficiles mots croisés que Gide a achetés pour Andrée Viénot. Adieux rapides dans la chaleur du départ. Gide me redit plus gentiment que jamais qu'il sait gré à Thomas d'avoir suscité notre rencontre ; il en paraît vraiment heureux. Mais alors, moi, que dirai-je ? Et, de fait, je remercie très mal, comme toujours." (2)

En 1942, Lambert rencontre Catherine :

"Fait enfin la connaissance de Catherine Gide. Jolie, fort sympathique, un air amusé, et une vive curiosité à savoir qui parlait avec sa grand'mère (3). Un peu moins André Walter que sur des photos vues à Paris, prises vers ses quinze ans ; surtout, ses longs cheveux la rendent plus fille. Elle suit des cours de déclamation. Drôle d'aventure que d'être la fille de Gide. Et drôle de famille."

Au fil des rencontres, il tombe sous son charme :

"[...] Je parle sans aucune contrainte et sans arrêt avec Herbart, Élisabeth et Catherine Gide, qui vient d'arriver. J'admire cette belle fille à peu près sans coquetterie, qui se baigne à onze heures du soir et à six heures du matin. Nous parlons de Thomas, des années de Paris. Herbart se rappelle le déjeuner avec Gide et Jean Genevière, où il a vu Thomas pour la première fois et à la suite duquel Thomas m'a parlé des Herbart (sans connaître encore l'existence de Catherine). Celle-ci a souvent le sourire de son père ; et, chose étrange, Herbart l'a aussi : ce sourire en coin qui tend un peu la mâchoire et donne une allure gouailleuse et un peu voyou." (23 juin 42)

"Promenade à St-Vallier avec Catherine ; j'étais très heureux qu'elle me téléphone pour demander si je voulais qu'elle m'accompagne, d'autant plus que la route, si je l'avais faite seul, eût été mortellement triste. Pays de roches et de terrasses ruinées, avivées seulement par les genêts, la première lavande et le chèvrefeuille. En arrivant à St-Vallier, nous ôtons nos sandales pour marcher pieds nus sur le goudron tiède et nous tremper les pieds dans les fontaines ; et nous ferons ainsi, pieds nus, le chemin du retour. Temps couvert où déjà l'orage tressaille ; les premiers coups de tonnerre nous accueillent à notre retour aux Audides. Bonheur, alors, de sentir sous les pieds brûlants la fraîcheur du dallage et les tapis épais. Après le goûter, Catherine descend avec moi au village et m'accompagne jusqu'ici.
C. et son père. En manière de défense à l'égard de cet homme dont on lui rebattait les oreilles, elle est restée longtemps sans rien lire de son œuvre. C'était la même chose pour Marc Allégret, qui trouvait là le seul moyen d'échapper à Gide. Il n'y a guère plus d'un an qu'elle a lu les Nourritures, les Caves — qu'elle préfère de loin aux Faux-Monnayeurs —, la Symphonie, pour laquelle elle ne marche pas plus que moi, le Journal, qu'elle trouve très beau, et le Grain, qu'elle trouve très triste. Mais jamais elle n'en parle à son père, et il a fallu que Martin du Gard serve d'interprète pour que Gide connaisse les sentiments de Catherine après sa lecture des Nourritures. Il s'en affecte beaucoup, mais sa maladresse rend difficile tout contact vraiment libre.
« Vous n'imaginez pas, dit C., quelle zone de silence existe entre mon père et moi ; lui excellant à ne jamais dire les choses nettement, moi faisant de même, de sorte que nous avons toujours besoin d'un interprète. Ce n'est pas mauvaise volonté de part et d'autre ; mais nous sommes aussi maladroits l'un que l'autre, ou aussi habiles à envelopper notre pensée… »
Elle parle d'Allégret, très séduisant, sûr de lui et diplomate, avec lequel elle a travaillé quelques jours. Les rencontres de tous ces êtres, si l'on y réfléchit un peu, sont effarantes — avec toujours le foyer central, le vieux Gide, auquel ils doivent d'exister." (24 juin 42)

Le lendemain, il s'en ouvre à Schlumberger :

"Jeudi 25 juin.
Je parle avec Schlumberger, au petit déjeuner, de ce que C. m'a dit hier. Il est d'autant plus vivement intéressé que tous se demandent comment C. réagit intérieurement ; et elle est fort secrète sur ce point. Au moindre mouvement de retrait de sa part, Gide exécute le mouvement contraire et bat lui aussi en retraite ; et elle s'entend presque trop bien à ne pas toucher, à ne pas voir les perches qui lui sont tendues. Et puis Gide lui est toujours apparu comme un personnage un peu comique, avec lequel il est parfois un peu gênant de sortir. De son côté, il est très déçu parce qu'il n'a pas mieux réussi, durant ce dernier hiver à Nice, à rapprocher sa fille de lui et à lui apporter quelque chose ; et nous convenons qu'il vaut mieux en effet que C. n'ait pas pris avec lui des cours de diction, tant il outre tout, transpose tout dans un registre artificiel.
Schlumberger pense aussi que l'indifférence de C. envers l'œuvre de Gide n'est aucunement feinte (c'est la fille la plus naturelle que je connaisse), mais a été le seul moyen pour elle de se préserver et de défendre son domaine propre ; elle semble avoir bien réussi. Ayant vécu dans ce climat surchauffé, sur-intellectuel, elle aurait pu devenir très agaçante ; or, pas trace en elle d'artifice."

Les jours qui suivent, Lambert s'étonne de son attirance :

"Cannes, 26 juin.
Matinée doucement brumeuse, mais éclatante vers 7 h, au départ de Cabris. Une légère mélancolie d'avoir quitté ce paradis. La plus gracieuse image de ce séjour est celle de C. quand elle s'est mise pieds nus à la fontaine ; je la regardais de dos, j'admirais la minceur de sa taille et ses belles jambes brunes et solides."

"Nice, samedi 27.
Petit restaurant sur la mer, quai des États-Unis. J'attends C. avec une impatience suspecte, en lisant, pour prendre patience, un mauvais roman policier.
[...]
C. arrive dans une robe blanche en fil, brodée de couleurs vives (mais le bleu a passé) que sa mère lui a rapportée de Grèce. Elle fait plus « jeune fille » qu'à Cabris. Elle sort de l'eau.
Après le déjeuner, promenade à travers le vieux Nice ; nous pénétrons dans le magnifique hôtel délabré dont des statues Renaissance décorent le grand escalier, et où m'avait déjà mené l'amie de Baissette ; nous montons jusqu'au dernier étage, C. ouvre délibérément les portes avec son éternel sourire curieux. Café au Verdun, puis sieste au soleil sur la Promenade. Glaces ; visite aux librairies. Vers 4 h, nous décidons de monter à Cimiez. Les arènes. Le délicieux jardin attenant à la chapelle, où nous cueillons des lavandes. L'an dernier encore, C. était en pension par ici ; espérant se faire renvoyer, elle faisait le mur, la nuit, pour le seul plaisir d'aller coucher à l'hôtel et de remplir une petite fiche. Martin du Gard était dans le coup.
C'est au retour de Cimiez qu'elle me dit : « Tout à l'heure, je me baignerai pour vous. Quand vous serez dans le train, mourant de chaleur, vous sentirez une fraîcheur soudaine et vous vous direz : Catherine se baigne pour moi. Aimez-vous garder longtemps la tête sous l'eau ? »
En sortant de chez un glacier, je dis à voix assez haute : « Quel plaisir de passer une journée entière à ne rien faire ! » — et à ce moment précis nous croisons la seule personne qui n'aurait pas dû entendre ces paroles [Claude Francis], l'amie de C. qui la fait travailler et l'a poussée vers le théâtre. Et C. m'apprend alors qu'elle a séché son cours de danse pour venir à Cimiez.
Elle m'accompagne jusqu'à la gare ; quand nous nous quittons, elle me fait promettre — heureuse promesse ! —, si je suis à Paris cet automne, de passer rue Vaneau pour demander son adresse. Je la regarde partir en courant vers la mer."
"Je m'aperçois depuis quelque temps, et plus que jamais aujourd'hui, que je m'accommode moins bien de la solitude et que, seul, je m'ennuie vite. Je reconnais d'ordinaire l'attachement que je porte aux êtres quand je souhaite leur présence aux moments d'enthousiasme devant un beau spectacle. Or, celle que j'ai le plus vivement et le plus souvent souhaitée auprès de moi aujourd'hui, c'est assurément Catherine. Que signifie ce soudain besoin d'elle ?" (samedi 4 juillet)

Et enfin :

"Bain du matin dans la calanque de l'Oustau de Diéu, côté pleine mer. Toute cette journée, et encore cet après-midi, j'aurai été triplement en fraude : restant dans l'île quand je n'ai plus le droit d'y être et me baignant, nu, en territoire interdit. Plus abandonné qu'un naufragé et, ce matin surtout, éprouvant assez vivement ma solitude. J'avais tort, l'autre soir chez Mme N[eumann], quand je prétendais ne jamais sentir le besoin d'un autre être ; ce besoin, au contraire, est assez torturant, surtout dans les moments d'exaltation en face d'une belle chose. Et c'est bien C. que je souhaite à tout instant auprès de moi ; c'est elle dont j'imagine les réactions et le sourire. Je suis de plus en plus consterné au souvenir de ce que j'ai dit à Mme N., un peu sous l'effet du vin ; et elle a trop bonne mémoire, et là plus que jamais, pour que j'espère qu'elle oubliera ces confidences aussi rapidement que la mer effacera, sur le sable de la plage, les initiales que j'y ai tracées." (30 juillet)

A la lecture de ces extraits offerts par l'Université de Provence, on languit d'une publication du Journal de Lambert dans son intégralité... Un Journal qui fait sans doute moins de concessions que le "Gide familier" (4) où l'agacement face à un Gide vieilli laisse souvent la place au non-dit. La Petite Dame, dans les derniers de ses Cahiers, sera elle-même bien souvent agacée.

Cette même Petite Dame qui ne nous révèle qu'en partie la suite des évènements après cet été 42 entre Jean Lambert et Catherine Gide. On apprend ainsi "en tout à coup" comme elle aime à dire, que Catherine est enceinte, qu'elle épouse Jean Lambert, que Gide a trouvé l'attitude d'Elisabeth et Pierre Herbart parfaite, que la petite Isabelle est née le même jour qu'elle, son arrière-grand-mère, faisant par la même Gide grand-père !

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1 La remarque est de Gide lors de la réédition prévue de ce texte dans un recueil de Jean Lambert en 1946. Gide regrette que maintenant qu'il le connaît, Lambert veuille faire paraître de nouveau ce texte. Pierre Herbart arrangera les choses.
2 Cet extrait et les suivants sont tirés de «Jean Lambert : Journal (septembre 1940-septembre 1942)». [actes du colloque] Déplacements, dérangements, bouleversement : Artistes et intellectuels déplacés en zone sud (1940-1944), Bibliothèque de l'Alcazar, Marseille, 3-4 juin 2005 organisé par l'Université de Provence, l'Université de Sheffield, la bibliothèque de l'Alcazar (Marseille). Textes réunis par Pascal Mercier et Claude Pérez.
3 La Petite Dame, Maria van Rysselberghe.
4 Jean Lambert, Gide familier, nouvelle édition revue, augmentée de lettres inédites, Presses universitaires de Lyon, 2000 (première parution en 1958)

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