samedi 10 octobre 2009

I. Gide et le théâtre (Colloque Gide à la BnF)

La publication des actes du colloque André Gide de vendredi dernier à la BnF est d'ores et déjà annoncée pour janvier 2010 aux éditions Le Manuscrit.

L'aperçu que j'en veux donner ici est très subjectif; autant que possible « à chaud »; brouillon pour des développements futurs.

Pour la forme bloguesque, je crois préférable de donner successivement plusieurs billets, un pour chacune des interventions : un texte trop long devient vite fastidieux à lire sur écran et chaque billet trouvera ainsi sa place dans un libellé thématique plus aisément accessible par la suite.

J'ai placé entre guillemets et en italique les citations que j'ai pu noter assez exactement lors des communications, pour le reste, je résume à grands traits leur contenu avec, je l'espère, assez de fidélité. Que les auteurs veuillent bien me pardonner certaines libertés, certains raccourcis qui sont après tout la marque de fabrique de ce blog...

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A quoi peut bien ressembler un gidien ? En observant la cinquantaine de personnes qui participait vendredi au colloque André Gide à la BnF, je me faisais la réflexion d'une part que tous ne sont pas contemporains du contemporain capital et d'autre part qu'il serait bien impossible d'en dresser le portrait-robot. Il y a tant de portes pour entrer chez Gide !

Il n'y en avait qu'une pour entrer dans le petit auditorium de cette BnF (toujours aussi concentrationnaire et qui vieillit mal – mais cela est un autre sujet) et je l'ai pourtant manquée, cette porte... Deux messieurs des services techniques où je m'étais égaré m'ont remis sur le droit chemin mais comme j'avais aussi manqué une ou deux bifurcations des périphériques parisiens, j'étais en retard de trois quarts d'heure.

Mais je m'égare encore. Marie-Odile Germain, conservateur général du département des manuscrits à la BnF, achevait la présentation du manuscrit des Faux Monnayeurs quand je pris place : un gros morceau sur lequel Alain Goulet reviendra. Et déjà, Jean Claude, professeur émérite à l'Université de Nancy et spécialiste du théâtre gidien, prenait le relais.

« En introduisant les œuvres dramatiques dans la chronologie, la nouvelle édition de la Pléiade montre que le théâtre n'est pas un accroc dans l'œuvre gidienne mais possède une présence constante », rappelle tout d'abord Jean Claude. Dès 1899, Gide rêve de théâtre. Un théâtre « peu joué, méconnu mais cohérent, une tentation permanente. » Gide était persuadé que si Saül avait eu plus de succès en son temps, sa carrière en eut été autre.

Intéressé par le théâtre de son temps*, ami de metteurs en scène et de comédiens, Gide travaille aussi avec des compositeurs qui souhaitent adapter ses œuvres, écrit un scénario pour le ballet. Mais ces expériences n'ont jamais occupé la première place chez un Gide pourtant toujours tenté, chez qui se mêle « curiosité, défi et impatience puérile. »

« Gide est le type même de l'intellectuel attiré par le théâtre mais rebuté par les réalités matérielles de l'art théâtral », poursuit Jean Claude. Le théâtre de Gide se veut exigeant même s'il est persuadé d'avoir un sens inné du dialogue et un destin d'auteur comique. En face, un public qui n'attend que du déjà connu. « Il faut vaincre le public », écrivait déjà Gide dans une Lettre à Angèle.

Gide puise dans les sources antiques et bibliques, mise à distance du temps et de l'espace pour mieux se cacher derrière ses héros, apporte une organisation dramatique inhabituelle, conclut par des dénouements ouverts, ironiques, invitations à la réflexion une fois la représentation terminée. Ce qui laisse les critiques sceptiques, résume Jean Claude.

Je veux ici introduire une discussion qui n'eut lieu que plus tard dans la matinée mais qui a toute sa place en prolongement de ce survol de la tentation du théâtre chez Gide : les comédiens qui entre deux communications donnaient une lecture des œuvres ont fait remarquer combien plus encore que le théâtre, les récits gidiens se prêtaient étonnamment bien à la scène. Presque mieux. Leurs lectures, souvent bonnes, en témoignaient. Avis aux metteurs en scène !

Il était également très amusant de voir ces comédiens – Claire Ruppli et Yves Gourvil – échanger de petits signes de connivence au début de chacune des prestations des orateurs : ils jugeaient, en comédiens, le rythme, le ton, les accents des intervenants. On sait que Gide était un excellent lecteur, sensible au plus haut point à la forme autant qu'au fond.

Pour la suite du compte-rendu de ce colloque, c'est par ici...

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* Voir ici la liste des spectacles auxquels Gide a assisté, dressée par le même Jean Claude.

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