Où il est question d'un imparfait du subjonctif chez Gide. Et de bien d'autres choses...
« En 1934, rue du Vieux-Colombier, Paul Valéry me parlait incidemment de Gide : «Pourquoi, lui demandai-je, si vous êtes indifférent à son œuvre, mettez-vous si haut la Conversation avec un jeune Allemand ? - Qu'est-ce que c'est ?» Je le lui rappelai. «Ah, oui ! Ce doit être parce qu'il y a une réussite d'imparfait du subjonctif!...» Puis, avec la relative gravité qu'il mêlait à son argot patricien : «J'aime bien Gide, mais comment un homme peut-il accepter de prendre des jeunes gens pour juges de ce qu'il pense ?... Et puis, quoi! Je m'intéresse à la lucidité, je ne m'intéresse pas à la sincérité. D'ailleurs, on s'en fout*.» Ainsi finissaient souvent les idées qu'il jugeait, selon la formule de Wilde, bonnes pour parler. » (André Malraux, Antimémoires, Gallimard, Paris, 1967)
* Le Trésor de la Langue Française est formel : les verbes foutre et s'en foutre ne se conjuguent pas à l'imparfait du subjonctif. Au «pédantisme à la cavalière» et aux «préjugés phonétiques» relevés par Souday s'ajouterait une autre incorrection... Et pourtant, ne trouve-t-on pas dans Un jour, poème dialogué de Francis Jammes publié en 1895 au Mercure grâce à Gide : «Elle dit qu'il faudrait qu'ils foutissent le camp» ? Ou chez Louÿs : «Parmi les principaux verbes de la quatrième conjugaison, il est inutile de citer foutre, je fous, je foutais, je foutrai, que je foutisse. La conjugaison de ce verbe est intéressante, mais on vous grondera plutôt de la connaître que de l'ignorer!» (Manuel de civilité pour les petites filles à l'usage des maisons d'éducation).
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