Pour quelques jours encore on peut écouter en ligne l'émission Les nouveaux chemins de la connaissance diffusée par France Culture le mercredi 24 mars et intitulée «Tristesses du bonheur 3/5 : Gide - un bonheur terrestre ?» dans laquelle Raphaël Enthoven reçoit Pierre Masson.
Dans «philosophie», il y a «philo», comme dans «culture» il y a «cul» : Raphaël Enthoven donne dans la «philo». Cela pour vous donner une idée du style de cette émission qui commence par une tentative de Les Nourritures terrestres pour les nuls. Le genre de commentaire de texte qui, notamment dans l'enseignement des lettres, forge la haine des textes.
Une (je suppose) comédienne donne de belles lectures des Nourritures (il ne faut pas manquer l'enchaînement de la lecture de ladite comédienne avec une chanson d'Elvis Presley...). Le présentateur s'y essaie aussi, sur fond de musiquette new-age, c'est roulant. A ce sujet, je me suis demandé si ces lectures étaient ajoutées au montage ou enchaînées en direct. A peine la phrase de son interlocuteur finie, il embouche son texte comme il emboucherait une trompette. Solo !
Autre grand moment quand Pierre Masson cite Gide : «Apprendre à être heureux, c'est une gymnastique, comme celle des haltères.» «... «des haltères», il l'écrit en deux mots ou en un mot?», demande le philosophe, très fier de sa boutade, et qui précisera plus tard, parlant du «lecteur de bonne foi», qu'il l'écrit là aussi en deux mots.
M. Enthoven ne fait pas que prêter ses jeux de mots idiots à Gide, il trouve encore de belles comparaisons de ses images avec celles du film Microcosmos et affiche tout au long de l'émission un mépris dédaigneux pour Gide «qu'il na pas lu... ou presque». Il a beau en appeler à Zarathoustra, ses commentaires tombent au mieux à plat, et le plus souvent à côté.
Face à un tel foutriquet habitué à briller aux dépens de ses hôtes, Pierre Masson a réussi à maintenir le cap d'un discours cohérent. Et à ne pas se laisser enfermer dans cette dissertation oiseuse du début, élargissant les vues de l'auditeur à Candaule, à Saül, et même, «Tant pis pour vous!», aux Faux-Monnayeurs. Tant mieux pour nous !
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